prog: 2687
squelettes/rubrique-3.html

Kleber Mendonça Filho

Cela fait un moment que l’équipe du Nova est séduite par l’univers de Kleber Mendonça Filho, avec cette manière de labourer patiemment de mêmes questions et de mêmes territoires, de filmer à hauteur des gens, de décrire des lieux précis, des communautés… Et d’interroger la ville, d’intégrer tous ces éléments dans une vision cohérente du monde où l’individu et le collectif ne semblent pas pouvoir grand chose contre le rouleau compresseur capitaliste. Pourtant, point de fatalisme, ni d’absence de poésie, car de tout cela peut naître du cinéma. C’est précisément ce que fait le réalisateur brésilien avec Recife, sa ville natale. Ses films tournés en Scope, avec d’amples mouvements de caméra, une approche dramatique du son, une troupe d’acteurs finement dirigés, permettent de constituer une maille pertinente et des œuvres organiques fascinantes. On sent, chez Mendonça Filho, l’expression d’un réel amour de tous les cinémas. On découvre un univers souvent à la frontière d’une sorte de néo-réalisme et de cinéma de genre. Et c’est sans doute là l’une de ses forces principales. La sortie de son nouveau film, un essai documentaire sur Recife et ses cinémas, est le moment parfait pour proposer l’ensemble de ses longs métrages au Nova, car tous résonnent avec les thématiques de ce programme.



Retratos Fantasmas

Portraits fantômes / Pictures of Ghosts

Kleber Mendonça Filho, 2023, FR-BR, DCP, vo pt st fr & ang, 93

Là où les fictions de Kleber Mendonça Filho jouent le mystère, son nouveau film livre nombre de clés, non sans se départir de son rythme hypnotique si particulier, charnel même par l’emploi en continu d’une narration en off mélodieuse. On y redécouvre l’appartement maternel, si présent dans ses films, et on se laisse entrainer à revisiter son cinéma jusqu’à se sentir à la fois visiteur et familier de Recife. Cette exploration s’approfondit et se brouille à la découverte des salles de cinéma qu’il hantait comme spectateur, et qu’il filme eux aussi depuis des années. Ils se révèlent en tant que lieux physiques, avec leurs histoires, leurs personnages, mais aussi comme lieux de passage entre des mondes suggérés, projetés, rêvés, accédant au statut spirituel. Comme dans l’Amérique entière, ces salles obscures sont abandonnées ou transformées le plus souvent en temple de consommation de camelote mondialisée ou en églises évangéliques. Les rapprochements et les questions naissent, alors que se révèlent la mélancolie et la vision du monde de l’auteur.

- "Retratos Fantasmas" sera projeté en avant-première au festival En ville ! le 29 janvier à 19h au cinéma Palace. Le film sera ensuite à l’affiche du Palace en avril.

09.02 > 20:00
7€ / 4€ / 10€


O Som ao Redor

Neighboring Sounds / Les Bruits de Récife

Kleber Mendonça Filho, 2012, BR, DCP, vo, 131

À Récife, la 99ème plus grande ville du monde, sur la Côte Ouest du Brésil, les habitants du vieux quartier bourgeois de Setúbal vivent sereinement malgré quelques désagréments de voisinage. Mais les relations humaines se tendent lorsqu’un certain Francesco fait appel à une société de sécurité privée qui a l’ambition de s’implanter dans le quartier. Dans un cinémascope magnifique, Kleber Mendoça Filho filme l’intimité de son quartier. Récife est la ville de naissance de Mendoça Filho et c’est aussi le décors de ses trois premiers courts métrages. Ici l’appartement de Bia n’est autre que l’appartement familial du réalisateur. Portant un regard incisif sur des détails qui racontent les mutations de la société brésilienne, il s’attaque à cette classe moyenne dont les "pieds ne touchent jamais le sol". Un film d’une grande maitrise qui s’inscrit dans un contexte social mouvementé puisqu’il sort la veille des manifestations de mars 2013 survenues alors que le prix des transports en communs augmente et que tout le pays se prépare à accueillir la coupe du monde de football et les J.O.

25.01 > 19:00 + 24.02 > 21:00
7€ / 4€ / 10€


Kleber Mendonça Filho, 2016, BR, DCP, vo st fr, 146

La soixantaine, Clara habite dans l’Aquarius, un immeuble des années 1940 situé en bord de mer, à Recife. Sa vie est ici, dans son appartement qui recèle d’objets et de souvenirs, dans ce bâtiment dont le second long métrage de Mendonça Filho fait l’un des personnages principaux. Après avoir gagné sa bataille contre un cancer du sein, Clara entame un nouveau combat solitaire, cette fois contre un agent immobilier qui est en train de racheter tous les appartements de l’Aquarius et de les vider de leurs habitants. Les tentacules du promoteur ont beau se refermer autour de Clara, elle n’en démord pas : elle ne partira pas. Sa vie est ici. Pas question de céder à l’argent ni aux intimidations. Pas question, à son échelle, de laisser aller la machine capitaliste sans lui opposer de résistance. Fluide et maîtrisé dans ses cadrages comme ses plans-séquence, envoûtant et mélancolique, flirtant avec l’ethnologie, "Aquarius" est à la fois un portrait d’une femme intransigeante et une métaphore d’une société de classes qui ne se construit qu’au profit des plus riches.

21.01 > 18:00 + 15.02 > 21:00
7€ / 4€ / 10€


Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles, 2019, BR, DCP, vo st fr & nl, 132

Kleber Mendonça Filho est rejoint cette fois par son chef opérateur habituel, Juliano Dornelles, pour réaliser cet incroyable thriller qui oscille entre les univers de Glauber Rocha et de John Carpenter ! On est, en effet, plongé dans un futur très proche, un village appauvri du Sertao où des tensions montent en lien avec l’accès commun à l’eau à cause d’un barrage privé. Les anciennes cicatrices de la communauté sont fragilisées alors qu’un évènement étrange se produit : le village semble avoir disparu des cartes et des coordonnées GPS ! Cette fois sorti de son quartier, Kleber Mendonça Filho pousse encore plus loin ce sentiment rare au cinéma, de ne plus du tout savoir où l’on est. Le spectateur mettant autant de temps que les personnages à se mettre en condition pour affronter l’avenir. Très impressionant, "Bacurau" fait partie de ces films récents ambitieux et populaires (comme le “Parasite” de Bong Joon-Ho), acclamés, qui parviennent à traiter les enjeux locaux tout en pointant un système global dysfonctionnel. Et de nous tenir en haleine avec une vraie proposition de cinéma qui se regarde sur grand écran.

12.01 > 19:00 + 03.02 > 21:00
7€ / 4€ / 10€


squelettes/rubrique-3.html
lang: fr
id_rubrique: 2693
prog: 2687
pos: aval