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Giovanni Cioni

"Giovanni Cioni est un cinéaste de la perte de repères. Loin des habitudes, sa caméra se fait exploratrice, transformant en territoire inconnu l’environnement qui passe à sa portée. Son regard bouleverse les codes du documentaire. Il brouille les pistes de la réalité et de la fiction. Il élabore de nouveaux espaces, de nouvelles temporalités, d’où émergent des humains qui semblent surgir d’un ailleurs impalpable. Dans sa démarche enfin, l’oeil construit une réalité, appréhende l’environnement sans certitudes. Son empreinte unique est faite de la marque d’un homme en recherche, et du regard d’un grand cinéaste" (Carlo Chatrian, avril 2011, Visions du Réel). Né à Paris, passé par Lisbonne, Naples puis la Toscane où il vit actuellement, Giovanni Cioni a aussi vécu à Bruxelles dans les premières années du Cinéma Nova. C’est avec beaucoup de plaisir que nous le retrouvons aujourd’hui avec ses deux derniers films, qui ne sont pas sans rapport avec le moment que nous vivons. "Non è sogno", film sur des corps confinés, et "De la planète des humains", exploration métaphorique réalisée pendant le confinement. Tous deux présentés en avant-première au festival de Locarno, ils sont encore inédits en Belgique.



Giovanni Cioni, 2021, BE-FR-IT, vo st fr, 80

On commence souvent une fable avec "il était une fois", comme pour marquer qu’elle va se dérouler dans un autre temps, pas celui dans lequel nous vivons. Dans le dernier film de Giovanni Cioni, il était une fois le présent. La Riviera des fleurs. Une frontière entre Vintimille et Menton, passage entre l’Italie et la France où des gens venus de loin, apparemment surgis de nulle part, comme s’ils étaient invisibles de ce monde, arrivent avec l’espoir de trouver un endroit où vivre. Au poste français, des containers enferment le temps d’une nuit les migrants arrêtés avant d’être reconduits à la frontière italienne. Dans cette géographie de mer, de montagnes aux pentes abruptes, d’autoroutes et de routes nationales, il y a tracé un sentier escarpé et dangereux, appelé sentier de la mort ou sentier de la vie, selon qu’il s’ouvre ou se ferme sur ceux qui le parcourent clandestinement. Perchées sur les rochers, des villas luxueuses ceintes de jardins exubérants. Parmi elles, une villa féérique de la Belle Epoque où se trouvent, abandonnées, des cages où étaient élevés des chimpanzés, des citernes d’eau occupées par des cœurs de grenouilles. C’est ici qu’il était une fois Serge Voronoff, sorte de docteur Frankenstein qui croyait avoir trouvé la promesse d’une nouvelle jeunesse humaine par la transplantation d’organes génitaux du singe. C’est ici que démarre le parcours méditatif du cinéaste, tissant des liens entre les époques, entre ses propres images et des archives documentaires et de fictions des années 1920 à 1950, entre les récits de migrants et l’expérience folle de Serge Voronoff, entre grandes et petites histoires, entre le poétique et le politique…

Les 4 et 5 décembre, projections suivies d’une discussion avec le réalisateur.

04.12 > 18:00   + 05.12 > 21:00   + 19.12 > 21:00
6€ / 4€


Giovanni Cioni, 2019, IT, vo st fr & ang, 92

Que sens­-tu en toi ? C’est ça la vérité. Mais il ne faut pas la nommer, car dès que tu la nommes elle disparait. Nous sommes à l’intérieur, en prison, mais nous l’apprendrons plus tard, au fil des histoires racontées par des détenus de la prison de Perugia. Giovanni Cioni crée dans cet établissement pénitentiaire un petit décor minimaliste avec une clé chromatique, comme un laboratoire, un espace de tournage où la parole est libre. Se taire ou lire des extraits de son journal intime, jouer un personnage ou raconter son histoire, rester dans le champ ou en sortir, tout est possible… Inspiré par "Cosa Sono le Nuvole" de Pier Paolo Pasolini et "La Vie est un songe" de Pedro Calderon de la Barca, le dispositif du réalisateur permet la naissance d’un film dans le film. Il permet aux hommes qui habitent ce "dedans" hors du présent, d’ouvrir des portes, de passer de l’homme à l’humanité, du monde intérieur au monde de dehors, de la parole à la pensée, du rêve à la vie. Une vie à laquelle ils ne savent plus s’ils appartiennent. Une vie dont ils attendent les signes d’existence, à laquelle ils envoient des messages, vers laquelle ils imaginent un retour.

Les 4 et 5 décembre, projections suivies d’une discussion avec le réalisateur.

04.12 > 21:00   + 05.12 > 18:00  
6€ / 4€


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