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Jean-Denis Bonan

Né à Tunis en 1942, cinéaste prolifique, poète et plasticien, ne cherchez pas le nom de Jean-Denis Bonan dans les Histoires du cinéma, il ne s’y trouve pas, si ce n’est au titre de fondateur en 1973 du groupe Cinélutte, important collectif de cinéastes militants et authentique chaînon manquant entre le cinéma direct des années 60 et l’avènement d’un cinéma documentaire d’auteurs au début des années 80. Auparavant, il avait déjà cofondé l’ARC (Atelier de Recherche Cinématographique) à qui l’on doit la plus grande partie des images tournées au cœur des événements de mai 68 à Paris. De l’amont comme de l’aval du cinéma "engagé" de Bonan, nous ne connaissions rien, jusqu’à ce que Luna Park Films (Francis Lecomte), éditeur et distributeur de films indépendants, n’exhume et ne restaure ses œuvres d’avant le joli Mai, littéralement sorties des limbes où les avaient enfouies l’Histoire officielle. Adepte du croisement des genres cinématographiques et de l’art du collage, il y réalisa dans une liberté époustouflante, au mépris des règles académiques, plusieurs fictions étranges vouées à une obscurité quasi absolue depuis plus de 50 ans. Mêlant distanciation ironique et audaces surréalistes (il y a du Louis Feuillade en lui), ses films subirent une censure immédiate ou essuyèrent le refus des distributeurs de l’époque, en dépit du soutien d’Anatole Dauman, l’un des producteurs de la Nouvelle Vague dont Jean-Denis Bonan fut peut-être le frangin le plus fidèle. Dans les années 80 et 90, il poursuivit son parcours à la télévision, avec la même inventivité. Désormais retraité, mais nullement rangé des barricades, à près de 81 ans, il continue de bricoler des films comme on jardine, ensemençant un cinéma du possible, même sans un sou vaillant. (Patrick Leboutte).

→ Chaque séance sera suivie d’une rencontre avec Jean-Denis Bonan animée par Patrick Leboutte (historien du cinéma et critique de film intinérant), et accompagnée d’une lecture de quelques-uns des poèmes du cinéaste par Domi Bergougnoux, poétesse elle aussi.

→ Vous avez envie de participer à toutes les projections du week-end ? Notre abonnement vous permet de le faire à prix réduit : 5 séances pour 25€ en tarif plein, 15€ en tarif réduit.



Courts métrages

Courts métrages

+ L’École des fous

Jean-Denis Bonan, 1967, FR, DCP, vo fr , 32

Écrit et réalisé avec les patients et le personnel de la clinique de la Borde, cette parabole sur le refus des corps encombrants et le rejet de l’étranger affirme une position politique radicale sur la folie.

+ Mathieu fou

Jean-Denis Bonan, 1967, FR, DCP, vo fr , 17

Tourné en 5 jours dans un coin perdu de la Sologne, "Mathieu fou" raconte l’histoire d’une jeune femme tôt violée qui accepte de se marier sans passion avec un riche fermier voisin avant de s’éprendre de l’employé de ce dernier. L’affaire se dénouera dans le sang comme on peut s’en douter. Un petit air de Maupassant, une sauvagerie d’inspiration surréaliste, un poème en images dédié à l’amour fou, de l’écriture automatique où le moindre geste instruit le suivant. Immédiatement censuré, ce film emblématique des années 68, ne circula que sous le manteau.

+ Tristesse des anthropophages

Jean-Denis Bonan, 1966, FR, DCP, vo fr , 23

Dans un monde où tout est interdit sauf ce qui est obligatoire, un homme, qui travaille dans un étrange fast-food, se souvient de sa vie. Cette farce irrévérencieuse, son premier court métrage professionnel, fut totalement interdite par la censure pendant près de cinquante ans.

+ Un crime d’amour

Jean-Denis Bonan, 1965, FR, DCP, vo fr , 6

Six minutes de rushes d’un film inachevé.

→ Domi Bergougnoux lira des poèmes de Jean-Denis Bonan extraits de "Meutes".

→ Projection suivie d’une rencontre avec Jean-Denis Bonan animée par Patrick Leboutte.

20.05 > 18:00  
6€ / 4€


Jean-Denis Bonan, 1968, FR, DCP, vo fr , 69

Après l’exécution d’une tueuse en série de prostituées, des meurtres similaires se produisent à nouveau. La police traque une mystérieuse jeune femme... Une longue course-poursuite s’engage dans une capitale noirâtre où semble encore planer l’ombre de Fantômas. Jusqu’à ce que l’inspectrice en charge de l’enquête ne découvre que la tueuse est en réalité un homme travesti, harcelé par ses fantômes. Tourné à Paris pendant les événements de mai 68, ce film noir et érotique, naviguant entre effluves "nouvelle vague" et influences expressionnistes, ne connaîtra de sortie que tardive, début 2015. Un film comme un giallo tourné en mode cinéma-vérité, qui aurait toute sa place sur les étagères du cinéma de la transgression.

+ La Vie brève de Monsieur Meucieu

Jean-Denis Bonan, 1962, FR, HD, vo fr , 12

Monsieur Meucieu tente de fuir une société absurde, en vain. Le premier film de Jean-Denis Bonan, pas de quoi vraiment le faire entrer dans la carrière...

→ Domi Bergougnoux lira des poèmes inédits de Jean-Denis Bonan dédiés à Éros.

→ Projection suivie d’une rencontre avec Jean-Denis Bonan animée par Patrick Leboutte.

20.05 > 21:00  
6€ / 4€


Pour Jean-Denis Bonan, il n’y a jamais eu d’un côté "la politique" et de l’autre "le cinéma", mais un seul geste fusionnant l’un et l’autre. Cette interaction féconde entre propositions esthétiques et projets de grand soir, formes de lutte et lutte des formes, est sans doute ce qui définit le mieux son cinéma. Revoir "Un simple exemple" (1975), variante documentaire du "Crime de Monsieur Lange" (Jean Renoir, 1936), permet d’en mesurer l’importance. Gagnant aussi leur grève parce qu’elle fut filmée, inventant ses modalités en fonction des scènes à tourner, les employés de l’imprimerie Darboy, à Montreuil, emporteront à la fois gain de cause et une œuvre magnifique, victorieux sur tous les tableaux. La projection est précédée d’un remontage récent du "Bel émoi de mai" : Paris, mai 68, sur les barricades ou sur les murs, une insurrection propriété de toutes et tous, un pur moment de poésie.

+ Le Bel émoi de mai

Jean-Denis Bonan, 1968, FR, DCP, vo fr , 35

+ Un simple exemple

Collectif Cinélutte, 1975, FR, DCP, vo fr , 40

→ Domi Bergougnoux lira des poèmes de combat inédits ou édités de Jean-Denis Bonan.

→ Projection suivie d’une rencontre avec Jean-Denis Bonan animée par Patrick Leboutte.

21.05 > 15:00  
6€ / 4€


+ Carthage Edouard Glissant

Jean-Denis Bonan, 2006, FR, DCP, vo fr , 54

"Lève-toi. Garde-toi. Ville, déjà tu flambes. Vois. Les chiens, les hommes, les beautés, ton cœur si tôt péri". Écrivain martiniquais, poète, penseur de la créolisation du monde comme seul avenir possible, Edouard Glissant dialogue ici avec son ami Jean-Denis Bonan, dans les ruines-mêmes de Carthage, affirmant tous deux la puissance subversive de l’autre côté de la Méditerranée et plus encore de la langue, dans tous ses méandres. Le plus beau film de Bonan dans sa période télévisuelle, une utopie déchue en laquelle comme tant d’autres il a cru.

+ De la résistance des digues

Yvan Petit, 2021, FR, DCP, vo fr , 45

J’ai proposé à Jean-Denis de parrainer un film, il m’a répondu "De la résistance des digues". Dialogue ce soir. À l’origine, on trouve une commande sur les risques de montée des eaux de la Loire et les mesures prises dans l’Histoire locale pour se rassurer. À l’arrivée, on regarde une œuvre intime, articulant état du monde et anxiété climatique avec nos propres dépressions. Car ici, les digues réelles ne sont qu’illusoires métaphores des propres murailles mentales que nous nous inventons pour espérer encore un peu tenir le coup de l’intérieur de nos cabines, à bord du même bateau ivre, quand il suffit de regarder par le hublot pour se savoir menacés de submersion. (Patrick Leboutte)

→ Domi Bergougnoux lira des poèmes de Jean-Denis Bonan extraits de "Et que chaque lame me soit cri".

→ Projection suivie d’une rencontre avec Jean-Denis Bonan animée par Patrick Leboutte.

21.05 > 17:00  
6€ / 4€


Jean-Denis Bonan, 2019, FR, DCP, vo st fr, 53

Jean-Denis Bonan se plie à un exercice difficile, celui de mettre en image un court essai poétique et introspectif de l’allemand Andréas Becker, "Ulla et l’effacement". Si personnel que l’écrivain lui-même tient le rôle principal, sorte de figure fantomatique imposante, avec ses longs cheveux blonds de viking, traversant le cadre avec un assurance tranquille. Il énonce ce texte déchirant qui évoque la tragique existence de sa mère, Ulla. Traumatisée par son enfance sous les bombes, elle s’est réfugiée dans l’alcool pour oublier, le whisky qui ne l’a jamais déçu. Pâlebourg, c’est Hambourg, ville portuaire avec ses putes, ses banques et ses bombes. Une ville qui a volé une enfance parmi tant d’autres pendant la Seconde Guerre mondiale, comme à toutes ces femmes qui, tout en étant victime des abjections de la guerre, n’avaient pas le droit de se plaindre puisqu’elles étaient allemandes, et leurs parents potentiellement nazis. La société allemande n’a jamais abordé ce sujet de front. "Bleu Pâlebourg" est un beau film mélancolique sur une vieillesse allemande usée par sa mémoire et un essai somptueux sur l’acte de création en période de grande désolation. Autrement dit, du cinéma de notre temps. (D’après Emmanuel Le Gagne).

→ Projection suivie d’un dialogue entre Jean-Denis Bonan et un cinéaste "surprise".

21.05 > 21:00  
6€ / 4€


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