C’est en début d’année que nous avons commencé à penser aux lieux du PleinOPENair 2018. La thématique de la voiture s’est assez vite imposée, et rapidement il nous a semblé logique d’aller mettre un coup de projecteur sur la bataille que menaient les riverains de la place Lehon contre le projet porté par la commune de Schaerbeek de creuser un parking sous leur place (lire ci-contre). Au fil des semaines, des contacts se sont noués avec des comités d’habitants, des associations locales, des collectifs mobilisés sur les problèmes de mobilité particulièrement aigus dans ce quartier, et même avec le Service Prévention de la commune de Schaerbeek qui avait le projet d’organiser des activités sur cette place pendant l’été. Dans la foulée, un groupe d’habitants a décidé de commencer la réalisation d’un court métrage questionnant cette politique de mobilité qui vise à construire des parkings souterrains, dont on sait qu’ils ont pour effet d’augmenter le trafic, dans des quartiers qui subissent déjà de plein fouet la pression automobile et où les espaces publics sont rares et précieux. En avril, nous avons soumis au bourgmestre de Schaerbeek la demande d’autorisation pour organiser deux soirées du PleinOPENair, les 17 et 18 août. Le délai de réponse, censé être de 30 jours, s’est éternisé. Mi-juin, la police de Bruxelles-Nord, devant remettre un avis au bourgmestre, prenait contact avec nous. Surprise : ses questions ne portaient pas, comme d’habitude, sur des aspects pratiques (extinction de l’éclairage public pendant la projection, stationnement, circulation…) mais sur les titres des films et les noms des musiciens que nous comptions programmer. Lorsque nous avons pu leur fournir ces informations, nouveau délai d’attente. Début juillet, le cabinet du bourgmestre Clerfayt nous informe d’une "bonne nouvelle" : l’avis de la police est positif, le bourgmestre donne son autorisation à l’événement, à une condition toutefois… arrêter les activités à 22h ! Il nous a fallu réexpliquer qu’une projection de cinéma ne peut démarrer qu’à la tombée de la nuit (ce que la commune sait puisqu’elle autorise d’autres projections en plein air dans d’autres quartier, qui ne démarrent pas avant 22h), qu’à cette période de l’été elle ne peut pas commencer avant 21h30, mais cela n’a pas fait changer la décision. Motif : la tranquillité des riverains. Pendant les deux semaines qui ont suivi, d’insistances en contacts auprès de divers échevins, la commune a accepté de reconsidérer notre demande, en nous donnant plusieurs fois des conditions supplémentaires, parfois contradictoires voire kafkaiennes. La plus surprenante d’entre-elles : être autorisé à organiser les deux soirées mais pas à y diffuser le court métrage réalisé par des habitants de la place Lehon ! C’est la première fois en 20 ans de PleinOPENair qu’une commune nous demande au préalable le détail de notre programmation, soumet l’octroi de son autorisation à l’acceptation de cette programmation, et intervient directement dans celle-ci. Face à notre réaction stupéfaite et courroucée, le bourgmestre a fini par nous donner son ultime décision : les projections sont autorisées, y compris le court métrage des habitants, mais l’extinction des feux (projection, bar, présence du public) est fixée à 22h45. Des conditions qui empêchent tout moment de convivialité et ne rendent pas possible la projection d’un long métrage en plein été. Nous étions alors le 17 juillet, trop tard pour nous rabattre sur un autre endroit. On dirait que les périodes pré-électorales ne sont propices ni à occuper l’espace public, ni à laisser s’exprimer les habitants…