Bleu Pâlebourg

Jean-Denis Bonan se plie à un exercice difficile, celui de mettre en image un court essai poétique et introspectif de l’allemand Andréas Becker, "Ulla et l’effacement". Si personnel que l’écrivain lui-même tient le rôle principal, sorte de figure fantomatique imposante, avec ses longs cheveux blonds de viking, traversant le cadre avec un assurance tranquille. Il énonce ce texte déchirant qui évoque la tragique existence de sa mère, Ulla. Traumatisée par son enfance sous les bombes, elle s’est réfugiée dans l’alcool pour oublier, le whisky qui ne l’a jamais déçu. Pâlebourg, c’est Hambourg, ville portuaire avec ses putes, ses banques et ses bombes. Une ville qui a volé une enfance parmi tant d’autres pendant la Seconde Guerre mondiale, comme à toutes ces femmes qui, tout en étant victime des abjections de la guerre, n’avaient pas le droit de se plaindre puisqu’elles étaient allemandes, et leurs parents potentiellement nazis. La société allemande n’a jamais abordé ce sujet de front. "Bleu Pâlebourg" est un beau film mélancolique sur une vieillesse allemande usée par sa mémoire et un essai somptueux sur l’acte de création en période de grande désolation. Autrement dit, du cinéma de notre temps. (D’après Emmanuel Le Gagne).

→ Projection suivie d’un dialogue entre Jean-Denis Bonan et un cinéaste "surprise".

Réalisation
Jean-Denis Bonan
Année
2019
Pays
France
Format
DCP
Version originale
Sous-titrage
fr
Durée
53 min.
Séances
21.05.2023 > 21:00
6€ / 4€