Il n’y a jamais vraiment d’entracte dans les travaux de nos villes, toujours un petit quelque chose à faire, "moderniser", "revitaliser", "régénérer le tissu urbain", "embellir", "mixifier", "rendre la ville aux habitants"… Autant de formules qui sont souvent synonymes, sans jamais le dire, de ce mécanisme déloyal et sournois par lequel les populations des quartiers populaires sont volontairement remplacées par une couche sociale plus aisée. Il est rare que la réorganisation de l’espace urbain soit seulement une question de paysage, et pourtant les processus de gentrification sont toujours présentés à leurs victimes comme "naturels". Face à cette arme silencieuse des politiques urbaines, filmer reste une manière judicieuse de mettre en lumière ces processus peu visibles, de laisser une trace de ce qui a été... Ce mois-ci, nous vous proposons quatre films de fiction venus des Etats-Unis, inédits en Belgique, tous nourris par le réel et portant des regards singuliers sur la gentrification telle qu’elle sévit à Washington, Portland ou dans la ville imaginaire de Checkford ; ainsi qu’un film sur la transformation de l’avenue de Stalingrad à Bruxelles, comme le miroir d’une histoire commune à toutes les villes du monde.