Après une première Double Bill soft, nous proposons, pour ce double programme, deux films hard du début des années 80. Deux films, somme toute assez banals dans la production européenne de l’époque, mais présents dans le catalogue d’Atlantic Films (la société de distribution de l’exploitant de l’ABC) et dont un élément ou l’autre est à voir dans l’exposition au Mima.
Dans ces deux films, apparaît Catherine Ringer, dont il est de notoriété publique qu’elle fut actrice de porno avant sa carrière de chanteuse au sein des Rita Mitsouko. Des films lambda prennent évidemment un sens particulier lorsqu’y apparaît quelqu’un qu’on "connaît" dans d’autres contextes. Et spécialement quelqu’un qui a eu l’occasion de s’exprimer sur son vécu, après une reconversion réussie malgré les difficultés de se faire accepter, socialement, dans une autre "rôle". Elle soulignait à quel point ces tournages furent dégradants, comme une sorte d’entraînement militaire humiliant et formateur. Bref, une mise en perspective assez directe de ce qui est donné à voir comme sexy et l’est somme toute assez peu.
Il peut paraître paradoxal de montrer des films tout en soulignant leur caractère critiquable. Mais, comme écrit plus haut, nous pensons qu’il est plus juste de présenter, exceptionnellement, ces films, en les mettant en perspective, que de ne pas aborder ce pan de l’histoire et de laisser se construire une vision "romantisée" des films de cette époque, dudit "âge d’or" du porno et de la programmation de l’ABC.
Nous trouvons plus paradoxale l’idée que des séances de ce type passent sans doute plus inaperçues si nous en taisions le caractère glauque et si nous ne soulignions pas, dans notre présentation, comment les tournages pouvaient être mal vécus.
Des soirées "vintage porno" s’amusant d’un cinéma kitsch sans rien en dire, sur fond de DJ-set de musique seventies, nous paraissent autrement plus problématiques.
Connaître le point de vue d’une actrice sur son vécu crée certes un malaise, mais le malaise nous paraît dans une certaine mesure nécessaire pour ne pas gommer cette dimension en racontant cette histoire et ne pas oublier que c’est sans doute une expérience partagée par beaucoup d’anonymes n’ayant jamais eu l’occasion d’en parler publiquement, voire par des personnalités plus connues ayant fuit le métier.
Une projection de ce type au Nova restera exceptionnelle, et à voir comme un petit aperçu d’une archive au contenu délicat, à aborder, certainement, avec un regard critique.
Nous nous excusons par ailleurs de la première annonce de cette soirée. Sa maladresse et le manque d’explication sur notre démarche pouvait laisser penser à une intention racoleuse exploitant le nom d’une personnalité apparaissant dans ces films. Notre volonté n’était pas de proposer de contenter un voyeurisme par rapport à cette actrice, mais de la citer puisqu’elle a eu, en tant que personnage public, l’occasion de s’exprimer sur son expérience et d’offrir un regard critique de première main sur ces films.
· 20:00 :
+ Marathon Love
[aka "The Porno Race"]
Andrei Feher alias Andrew White, 1985, SE, 35mm, vo
fr
, 90’
Étonnante compétition sportive avec Catherine Ringer en maîtresse de cérémonie enjouée.
· 22:00 :
+ Angela et ses amies
[aka "Quella porcacciona di mia moglie", aka "Sexual Penetrations", aka "Teenager Emmanuelle", aka "Emy la minorenne dell’Hostess Club"]
Lorenzo Onorati, 1981, IT, 35mm, vo
fr
La bande-annonce est à découvrir dans l’installation de Gogolplex au Mima.
https://www.imdb.com/title/tt0190969