Michel Vay part en cavale après avoir emporté le butin qu’il convoyait pour la société Apollo Security. Cueilli par une muse qui lui ouvre la portière de sa Mazda 818 coupé vert absinthe, à la lisière d’un champ de monoculture, à bout de souffle, trainant un sac plein de billets, le fugitif est bien forcé de changer de perspective quand des drones de la police lui demandent d’ouvrir son sac et que des champignons ont remplacé les billets de 500 euros. À partir de là, Michel Vay devient spectateur de sa propre vie, frappé par son destin comme si son acte de désobéissance ouvrait la voie à un autre monde plus authentique et plus sensible. Ici, ce n’est pas dans un parking crasseux que va se planquer le délinquant mais dans une forêt entre les mousses et les étangs, les routes abandonnées et les vaisseaux fantômes que nous offrent la campagne wallone. Le monde enchanté de Michel Vay s’ouvre à nous, un monde où la muse, le cowboy solitaire, le pêcheur et l’hôtesse de l’air chantent leur banalité. Road-movie pur vintage, polar electropop, western ou poème surréaliste, cette fiction pourrait se situer dans le courant réaliste magique, à la façon d’André Delvaux, où d’Harry Kümel dans "Les Lèvres rouges". Un film belge musical et débridé, qui au-delà des apparences nous parle subtilement de notre rapport au monde quand la mort nous guette.
→ Projection suivie d’une rencontre avec les cinéastes le 04.04, et le 25.04 où ce seront les membres de Kinoféroce qui, à l’invitation du Nova, animeront la discussion et composeront un avant-programme* en écho à "Michel Vay" / * En l’occurrence, "DRAME 71" de Guillaume Lion (BE, 2022, VO FR ST ANG, 25’ ), aussi en sa présence.