Ezo, Zaroug, Yassin et Abbas vont tenter leur chance. Cette chance qui consiste à pénétrer illicitement dans la remorque d’un camion en partance pour l’Angleterre. Les migrants s’enferment dans un container, sans certitudes, prêts à affronter un parcours miné d’épreuves. Ils sont quatre, comme les quatre chauffeurs du “Salaire de la peur”, risquant leur vie pour transporter de la glycérine et espérer sortir de la misère. Même suspense, même enjeu : risquer sa vie pour s’en sortir… Mais l’aventure s’arrête avant même d’avoir atteint le port, dans un parking aux alentours de Gand. Combien d’heures, combien de jours resteront-ils prisonniers ? "L’Europe, c’est la terre de l’humanité, n’est-ce pas ?", questionne l’un d’entre eux ironiquement alors qu’il se sent traité comme un "parasite".
Dans l’angoisse de l’attente, le temps d’une nuit dans la remorque d’un camion en route, se déploie un huis clos qui va nous parler de l’humanité de nos protagonistes. Loin des clichés, ils se révèlent profondément lucides sur leur parcours et leurs désirs. Clair-obscur, hors champs, caméra proche et précise, la mise en scène subtile octroie au film une force tactile. Elle a pourtant été improvisée, tout comme les dialogues "pour s’assurer que les protagonistes seraient les auteurs de leurs actions et de leurs paroles" revendiquent les cinéastes. En choisissant la fiction plutôt que le documentaire, Effi et Amir font confiance à la force des récits plutôt qu’au décryptage didactique qui tend à stéréotyper la figure du migrant.
Une rencontre avec des migrants en transit à Bruxelles et l’amitié au long terme qui s’en est suivie ont donné naissance à ce projet cinématographique. Les acteurs du film jouent magnifiquement leur propre rôle, on ne peut que louer le travail d’Effi et Amir, cinéastes chevronnés et intelligents, habitués du Nova, qui ont su déployer le cadre idéal pour recueillir une parole et des histoires aussi précieuses que nécessaires à entendre.
→ 25.06 à 20:00 > séance en présence d’Effi & Amir et suivie d’un concert de Cheikhou Ba (prévente : ici).
→ 30.06 à 20:00 > séance suivie d’une discussion (prévente : ici) avec :
- Hanne van Walle, diplômée de la KUL, avocate depuis 2011 au bureau néerlandophone de Bruxelles au sein du cabinet Alter Egaux Avocats, un cabinet d’avocats qui veut garantir l’accès à la justice pour tous. Pratiquant essentiellement le droit des étrangers, elle a développé une expertise dans la défense des intérêts des personnes vulnérables (personnes en souffrance psychique, victimes de violences, mineurs non accompagnés etc).
- Joke Callewaert, avocate auprès du cabinet Progress Lawyers Network. Les avocats de Progress Lawyers Network ont défendu plusieurs jeunes migrants qui ont été poursuivis devant le tribunal correctionnel suite à leur parcours migratoire, plusieurs migrants qui ont été enfermés dans les centres fermés, des demandeurs d’asile dans le cadre de leur demande d’asile et de la procédure dites DUBLIN. Ils ont obtenu une condamnation devant la Cour Européenne des Droits de l’homme suite à une expulsion illégale d’un jeune Soudanais, et récemment introduit une procédure devant le Tribunal de Justice Européen contre Frontex.