Notre rapport aux animaux en dit long sur les humains que nous sommes et sur cette aptitude, toute particulière de notre condition, à nous aliéner, et à aliéner le vivant à des systèmes que nous élaborons. L’aliénation nous fait perdre le sens de nos vies, elle est l’état le plus symptomatique de nos sociétés fondées sur des valeurs capitalistes et productivistes qui détruisent notre lien à la terre et de fait, la Terre elle-même et nous avère comme ses plus grands nuisibles. Le Nova consacre à cette question une programmation d’une quinzaine de films, pour la plupart inédits en Belgique. Cheminant du trouble animiste à l’essai documentaire sur un élevage industriel, de la tuerie artisanale du cochon à l’éco-féminisme, du naturalisme à la zoophilie, nous traverserons mondes et récits insolites puissants où la présence animale nous tend un miroir parcellaire de ce qui nous compose, de la joie innocente au désastre criminel. Vincianne Despret, philosophe des sciences, l’affirme dans "Zoo Pharmakon", remarquable documentaire radio qui inaugure Animal alienation : "Il ne s’agit pas de comprendre, il s’agit de penser avec". Penser avec les crabes chinois qui envahissent nos rivières dans "Une si longue marche" de Dominique Loreau, penser avec le trouble que nous évoque la bestialité de "Zoo", le magnifique documentaire fiction de Robinson Devor. Entrer en méditation avec l’étrange film lituanien "Animus Animalis", ou encore réinventer un monde plus libre avec la poésie visuelle de Rithy Panh dans "Everything Will Be OK"... Et comme les animaux n’auront pas cessé de nous faire penser au terme de l’hiver, ils reviendront nous conter mille et une histoires dans une suite annoncée pour le printemps !