Dakar est une ville construite par la colonisation française. Avant cela, elle s’apparente plus à un archipel de villages Lébous (la population autochtone) dans la brousse au bord de l’océan. A cette époque, les Lébous accueillent les populations venues de l’intérieur, de la même manière qu’ils reçoivent avec hospitalité les colons arrivés par bateau. Et Dakar, signifierait, entre autres, "la terre d’accueil de ceux qui fuient la guerre". Le point de départ de ce programme est un quartier, Niaye Thiokers, "la colline des perdrix", au cœur historique de la capitale. Zone tampon entre la ville blanche et la ville "indigène", riche d’une histoire foisonnante en aventures artistiques et politiques, brassé de métissage et nourri de panafricanisme, ce quartier a inspiré les plus grands artistes de Dakar après l’indépendance. C’est à Niaye Thiokers qu’on doit la naissance d’un cinéma libre, affranchi des modèles occidentaux. Est-ce que le cinéma, comme l’architecture, peut laisser une trace dans le paysage de la ville ? Peut-il devenir son patrimoine immatériel pour repenser les récits collectifs et les espaces communs ? Aujourd’hui, où Niaye Thiokers lutte pour sa survie, en proie à la spéculation immobilière, montrer ces films est presque un acte de résistance. Osons croire que ce quartier résistera à l’urbanisation capitaliste et que son imaginaire persistera.