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Adachi Masao et la révolution sans fin

Auteur, critique, théoricien, scénariste, acteur et réalisateur en compagnie de Wakamatsu Kôji ou encore Ôshima Nagisa pour n’en citer que deux, Adachi Masao est un artiste libre dont l’œuvre s’étend autant dans la recherche créative que dans l’action politique, ce qui l’amènera à vivre dans la clandestinité pendant des décennies dans le maquis libanais auprès du Front de libération de la Palestine (FPLP) et à passer, ensuite, par la case prison. 
Depuis plus de quinze ans, Adachi s’est remis à la réalisation avec peu de moyens. C’est au troisième temps de sa vie de réalisateur que nous nous intéressons tout particulièrement dans ce bref cycle en compagnie du Ciné-club de l’INSAS. Son parcours hors du commun fait de lui un réalisateur dont les films sont attendus, avec curiosité… Une attente teintée d’inquiétude quant à sa capacité à reprendre le chemin de la réalisation avec brio. Fragiles et souvent confectionnés avec peu de moyens, ses films suintent le désir impérieux de réaliser et de briser sans le moindre tact le glacis de la société nippone en s’intéressant à l’assassin d’Abe Shinzo, ancien Premier ministre Japonais dans "Revolution+1", et en créant un personnage fantasque particulièrement incisif dans "Artist of Fasting". 

Ce cycle sera également l’occasion de découvrir à l’INSAS (site Thérésienne) "Prisoner/Terrorist" mardi 26 à 18h, dans lequel Adachi Masao revient sur son engagement en Palestine, ainsi que, jeudi 28 à la même heure, le documentaire expérimental "Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution", portrait du cinéaste réalisé par Philippe Grandrieux.



Masao Adachi, 2016, JP, DCP, vo ja st ang, 104

"Artist of Fasting", c’est l’histoire d’un homme qui décide de ne plus se nourrir ; difficile pour autant de parler d’une grève de la faim, tant son acte ne relève pas d’une protestation particulière. Il est plutôt à considérer comme « un artiste de la faim », titre de la nouvelle de Kafka dont Adachi tire avec ce film une adaptation satirique. Assis mutique dans une galerie marchante assez passante, cet homme décontenance tout ceux qui croise son chemin, et les médias s’empressent de faire de lui un phénomène médiatique. Monde du show-biz, institutions médicales, politiciens, yakuzas ou encore moines bouddhistes, tout le monde finit par se pencher sur son cas, que ce soit en soutien ou en critique, en incompréhension ou en admiration. L’énigme que représente cet homme est prétexte pour Adachi de parler de la société japonaise sous toutes ses coutures, à travers un film qui, bien que formellement moins radical que son précédent, fait preuve d’une originalité surprenante.

28.11 > 21:00


Masao Adachi, 2022, JP, vo st fr, 80

Le 8 juillet 2022, l’ancien Premier ministre Japonais Abe Shinzo est abattu en pleine rue par un certain Yamagami Tetsuya. L’opinion publique est sous le choc. Dans l’urgence de porter un contre-discours, Adachi Masao met en chantier un film centré sur la vie du meurtrier. Tournage en deux semaines sans autorisation, budget d’environ 55 000 €, bande-son composée en deux heures... Un premier montage sera projeté le 26 septembre 2022, jour des funérailles nationales de Abe Shinzo. À mi-chemin entre fiction et documentaire, "Revolution+1" livre une version fantasmée du récit de Yamagami Tetsuya, marqué par des conditions de vie difficiles et une famille dysfonctionnelle. C’est également l’occasion pour le réalisateur de rebondir sur sa théorie des paysages utilisée dans "A.K.A. Serial Killer" et de poursuivre l’esthétique militante amorcée par "Prisoner/Terrorist". Et si ce geste n’était pas une vengeance isolée, mais un pas de plus vers une révolution mondiale ?

29.11 > 19:00


Masao Adachi, 1975, JP, HD, vo st fr, 86

Partant d’un fait divers – Nagayama Norio, 19 ans, commet quatre meurtres sans explication apparente – Adachi et ses confrères réalisateurs et théoriciens du cinéma construisent un film-essai documentaire basé sur leur "théorie du paysage" : "Tous les paysages que nous voyons au quotidien, et surtout les beaux paysages reproduits sur cartes postales, sont fondamentalement liés à une figure du pouvoir dominant (...), c’est le Japon qui rend fou et criminel."
Ce film consiste en une série de paysages que le jeune homme aurait pu voir pendant sa vie et qui l’auraient insidieusement influencé jusqu’à provoquer ses crimes. Adachi guide par instant le public en distillant quelques rares informations sur la vie de Nagayama et quelques clés pour appréhender ce road movie théorique, sans personnage. Passé il y a dix ans sur ce même écran (avril 2014), nous vous le reproposons en regard de son dernier film "Revolution +1" dans lequel il se réapproprie certaines pistes de travail élaborées à l’époque.

29.11 > 21:00


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