prog: 2615
squelettes/rubrique-3.html

Filmer Monk

Depuis quelques mois, il est question de la préparation d’un film biographique sur Thelonious Monk par Alain Gomis. Lors de ses recherches, il a eu accès aux rushs d’une session filmée accompagnée d’un entretien pour le moins dérangeant avec Henri Renaud. Il en a tiré un film, "Rewind and Play", sans doute préparatoire à son grand projet, qui fait le tour des festivals et des télés. Pour accompagner cela, nous précédons la diffusion de ce film par deux autres, interrogeant ainsi la relation étrange, élusive, entre jazz et cinéma. Et comment, plus spécifiquement, on a jusqu’à maintenant filmé Monk.

Les films seront présentés par des membres du Nova, qui n’excluent pas de projeter quelques surprises.



Bert Stern & Aram Avakian, 1959, US, DCP, vo st fr, 85

Récemment restauré, ce film sur Newport 59 s’imposait pour débuter un dimanche d’hiver consacré à Monk ! On assiste ici à la naissance d’un genre : le film-concert pour grand écran, dont le "Woodstock" de Wadleigh sera le paroxysme. George Avakian, directeur du festival, assure la direction musicale du film et demande à des photographes de mode d’assurer la réalisation. Opération marketing de luxe, où l’on prend le temps de filmer le public branché en goguette, tandis que les essais de l’America’s Cup ont lieu. Un curieux montage tente de rapprocher les deux évènements. La musique est exceptionnelle (Jimmy Giuffre trio, Dinah Washington, Louis Armstrong, Mahalia Jackson, etc.), tout comme la jam endiablée avec Chuck Berry et les répétitions du Chico Hamilton quintet avec Eric Dolphy. Monk y est longuement annoncé par le speaker. On verra la tête d’Henry Grimes mais pas sa contrebasse, et aucune image de Roy Haynes à la batterie. Souvent, seuls les leaders ont le droit à la lumière dans le film… Un film cool et “plaisant” à l’époque, qui fascine et interroge aujourd’hui tout en s’inscrivant dans cette difficile rencontre entre jazz et cinéma.

29.01 > 17:00
4€ / 3€


Charlotte Zwerin, 1988, US, HD, vo st fr, 90

Jusqu’ici, c’est le film qui fait autorité, car c’est le seul… La découverte d’archives noir et blanc, d’une tournée en trio, en 1968, est au départ du projet. Celles-ci, fascinantes, permettent de voir un peu les coulisses de ce voyage et offrent de belles images de concert. À partir de ce trésor, se développe un film livrant des données biographiques et s’articulant autour d’interviews, nous permettant d’en savoir un peu plus sur la personnalité complexe de Monk et sur sa maladie. La forme un peu décousue, en partie due à des conditions de production peu idéales, a vieilli, trahissant l’ambition plutôt télévisuelle du dispositif. Mais depuis sa sortie en 1989, il est au centre de ce que les afficionados ou les curieux de Monk ont eu à se mettre sous la dent en matière de cinéma et l’un des rares portraits cinématographiques d’un jazzman important.

29.01 > 19:00
4€ / 3€


Alain Gomis, 2021, FR, DCP, vo ang st fr, 66

Des archives couleurs de la tournée de 1969, en solo. On y voit l’arrivée de Monk et de sa femme, Nellie, à Paris, et l’on suit une session filmée agrémentée d’une interview par Henry Renaud, pianiste français, ami de Monk. L’aspect document, formidable, était déjà connu mais Gomis décide de montrer les coulisses même de la session et surtout, de l’interview. Il utilise le montage mais surtout le montage son, pour accentuer le malaise de la situation d’alors, et du regard qu’on peut lui porter aujourd’hui. Beaucoup d’enjeux émergent ainsi : pianiste amateur de Monk se mettant en scène en tant qu’interviewer, décalage entre monde artistique français et américain, rapport à l’argent, exotisme de mauvais aloi, manière de filmer la musique dans les années 60, de filmer le jazz, de filmer un musicien noir. S’ajoute à cela, le malaise palpable d’Henry Renaud face à Thelonious Monk chez qui la maladie gagne du terrain, et la conscience d’avoir affaire à un musicien et à un homme exceptionnels.

29.01 > 21:00
4€ / 3€


squelettes/rubrique-3.html
lang: fr
id_rubrique: 2617
prog: 2615
pos: aval