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Images révoltantes, Images de révoltes

La démocratisation des outils pour filmer et diffuser mondialement ont rendu accessible des images de résistance à l’oppression : soit elles montrent cette oppression, soit elles filment la révolte. Peu importe le pays et la situation plus ou moins autoritaire : des violences policières dans nos quartiers aux manifestations contre la théocratie iranienne, toutes ces vidéos exposent ce qu’un pouvoir a intérêt à maintenir invisible. Mais toutes ces images sont utilitaires : elles indignent par leur violence, galvanisent pour l’émeute, invalident le récit officiel. Elles ont un sens à un instant précis. Leur réutilisation tel quel dans le temps du cinéma, à l’opposé de l’urgence de la révolte et des réseaux, pose problème. A quoi bon des cinéastes en temps de détresse ? 



Romain Champalaune, 2018, FR, DCP, es st fr, 45

Oscar Perez est un paramilitaire vénézuélien. Il est aussi instructeur de police et surtout, il s’exhibe sur Internet. Clip de sensibilisation, démonstration de force et saut en parachute avec un chien font partie de sa panoplie de séducteur en ligne. Puis un jour, il retourne sa veste et planifie un coup d’état contre le président Nicolas Maduro. Romain Champalaune compile une somme considérable de ses images qui retracent le parcours romanesque d’Oscar Perez jusque dans ses derniers instants.

+ A Certain Amount of Clarity

Emmanuel Van der Auwera, 2014, BE, ang st fr, 29

L’un des jeux de l’Interneto-sphère adolescente est de se mettre au défi face à des images extrêmes et de diffuser sa réaction en ligne. Emmanuel Van der Auwera a compilé les réactions à l’insoutenable vidéo du meurtre d’un homme sans défense par deux adolescents. Effarement, tentatives d’explications de l’innommable et remises en scène de cet acte se succèdent. Pour réaliser son film, Van der Auwera s’est imposé la règle simple de ne pas regarder l’abject ; seulement les visages qui s’y confrontent. Il n’a toujours pas vu la vidéo concernée.

+ The Killing of Oscar Perez

Forensic Architecture, 2018, GB-GB, DCP, ang , 2

En bref complément à cette affaire troublante : les premiers résultats des travaux de Forensic Architecture au sujet de la fin de vie du paramilitaire.

➞ Séance suivie d’une rencontre avec Romain Champalaune et Emmanuel Van der Auwera (sous réserve).

09.06 > 20:00  
6€ / 4€


Dans le programme de ce soir, les catégories que la logique capitaliste voudrait séparer se retrouvent mêlées sur les réseaux. Des Palestiniens, qu’ils soient photographes, fixers ou simples habitants, font les images que nous connaissons tous de la guerre ("When Things Occur"). Un collectif oscille entre les prétoires et les galeries d’art en utilisant les images en ligne comme preuve et indice (Cloud studies). Un simple citoyen décortique à l’extrême une image de violence policière et finit témoin au procès ("Frame 394"). Antoine Schirer, motion designer devenu journaliste vidéo, est invité pour nous éclairer sur ces pratiques, et nous présente une vidéo où une application de jogging révèle les adresses des militaires et leur situation sur le terrain (Réseaux sociaux : une faille dans l’armée)

+ When Things Occur

Oraib Toukan, 2016, PS, DCP, ar st fr, 28

+ Cloud Studies

Forensic Architecture, 2020, GB-GB, DCP, ang , 26

+ Frame 394

Rich Williamson, 2016, DCP, ang , 30

+ Gilets jaunes [comment la police a blessé un manifestant pacifique]

Antoine Schirer, 2019, FR, DCP, vo ang , 15

10.06 > 20:00  
6€ / 4€


Peter Snowdon, 2021, BE, DCP, ar

Peter Snowdon le dit régulièrement : si il a conçu le film "The Uprising" à partir des images prises par les révoltés des printemps arabes, c’est avant tout pour que les spectateurs regardent ces vidéos dans le rouge du pixel. Pour ce faire, il lui a fallu les articuler et les remettre en scène pour, finalement, assumer une place d’auteur. C’était sans doute inévitable. N’empêche que l’une de ses frustrations est que, systématiquement, lors des projections de ce film considéré par certains comme l’un des chefs d’œuvre du cinéma de capture d’écran, c’est de son processus dont on parle, plutôt que des images elles-mêmes. Au lieu de projeter "The Uprising" pendant ce week-end, Peter Snowdon nous a donc proposé de revenir plutôt aux racines originelles de cette aventure, en projetant et en accompagnant une sélection des vidéos qu’il a découvert en direct en 2011 et dont il nous retracera l’histoire. Parmi elles, des vidéos tournées par des amis à lui, ou des amis d’amis. Les regarder pour ce qu’elles sont sera aussi l’occasion de reconstruire autrement un processus de création.

➞ Séance menée par Peter Snowdon

11.06 > 20:00  
6€ / 4€


Anonyme, 2011, FR, DCP, fr st fr, 57

En 2009, suite à l’élection présidentielle, l’Iran se soulève. C’est le mouvement vert, que certains appellent “Révolution Twitter” tant les réseaux y ont joué un rôle prééminent. La réalisatrice de ce film est iranienne, mais elle habite en France. Elle reçoit depuis Téhéran les traces de la révolte : des vidéos, que ses amis lui envoient par mail, qui sont partagées sur des forums, qui sont postées sur YouTube. Le film retrace les différentes étapes du soulèvement populaire, mais raconte aussi la sensation de vivre cela par procuration, en craignant pour sa famille et pour ceux qui, illégalement, font sortir des images du pays. La réalisatrice ne se contente pas des vidéos reçues, elle filme l’écran de son ordinateur où les fichiers s’entassent ainsi que la France vue depuis sa fenêtre, autre écran, autre reflet. Après "The Uprising" déconstruit, la soirée continue autour des révoltes vécues à distance, et de l’ombre qu’elle projette sur notre quotidien.

➞ Séances suivies d’une discussion avec Peter Snowdon.

11.06 > 22:00  
6€ / 4€


Antoine Schirer est un motion designer devenu réalisateur et journaliste. Il utilise le design, l’imagerie 3D, des timelines et l’analyse d’image et de ses métadonnées pour réaliser des enquêtes audiovisuelles. Il collabore avec Médiapart, le Monde et la BBC. Au cours d’une séance interactive, il nous présentera les outils qu’il utilise en disséquant une de ses vidéos où les images tournées par des smartphones sont la matière de base pour mener une contre-investigation. Il sera accompagné par Émile Costard, réalisateur, qui a travaillé avec lui.

12.06 > 16:00  
Gratis


st ang

Rencontre avec Matteo (militant JOC, possesseur d’un smartphone), Antoine Schirer (réalisateur et journaliste indépendant), Joke Callewaert (avocate) et le comité de soutien Justice pour Lamine Bangoura. Quels impacts une image peut-elle avoir sur le réel ? Pour éclairer cette question, chacun des intervenants reviendra sur son expérience. Ensemble, ils retraceront la vie des images de violence policière, celles filmées aux smartphones, celles des caméras de surveillances, celles des bodycams. De leur prise de vue à leur utilisation dans une procédure judiciaire, en passant par leur diffusion sur les réseaux sociaux et dans les enquêtes journalistiques, chaque étape a ses enjeux, tantôt concret comme le stockage des vidéos, tantôt légal comme le droit de filmer, tantôt sociologique, comme nos biais quand nous regardons une vidéo. A chaque étape ces images sont réinterprétées : c’est une guerre des récits qui se joue à travers elles.

Cette discussion est organisée et modérée par Maud Girault dans le cadre d’un projet de recherche soutenu par le FrArt (FNRS).

12.06 > 18:00  
Gratis


Pierre Carles, Olivier Guérin, Bérénice Meinsohn, Clara Menais, Laure Pradal, Ludovic Raynaud, 2019, FR, DCP, vo, 60

Au tout début des occupations de rond-point un peu partout en France il y en a sûrement une qui restera dans les anales, et non pas grâce à ce film mais parce que les gens qui l’ont filmé en parlent encore aujourd’hui. Une page de l’histoire des gilets jaunes retracée dans cette chronologie du rond-point d’Aimargues dans le Gard. Appels vidéo, lives Facebook, clips avec images de drone, les voix s’élèvent et appellent à rejoindre le mouvement. Dans la cacophonie organisationnelle des bords confondus, les palettes brûlent et les sommations s’enchaînent.

+ Sedated Army Crazy Mirror

Miquel Martí Freixas, Joan Tisminetzky, 2014, ES, DCP, vo st ang, 28

On se demandera, peut-être encore longtemps après le film, si les supporters, hooligans consacrés de la violence -durement réprimée ces dernières décennies- des stades peuvent être les mêmes personnes qui remplissent rues et places pour dénoncer le capitalisme sacré et sa main policé. La force de la foule, la testostérone patriarcale canalisée dans la lutte au propre et au figurée.
Si vous aimez le foot et vous détestez la police et/ou si vous détestez le foot et la police, ce film est pour vous. Fumigènes. Chants. Résistance.

12.06 > 21:00
6€ / 4€


Films

The Uprising

Peter Snowdon, 2013, BE, DCP, ar st fr, 78

En 2014, nous projetions "The Uprising" alors qu’il venait d’être primé au festival Ji.hlava, lors d’une séance aux discussions animées. Depuis, cette ode romantique aux Printemps Arabes, pensée autant comme un hommage aux amis de là-bas que comme une incitation à brûler notre ville, est devenue une pierre angulaire du cinéma de révolte et des films de capture d’écran. En 2020, encore, le New-York Times publiait un article sur le film pour le qualifier de "chef-d’œuvre du cinéma Iphone”. Il était impensable de faire cette programmation sans Peter Snowdon. Impensable, aussi, de projeter "The Uprising" tout seul, comme huit ans auparavant. Après sa version déconstruite (voir ci-contre) et accompagné par des films en écho, le film s’offre une séance de rattrapage pour ceux qui l’auraient raté et ceux qui l’ont oublié.

+ October

Jon Thomson & Alison Craighead, 2012, GB-GB, DCP, ang , 14

"October" c’est "The Uprising" en plus petit : le film compile des vidéos du mouvement Occupy de par le monde. Inspiré par les Printemps Arabes, le mouvement est forcément plus occidental, plus policé, moins viscéral. De Tunis et Tahrir, on passe à Wall Street et Bruxelles. Mais il demeure une nécessité vitale dans le désir de foutre en l’air l’existant.

17.06 > 22:00
6€ / 4€


Matthias Krepp et Angelika Spangel, 2017, AT, DCP, ang st fr, 90

"Sand and Blood" propose à des réfugiés irakiens et syriens de regarder des vidéos de leur pays et de les commenter en voix-off. Avec les images pixelisées et les discours des protagonistes, le film retrace l’histoire de la région, depuis la chute de Saddam Hussein jusqu’à l’Etat Islamique, en passant par les manifestations syriennes et la guerre de Bachar el Assad contre son peuple. Fait lui aussi à partir d’images trouvées en ligne, "Sand and Blood" est l’extrême opposé de "The Uprising". Au romantisme de la révolte il oppose les soubassements géopolitiques des manifestations et les lendemains de guerre civile. Au lieu de vidéos utilisées sans contexte, les réfugiés situent chacune des images qu’ils connaissent bien. Loin du tourbillon de la révolte, Matthias Krepp et Angelika Spangel proposent un film net et précis. La soirée fait se regarder deux grands films dans les yeux.

17.06 > 20:00
6€ / 4€


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pos: aval