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Jean-Charles Hue

Cinéaste, vidéaste, plasticien mais aussi écrivain diplômé en 2000 de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, Jean-Charles Hue développe depuis une vingtaine d’année une œuvre singulière, tant au niveau de ses obsessions que dans sa manière de se jouer du "réel". En effet, à l’exception de quelques courts-métrages, il s’est focalisé exclusivement sur deux territoires : d’un côté celui de la communauté sédentaire yéniche vivant en France et ayant comme centre de gravité Fred Dorkel, de l’autre la Zona Norte de Tijuana, quartier de la ville-frontalière mexicaine défigurée depuis des années par les meurtres, la drogue et autres kidnappings. Bien que ces deux mondes diffèrent en bien des points, Hue y a discerné une caractéristique commune, à savoir une cohabitation des différentes couches du monde, du spirituel et du concret. Ainsi, au-delà de la description des conditions de vie de ses personnages parfois à la limite du sordide, la valeur de son cinéma réside aussi dans sa volonté d’entrer dans leurs croyances mais aussi et surtout de les rendre réelles. Et pour retranscrire ce mélange de crudité et de magie, Hue va constamment semer le trouble entre documentaire et fiction, le figuratif et l’abstraction, Cet hommage sera non seulement l’occasion de voir sur grand écran son dernier long-métrage "The Soiled Doves of Tijunana" mais aussi d’autres films restés inédits en Belgique. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, nous aurons le privilège de recevoir le réalisateur le 30 novembre et 1er décembre et d’accueillir une expo de ses photos !



FR

"Mon père m’a dit un jour lointain que seuls les montagnes et les enfants méritaient d’être photographiés. Il fit tout de même quelques exceptions pour ma mère qui parvint parfois avec succès à éclipser un coucher de soleil sur le Mont-Blanc. Ces quelques photos présentées sont donc des images au statut incertain, entre volonté de faire image (sans y parvenir tout à fait) et repérages pour un projet en cours ou simples notes… Certaines ont au moins le mérite à mes yeux de me rappeler quelques êtres chers où lieux tant aimés qui ont jalonné ma vie à Tijuana. Bon nombre ne sont déjà plus de ce monde. Finalement j’ai fait comme mon père ou plutôt je n’ai pas fait mieux… j’ai photographié (et surtout filmé) tout ce qui m’était cher."

Jean-Charles Hue

Vernissage le 21 novembre à 19h. Gratuit

21.11 > 19:00
Gratis


Jean-Charles Hue, 2022, FR, DCP, vo es st fr & ang, 82

Yolanda, Clementina et Mimosa, prostituées et toxicos, errent dans les entrailles de Tijuana. Un enfer à ciel ouvert : c’est bien avec ces mots qu’on pourrait décrire le quotidien de ces âmes égarées. Et pourtant, il est peu probable que le spectateur ressorte de la salle avec cette seule impression, la raison tenant principalement dans le geste cinématographique de Jean-Charles Hue. En effet, son ambition ne réside pas uniquement dans la simple retranscription de la réalité de ces femmes mais aussi dans la récupération de leurs confessions et de leur traduction plastique. Par l’entremise du montage, de la surexposition ou encore de la mise au point, le cinéaste n’hésite pas à virer dans l’abstraction pour donner à voir les tourments ou la quête de lumière de ces madones clochardisées. En collant au plus près de leur corps, il dépasse l’image de la seule détresse pour creuser leur humanité et leur redonner un droit à la beauté. Comme Clementina, Hue prend au pied de la lettre la pensée de Deleuze selon laquelle "il faut délirer le réel" pour trouver la force de continuer à vivre. Un film comme il en sort rarement, à mi-chemin du gothique et du roman, du cadavérique et de la débauche de couleurs.

21.11 > 20:00 + 30.11 > 18:00   + 08.12 > 17:00 + 14.12 > 21:00 + 20.12 > 19:00
7€ / 4€ / 10€


Compilation

Yéniches

Après avoir côtoyé sept ans la famille Dorkel, Hue décide de se saisir de sa caméra. À travers ses deux premières réalisations, il capte avec poésie une certaine marginalité, une manière différente d’être au monde. "Y a plus d’os" finit quant à lui par un tir de Fred Dorkel sur la caméra, provoquant un éclat de lumière qui envahit l’écran. Ou comment une épiphanie peut se produire au détour d’une soirée paisible qui bascule dans la violence la plus soudaine. Tout le cinéma de Hue en 5 minutes ? "L’œil de Fred" se distingue par son dispositif, un plan-séquence en plongée zénithale sur une table où le patriarche Dorkel nous conte la nuit où ils ont été pourchassés sur la route à coups de fusil. Enfin, dans le dernier court, un ange vient visiter Fred sous la forme d’un chien.

+ Quoi de neuf docteur ?

Jean-Charles Hue, 2003, FR, video, vo fr st ang, 8

+ Perdonami Mama

Jean-Charles Hue, 2004, FR, video, vo fr , 8

+ Y a plus d’os

Jean-Charles Hue, 2007, FR, video, vo fr , 4

+ L’oeil de Fred

Jean-Charles Hue, 2008, FR, video, vo fr , 17

+ Un ange

Jean-Charles Hue, 2005, FR, DCP, vo fr , 39

01.12 > 16:00   + 14.12 > 19:00
7€ / 4€ / 10€


Jean-Charles Hue, 2010, FR, DCP, vo fr st ang, 84

Fred, un colosse respecté par les siens, vit de la chourave et des vols de bagnole. En cela, il ne fait que perpétrer un mode de vie où les diverses combines plus ou moins illicites permettant de subsister. Une rencontre mystique va néanmoins tout changer et du jour au lendemain, Fred décide de se ranger des voitures. Pour conter cette histoire, Hue rue dans les brancards en nous offrant un western fordien au cœur des caravanes et des champs de la Picardie, le tout sur fond de quête de rédemption se heurtant à la loi sociale. Porté par des gueules communiquant dans un langage unique, son film, d’une grande force épique, élève l’imaginaire yéniche au rang de mythe. En somme, une véritable bouffée d’air frais dans un cinéma français engoncé dans son réductionnisme sociologique et esthétique.

01.12 > 18:00   + 06.12 > 19:00
7€ / 4€ / 10€


Mange tes morts

Tu ne diras point

Jean-Charles Hue, 2014, FR, DCP, vo fr st ang, 94

Jason, un gamin de 18 ans né de l’union entre un père yéniche et une mère gadjo, attend le retour de son frère Fred qui a pris 15 ans de prison. À peine vient-il de rentrer dans sa famille que Fred propose à Jason et Mickaël, le dernier frère, de se mettre à la recherche d’une cargaison de cuivres. Plus sombre que son prédécesseur, "Mange tes morts" s’en démarque aussi par le fait que Fred ressurgit, par la grâce du montage, comme un ange. Réalisme et miracle se télescopent et l’opposition entre mauvaise et bonne vie n’a plus lieu d’être. Plutôt absent de "la BM", le cinéaste injecte également dans une virée à plus de 300 km/h menacée par le mauvais œil un comique de situation où la merde et les anecdotes sexuelles occupent une place de choix. Constamment entre le poétique et le grossier, le profane et le sacré, une image puissante résume assez bien le projet de l’alchimiste Hue : le reflet d’une cathédrale dans une flaque d’eau.

22.11 > 19:00 + 01.12 > 21:00   + 22.12 > 17:30
7€ / 4€ / 10€


Compilation

Mexico Trips

Bien qu’ils ne se déroulent pas à Tijuana, les deux premiers courts-métrages n’en sont pas moins matriciels de l’œuvre tijuanaise à venir, "Emilio" pouvant être avant tout perçu comme une transmission d’une croyance, tandis que "Pitbull Carnaval", premier essai réalisé au Mexique, révèle à la fois ce mélange de tendresse et de cruauté cher au cinéaste ainsi qu’une "normalité de l’animalité" qui le fera tomber amoureux de ce pays. "Tijuana jarretelle", lui, fait se rencontrer abstraction érotique et conte sur l’antéchrist alors que "Topo y Wera" nous plonge dans la sublime mais tragique histoire d’amour entre deux déportés mexicain tentant de survivre grâce au vol à la tire et aux machines à sous.

+ Emilio

Jean-Charles Hue, 2000, FR, video, vo es st fr, 6

+ Pitbull Carnaval

Jean-Charles Hue, 2006, FR, video, vo es st fr, 34

+ Tijuana jarretelle, le diable

Jean-Charles Hue, 2011, FR, video, vo es st fr, 10

+ Topo y Wera

Jean-Charles Hue, 2018, FR, video, vo es st fr & ang, 48

30.11 > 21:00   + 21.12 > 19:00
7€ / 4€ / 10€


Jean-Charles Hue, 2009, FR, DCP, vo ang & es st fr & ang, 98

Premier long-métrage de Jean-Charles Hue au Mexique et plus précisément à Tijuana, "Carne Viva" s’apparente avant tout à une tentative de brosser des vies, connectées entre elles par un étrange couteau qu’il glisse à chacun de ces personnages. Dans le quartier, on raconte que ce couteau, dont le manche a été sculpté dans l’os d’un chien, servait à sacrifier des chiens lors de messes noires. Le guérisseur affirme qu’il ignore si cet outil "magique" a des vertus bénéfiques ou maléfiques. Et c’est justement ce flou qui est entretenu tout au long du récit, cet objet tranchant étant tout à la fois capable d’exorciser les pensées étranges d’Yvòn, sauver Angel d’une agression sexuelle que de servir les desseins politiques du maire de la ville. Néanmoins, bien que la mort rôde en permanence, Hue parsème son film de moments d’absolu montrant avant tout des personnes désirant plus que tout vivre, à l’image de ce personnage inoubliable et incandescent de Dave.

22.11 > 21:00 + 28.11 > 19:00 + 21.12 > 21:00
7€ / 4€ / 10€


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