En 2001 nous consacrions un focus à Jon Jost, réalisateur emblématique du cinéma d’avant-garde américain des années 70-80. Presque dix-huit ans plus tard nous profitons de son passage à Bruxelles pour l’accueillir à nouveau. Nous vous proposons ainsi de découvrir quelques-uns de ses films, le temps de deux soirées. Pas facile d’opérer un choix dans une filmographie qui compte plus de 50 films ! Réalisateur globe-trotter, Jon Jost a habité à New York, Los Angeles, San Francisco, Portland, Chicago ; Paris, Londres, Rome, Lisbonne, Frankfort, Berlin, Seoul... et a tourné des films dans quasi chacun de ces endroits. Une parenthèse biographique d’ailleurs s’impose, son parcours familial et ensuite de vie ayant indéniablement influencé son cinéma.
Fils d’un colonel de l’armée américaine, dans les années 50 sa famille se déplace de la Géorgie au Kansas, ensuite au Japon et puis encore en Europe avant de retourner aux Etats-Unis. En 1965 Jon Jost est appelé à intégrer les Marine pour aller combattre au Vietnam. Anti-militariste et farouchement opposé à toute forme d’autorité, il brûlera sa carte de conscription et sera pour cela incarcéré pendant plus de deux ans. Cette expérience sera “une claque en pleine face”, selon ses dires, et l’incitera à s’engager dans une dialectique critique de la société américaine. La décennie 60 est aussi celle de ses premiers films, essentiellement des courts métrages qui reflètent son esprit ouvertement caustique et radical. Pendant cette même période il contribue à la création de la branche de Chicago du collectif de production et distribution de cinéma indépendant "Newsreel".
A partir des années 70 et jusqu’à aujourd’hui il a enchaîné un nombre impressionnant de longs métrages, souvent réalisés avec des budgets réduits, ce qui lui a permis de garder son indépendance. Depuis le début son cinéma navigue entre le documentaire, le narratif, et l’ expérimental, et a toujours été marqué par une volonté aguerrie de constamment renouveler aussi bien l’écriture scénaristique que les styles, sans pour autant manquer de lyrisme. Au fil des décennies la dimension politique s’est estompée mais reste néanmoins la clé de voûte pour comprendre le regard que Jost porte sur la société et les individus qui la composent. Ses films des années 70 et 80 demeurent incontournables dans le panorama du cinéma indépendant américain. Tournés en 16mm ou 35mm ils affichent souvent des choix formels audacieux. A partir des années 90 Jost bascule, sans préjudices esthétiques, vers la vidéo. Parallèlement son cinéma devient plus introspectif. En faisant le choix de vous montrer deux films de sa première période et deux plus récents, ce n’est évidemment qu’un fragment de son œuvre que nous vous dévoilons. L’éloquence fougueuse de notre invité devrait néanmoins contribuer à compléter le tableau !