La politique de la culture est un exercice particulièrement casse-gueule.
D’un côté, il faut établir une méthode la plus objective possible pour assurer une certaine équité entre les acteurs. C’est très louable ! Cela passe par des critères "froids", observables, comptables (càd qu’on peut compter, comme les sous mais aussi le nombre de spectateurs, le nombre de séances, etc.) qui fondent une décision politique de donner plus à l’un qu’à l’autre.
Mais d’un autre côté, une méthodologie consiste à fixer un cadre, et le cadre est nuisible à la diversité, et donc à la culture. Les bénéficiaires potentiels d’une politique auront naturellement tendance à se conformer aux critères "objectivables" pour maximiser leurs chances. On crée des cases, et tant pis pour ceux qui n’y rentrent pas.
Il y a moyen d’éviter cet effet pervers, d’objectiver la diversité culturelle, en quelque sorte. Il s’agit de trouver des critères et des méthodes qui valorisent des notions comme la prise de risque, l’excentricité, l’anticonformisme, ou tout simplement la poésie. Des méthodes qui protègent et valorisent à leur juste place les modes d’expression qui n’existeraient tout simplement pas dans un paysage dérégulé. Ce chemin est possible mais ténu. Il nécessite un océan de tact, de rigueur, de subtilité et d’attention.
Tous les décideurs, les membres des commissions, tous les fonctionnaires ne perçoivent pas cette subtilité. Ou ne font juste pas l’effort de bien mesurer si la méthode ne va pas, au final, nuire aux plus fragiles, aux plus aventureux, ou simplement à ceux dont la raison d’être consiste à échapper à toutes les cases.
Le Nova est au cinéma ce que Radio Panik est à la bande FM, ce que le Magasin 4 est au monde musical et ce que la Fourmi Dracula (Adetomyrma venatrix) est à la biodiversité : un truc minuscule, atypique, rare, menacé et indispensable.
BERNARD DUBUISSON
(EX-RADIO CAMPUS BRUXELLES)