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Des Rêves Et Resistances - Autour du cinéma iranien

Un pélican dans un bassin d’eau en plein désert, entendre soudain une musique douce dans ses oreilles alors qu’on était sourd, voir sa ville natale qui brûle petit à petit, parler à son bourreau dans l’espoir de le faire changer d’avis… Rêves, mais aussi cauchemars et mirages peuplent le cinéma iranien. Un cinéma poétique et politique. Depuis un an, en Iran, on assiste à un véritable rugissement de voix étouffées, notamment celles des femmes. En collaboration avec le collectif "Comment peut-on être persan ?", le Nova propose deux soirées de courts et longs métrages iraniens en résonance avec les évènements récents. Des films d’hier et d’aujourd’hui pour donner à voir les rêves, les espoirs mais aussi les frustrations d’une population sous pression et constater que la dissidence était déjà présente depuis fort longtemps. Un éventail de films qui au travers de regards personnels, et loin des clichés exotiques, montrent et questionnent une réalité complexe. Pour rendre hommage, aussi, par la présence de nombreuses propositions de réalisatrices, au combat au long cours des femmes iraniennes, entre rage et larmes, attentes et détermination.

+ Comment peut-on être persan ?

"Comment peut-on être persan ?" est un collectif belgo-iranien actif depuis 2018 sur Bruxelles. Son objectif est de montrer une autre image de l’Iran et, surtout, un nouveau regard sur l’art et la création actuelle de ce pays. Dans ce but, il organise régulièrement expositions, ateliers, projections de films, concerts, marchés artisanaux ou rencontres. Il s’adresse autant au public européen soucieux de dépasser l’exotisme et les représentations éculées qu’à la diaspora iranienne désireuse de se connecter avec l’Iran d’aujourd’hui.

28.10 > 17:30 + 29.10 > 14:30


Compilation

Fragments persans

Entre passé et présent, cette séance de courts métrages nous fera progressivement entrer en matière, en nous faisant découvrir différentes sensibilités de cinéastes. Le programme débutera par une touche de réalisme magique "à l’orientale" avec “P comme Pélican”, où l’on suit un oiseau qui nous mène jusqu’à une oasis dans un désert d’Iran. Un conte poétique qui nous caresse en douceur, entre espoirs et mirages. Réalisé il y a 50 ans par le réalisateur iranien culte Parviz Kimiavi. “Tight Skin of the Ambience” est signé par un des rares réalisateurs de films expérimentaux iraniens, Mohammad Shirvani. Tourné avec son téléphone, ce film nous emmène dans un parc d’attractions de Téhéran au gré des joyeuses découvertes d’un groupe de sourds et muets qui s’y promènent. ”Gladiolus” de Azadeh Navai s’attarde sur les glaïeuls, une fleur qui joue un rôle très particulier dans les mariages et les funérailles en Iran. Réalisé à partir de séquences found footage, “Subtotals” révèle comment les chiffres sont devenus l’obsession du réalisateur Mohammadreza Farzad. Tourné en Super 8, ”Koocheh Zoghali” de Niyaz Saghari, montre la vie quotidienne dans un quartier populaire de Téhéran. Enfin, dans ”Phobos” la réalisatrice en exile Mina Keshavarz nous conte sa ville natale aux travers des commentaires de sa famille et de ses amis.

+ P comme Pelican

Parviz Kimiavi, 1972, IR, 35mm > video, vo fa st fr & ang, 27

+ Tight Skin of the Ambience

Mohammad Shirvani, 2014, IR, video, sans dial, 15

+ Gladiolus

Azadeh Navai, 2021, IR, video, vo fa st fr & ang, 5

+ Subtotals [Majmouan]

Mohammadreza Farzad, 2022, IR, video, vo fa st fr & ang, 16

+ Koocheh Zoghali

Niyaz Saghari, 2020, GB-IR, 16mm > video, st fr & ang, 5

+ Phobos

Mina Keshavarz, 2023, DE-FR-IR, video, vo fa st fr & ang, 14

28.10 > 18:00
7€ / 4€ / 10€ Combi soirée / avond : 10€ / 6€


Mehran Tamadon, 2023, FR-CH, DCP, vo fr & fa st fr, 112

Réalisateur qui s’était fait remarquer il y a quelques années avec les films "Bassidji" (2009) et "Iranien" (2014), Mehran Tamadon est plus que jamais dans l’actualité avec deux nouveaux films documentaires conçus en forme de diptyque. Les deux abordent le sujet des prisonniers politiques en Iran, en adoptant des dispositifs et des angles de vue différents. Dans "Where God is Not" Tamadon demande à trois ex-prisonniers et prisonnières de raconter et reconstituer, via une mise en scène qui se veut rudimentaire, l’expérience de détention vécue dans une prison iranienne. Lors de plusieurs interviews, le réalisateur a assuré avoir usé du plus grand tact pour tourner certaines séquences. L’expérience reste néanmoins contraignante et rude à voir, alors que justement on ne "voit" rien, surtout on écoute. L’objectif de Tamadon est clairement que les spectateurs et spectatrices saisissent l’ampleur de l’horreur qui se vit en Iran. Comme dans ses autres films, Tamadon s’appuie sur un dispositif particulier et personnel où la caméra sert à provoquer le réel.

28.10 > 20:30  
7€ / 4€ / 10€ Combi soirée / avond : 10€ / 6€


Marva Nabili, 1977, IR, 35mm > video, vo fa st ang, 90

"The Sealed Soil" est l’un des rares longs métrages réalisés par une femme, Marva Nabili, produit et tourné en Iran deux ans avant la révolution iranienne de 1979. Le film dépeint le parcours d’une jeune femme de 18 ans qui ne veut pas suivre le même destin que sa mère et sa grand-mère. Prise en étau entre les valeurs traditionnelles de son petit village et les faux espoirs d’une vie meilleure, la jeune femme cherche à vivre une voie différente mais finit par s’isoler de plus en plus. Sa famille, qui juge ses comportements confus et inacceptables, pense qu’elle est possédée par des esprits maléfiques et demande alors l’aide d’un exorciste. En toile de fond le film nous montre une société qui est en pleine transformation. Un changement radical semble s’annoncer, et une révolution, autre que celle de 1979, se dessine : celle des femmes qui s’émancipent. Premier film tourné par une iranienne, le film fut immédiatement censuré et n’a d’ailleurs toujours pas été montré en Iran. Contrairement à de nombreux films de l’époque, "The Sealed Soil" ne présente pas le personnage féminin comme un objet sexuel mais comme un être traversé par des doutes et des questionnements. Chose qui évidemment ne pouvait plaire au régime en place.

29.10 > 15:00
7€ / 4€ / 10€ Combi journée / dag : 16€ / 10€


Nahid Rezaei, 2003, IR, video, vo st fr, 43

"Dream of Silk" est un documentaire de Nahid Rezai , une réalisatrice de Téhéran. En 2003 elle revient dans son école secondaire, vingt ans après l’avoir quittée, pour filmer des jeunes licéennes de 17 ans et les interviewer sur leurs rêves et espoirs . Déjà, on y perçoit le besoin criant de liberté qui traverse la société iranienne aujourd’hui. Frappant quand on sait qu’actuellement ce sont aussi des filles de 17 ans qui se font tirer dessus ou qui sont empoisonnées dans leurs écoles.

+ Année zéro

Film collectif, 1979, FR, 16mm > video, vo st fr, 12

La lutte des femmes iraniennes pour la liberté de choix n’a pas commencé l’année dernière. Une lutte quotidienne a débuté dès les premières lois qui contrôlent leur apparence en 1979 comme le montre "L’année zéro", un court métrage réalisé par un groupe de féministes françaises et iraniennes en 1979, c’est-à-dire l’année de la révolution qui se voit brutalement confisquée. Dès le début, elles participent à des manifestations pour, déjà, dire "Non" à ce que le régime leur obligeait de faire : porter un voile.

29.10 > 17:00
4€ Combi journée / dag : 16€ / 10€


Merhan Tamadon, 2023, FR-CH, DCP, vo fa st fr, 82

Dans ce deuxième volet du dyptique consacré aux affres du régime tortionnaire iranien, Mehran Tamadon, qui vit en France, se met lui-même en scène pour vivre la reconstitution d’un interrogatoire tel qu’il pourrait être mené en Iran par des agents de la République islamique. Il rencontre pour cela plusieurs ex-détenus politique iraniens à qui il demande s’ils veulent bien jouer le rôle du bourreau. Son idée, des plus radicales et extravagantes (disons-le !), serait de montrer le film aux tortionnaires du régime pour qu’ils prennent conscience de leurs actes. C’est finalement Zar Amir Ebrahimi (l’actrice entre autres de "Holy Spider"), qui a aussi subi, dans le passé, des interrogatoires douloureux, qui accepte de revêtir le rôle de l’agente inquisitrice. De par son talent d’actrice, elle réussit à brouiller la ligne ténue entre documentaire et fiction, questionnant pour de ’vrai’ le rôle et le statut de Mehran Tamadon dans le film. Le réel rattrape ainsi la fiction, nous poussant à nous demander si l’intention première du film était viable, et s’il est réellement possible d’instaurer un dialogue avec des tortionnaires.

29.10 > 20:30  
7€ / 4€ / 10€ Combi journée / dag : 16€ / 10€


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