Notre envie de faire cette programmation date d’avant les premiers confinements, mais la pandémie l’a rendu à nos yeux encore plus nécessaire. Nos vies se sont numérisées, elles sont passées dans les écrans. Tout est image : les pixels, picture elements, composent aussi bien les interfaces informatiques que les articles de presse que nous déroulons sur nos smartphones.
Il fallait bien que nous nous occupions de ces images.
Voici donc des films qui s’en chargent. Il s’agit aussi bien de fictions qui se déroulent sur l’écran d’ordinateur d’un personnage que des documentaires qui réutilisent les images disponibles en ligne, de YouTube aux caméras de surveillance en passant par Google Map. Tous reprennent l’esthétique de nos vies en ligne, et se l’approprient, comme une capture d’écran. Certains révèlent le pire des réseaux, à commencer par le cauchemar panoptique de Google, d’autres ce qu’ils ont de plus utopique, comme la possibilité démocratique offerte à tous de filmer et de s’exprimer.
Si nous avons pris tant de temps pour faire cette programmation, c’est qu’elle s’accompagne d’un livre que nous avons dirigé. C’est aussi que, bien que le sujet ait l’air de nous lancer dans un cinéma de niche, nombreux sont les films qui font de la capture d’écran dont certains ont remportés des prix prestigieux en festival. La programmation est donc dense et riche en invités : un premier week-end en forme de panorama et rempli de rencontres, trois jours consacrés au maître du genre Dominic Gagnon, une semaine autour des images de révolte disponibles en ligne, une projection exceptionnelle des six heures de found footage de James Benning… C’est un vrai voyage au cœur du pixel. Et, à ceux qui craindraient trop d’expérimental et de sérieux, nous conseillons le joyeux "Parning" pleins de flirts adolescents, la soirée “B to Mème” qui finit en séance de minuit et, bien entendu, les quelques fêtes, entre DJ Algo et Free Party.