“Des portes et des déserts” est un documentaire qui raconte le voyage des migrants. Mais le film prend une forme poétique : s’il raconte la migration, c’est par les sensations qu’elle provoque, la peur, la foule et l’obscurité. Le film est aussi un récit mythique : plus qu’un voyage en particulier, il raconte l’Odyssée, que ce soit celle d’Ulysse, celle d’un peuple dans le désert, celle des hommes et femmes qui traversent la méditerranée. Loredana Bianconi retravaille des vidéos trouvées, décale notre regard vers des tableaux, filme des matières. Les images du film laissent un goût d’abstrait, mais restent toujours identifiables : de l’eau, trop d’eau, des grilles et barbelés, trop de grillages. Au son, des vagues de matières, elles aussi pures textures qui évoquent et invoquent ce que nous connaissons. “Des portes et des déserts” est un poème autant visuel et sonore que textuel : sur l’écran s’inscrit un texte en prose, phrase après phrase. Le film est construit en chapitre, chacun reprenant une étape du voyage, du départ aux interrogatoires. Mais la poésie casse la chronologie et fait sentir ce qui demeure impossible à montrer.
+ The Migrating Image
Stefan Kruse, 2018, DK, DCP,
ang
st fr, 28’
A son tour, le film de Stefan Kruse raconte le trajet de la migration étape par étape. A son tour, il questionne sa représentation. A chaque moment correspond son imagerie, disponible en ligne : photos trouvées sur les Facebook des passeurs, clips mis en ligne par Frontex, vidéos envoyées par les hommes et femmes depuis les bateaux, film de propagande de l’extrême-droite… Par la mosaïque de point de vue, Kruse met en évidence la difficulté de montrer les déplacements de population.
➞ séances suivies d’une rencontre avec Loredana Bianconi.
Entrée à prix libre.
Les bénéfices de la séance seront reversés à l’association ResQ-People. L’association ResQ-People finance un bateau en Méditerranée dont l’objectif est de sauver des migrants de la noyade.