Comment représenter le calvaire des migrants, l’horreur qui pousse au départ, à la traversée mortelle, vers la répression ? L’actualité est traversée d’images chocs. On se souvient d’Aylan Kurdi, cet enfant noyé, échoué sur une plage face contre terre. Mais, une fois l’effroi passé, qu’est-ce qui a changé ? Les images du flux d’information s’effacent avec le temps. Le cinéma ne saurait s’en satisfaire. Ces quelques films proposent un contrepoint aux récits classiques de la migration en s’attaquant justement aux vidéos que l’on trouve partout en ligne, qui montrent tout mais où l’on ne voit rien. Ils se penchent sur les images amateurs comme institutionnelles, filment des images plus évocatrices que réalistes : ils rendent évident la difficulté à représenter. Dans Havarie, Scheffner jette tous ses rushs pour ne garder qu’une seule vidéo, trouvée sur Internet, qu’il projette au ralenti : elle devient le symbole de cette impossibilité à montrer.