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Filmer à tout prix

Pour la première fois, le Nova accueille quelques séances ciblées du festival Filmer à tout prix où sont privilégiés rencontres et débats autour d’un cinéma de création qui questionne notre monde. Ce rendez-vous incontournable du cinéma documentaire en Belgique dont ce sera la 17ème édition, sélectionne une série de films représentatifs de la multiplicité des langages cinématographiques, qui abordent les réalités du monde sous des formes et des écritures inventives et novatrices.



Regards sur l’Algérie Contemporaine

Territoires imaginaires et cartographie cinématographique

Quelles nouvelles du cinéma algérien ? On se souvient de l’extraordinaire jubilation provoquée par la découverte du travail de Tariq Teguia en 2008, avec la sortie de "Rome plutôt que vous". Bonheur : ce désir de liberté cinématographique se retrouve dans les films, récents, de toute une génération de cinéastes documentaristes, femmes et hommes, algériens. Formes singulières qui explosent toute définition fermée du cinéma du réel, les œuvres inventives programmées au cinéma Nova à l’initiative de l’asbl Le P’tit Ciné – Regards sur les Docs dans le cadre du festival Filmer à tout Prix - nous proposent de découvrir les territoires foulés ou imaginaires de leurs auteurs. Portées par des réalisateurs attentifs à dessiner une carte sans cesse renouvelée de l’Algérie contemporaine et de ses fantômes, leur puissance est aussi, surtout, politique, n’ayant de cesse de mettre en lumière l’état de confusion économique et morale de la société algérienne, d’interroger l’identité nationale et le rapport du pays à son histoire. Et les années 90, terribles, présentes dans tous les esprits, dans tous les corps.



Dania Reymond, 2016, FR-DZ, video, vo fr & ar st fr, 43

Un tournage de film qu’il est difficile de mener à bien, une équipe de comédiens baladée par un réalisateur chiche en information sur les conditions de réalisation de sa proposition cinématographique… Tourné au cœur du superbe jardin botanique d’Alger, "Le jardin d’essai" déploie une énergie toute fictionnelle pour interroger le statut de la création en Algérie aujourd’hui et renvoyer à une vérité par trop réelle, celle de l’impossible implication des citoyens dans des projets qui trop souvent capotes. Impossible ? Pas tout à fait, comme nous le conte le narrateur de l’histoire : « Tu vois, ni la faim ni la soif ne nous ferons céder ».

+ La Tempète

Dania Reymond, 2016, FR, video, vo fr , 10

Choisie par le GREC et le Centre national des arts plastiques en France pour réaliser un court métrage autour de la « première image », Dania Reymond, artiste plasticienne diplômée du Fresnoy, décide de partir d’un livre de Tahar Djaout, « Les chercheurs d’os » (1984), dans lequel l’écrivain, mort dans un attentat perpétré par le FIS en 1993, rappelait l’utilisation du cinéma comme outil de propagande par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Une mise en abime certaine à l’heure où le cinéma est perçu par le gouvernement algérien comme un dangereux élément contestataire et est l’objet de fréquentes censures.

En présence de Dania Reymond

28.11 > 19:00
6€ / 4€


Lamine Ammar-Khodja, 2014, FR-DZ, video, vo fr & ar st fr, 82

Alger, place Meissonier, une petite fille, en discussion avec Lamine Ammar-Khodja, clame son amour pour les films de vampire et "Titanic". Joyeuse, mutine, elle s’improvise reporter et questionne son voisin de rue sur son rapport au cinéma. Maya n’est pas Marceline Loridan, nous ne sommes pas dans "Chroniques d’un été". Pourtant, en filigrane, c’est bien à la question « Êtes vous heureux ? » que répond l’homme interrogé. Une scène à l’image de "Bla Cinima" : dans un pays dans lequel le cinéma a participé à la construction du mythe de la nation, son réalisateur part à la rencontre des habitants du centre d’Alger, pour parler avec eux de cinéma et se laisse très vite porter par les situations improvisées, l’énergie de la rue et la façon dont les personnes avec qui il échange se débrouillent avec la vie. Au final un film de rencontres qui dresse un portrait vivant de la ville et propose également une réflexion sur la place du cinéma en Algérie.

28.11 > 21:00
6€ / 4€


Hassen Ferhani, 2015, FR-DZ, HD, vo fr & ar st fr, 100

Hassen Ferhani a longuement filmé Alger. Dans ses courts métrages documentaires, il a arpenté les rues. Ici, il s’est installé dans un abattoir en pleine ville. Mais de la fonction d’un abattoir, Hassen Ferhani montre peu, à peine quelques bêtes écorchées aux détours d’un cadre, un taureau fougueux et résistant qui ne veut pas avancer ou un chat détrousseur d’intestins... Ce qu’il capte, longuement, ce sont les espaces alentours, la cour, une rue, un terrain vague ou des locaux immenses, vides, suspendus à la fonction qui les attend. Dans ces moments suspendus, il va recueillir la parole de quelques hommes, leurs liens, leurs rêves, leurs souffrances, loin des fonctions qu’ils occupent dans ces lieux. Dans ce huis-clos, qui s’offre des échappées presque oniriques, l’abattoir devient l’espace à partir duquel, au loin, se dessine un pays, la scène close que seul les liens d’amitiés et l’imaginaire ouvrent à l’ailleurs et aux possibles, l’espace que des hommes, coincés dans leur dure vie de labeur, franchissent en rêvant, désirant, partageant.

29.11 > 19:00
6€ / 4€


Live Soundtrack

Egged On by Music

Charley Bowers, 1926, sans dial, 50

Dans ce projet, Cinemaximiliaan réunit un groupe diversifié de musiciens dans un ensemble de musique live pour film muet. Au cœur de ce projet se trouve l’inspiration de différentes traditions. L’ensemble se compose en partie d’artistes d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak et de Syrie, et aussi, d’Europe occidentale. Sous la direction du compositeur Simon Ho, et du pianiste Emma Heijink, le groupe a mis au point une bande sonore expérimentale faite d’improvisations, dans laquelle les influences pop, jazz et rock se mélangent avec des ornements orientaux dans une aventure jouissive. La musique se déploie en dialogue avec la comédie silencieuse "Egged On" de Charley Bowers (1926) dans laquelle le protagoniste essaie de construire une machine pour rendre les oeufs incassables.

Avec : Simon Ho (rhodes), Hussein Rassim (oud), Saif Al-Qaissy (tabla), Walaa Seed (oud et chant), Arezoo Alimomen (daf et chant), Dahlia Mees (violon chinois), Teck Henri (guitare électrique), Mostafa Taleb (kamancheh), Hayder Abood (percussion), Adrien Behbodi Sakha (violoncelle), Emma Heijink (piano), Juliette Lacroix (violoncelle) Avec l’aide de : Nader Gharehdaghi (piano), Karen Schets (piano), Ahmadreza Rasuli (Harmonium), Majid Zare (tabla indienne), Milad Ahmadyaar (guitare acoustique), Tatjana Asarjiu (violon), Vera Cavallin (harpe), Jan Debel (piano), Katrien Reist, Globe Aroma, Zinnema, La Raffinnerie Composition et direction : Simon Ho et Emma Heijink Production et programmation : Gawan Fagard et Gwendolyn Lootens, Cinemaximiliaan Équipe de production : Reza Panahi, Batul Hossini, Lubnan Al-Wazny, Ayman Al-Tawil, Bahzad Salhe, Abbas Alsajwari, Louay Daboos, Solmaz Gharehdaghi, Omar Samarai Partenaires du projet : Festival "Film à tout prix", Cinema Nova, Cinéma RITCS, Cinematek Soutenu par : Commission Communautaire Flamande

29.11 > 21:00
6€ / 4€


Mohamed Ouzine, 2016, FR-DZ, video, vo fr & ar st fr, 61

Samir s’interroge sur les motivations du filmeur, venu de France : « Je te vois filmer les cactus, la rivière, les montagnes, des trucs comme cela. Je ne vois pas ce qui te plaît dans ce bordel, ce pays, cette crasse". Nous, on voit : les magnifiques paysages de l’Atlas, les bouffées de bonheur ensoleillé au son d’Edith Piaf, l’humanité des personnages filmées, leur capacité à tenir face à un réel compliqué et la force des paroles énoncées. "Samir dans la poussière" met en scène les aspirations et les angoisses d’un jeune contrebandier algérien qui transporte à dos de mules du carburant, de son village jusqu’à la frontière marocaine. En creux se dessinent le superbe portrait d’hommes qui se jouent des frontières et le rapport complexe du réalisateur, oncle de Samir, avec ce bout de territoire. Un film à la créativité foisonnante porté par des personnages plein de chaleur, en prise pourtant avec une réalité économique sombre. Espace de liberté cinématographique, "Samir dans la poussière" est Étoile de la Scam 2017.

En présence de Mohamed Ouzine, rencontre animée par Guillermo Kozlowski

30.11 > 19:00
6€ / 4€


Djamel Kerkar, 2016, FR-DZ, video, vo fr & ar st fr, 111

Dans son premier long métrage, Djamel Kerkar se cogne les fantômes de son pays et travaille à faire ressurgir la mémoire des années noires (1991-2002), au cours desquelles plus de 200 000 personnes perdirent la vie. "Atlal" s’ouvre sur des images d’archives, neigeuses images vhs, prises en 1998 à Ouled Allal, village rasé alors par la guerre que se livrèrent à cet endroit le GIA et l’armée algérienne. Des maisons délabrées, un paysage mortifère, horreur de ce par quoi ses habitants sont passés. Djamel Kerkar revient sur les terres d’Ouled Allal 20 ans plus tard, veut témoigner des vies en ruine de ceux qui les habitaient. Le réalisateur choisit de prendre le temps de la pose et de la rencontre, dans des plans le plus souvent fixes. Peu à peu des visages et des récits d’hommes prennent corps. Des paroles longuement déployées qui esquissent des histoires différentes, affaire de générations. Et où se laissent deviner les ruines, moins visibles celles-ci, d’une société tout entière, ses non-dits, ses défaites et les frustrations de la jeunesse aujourd’hui.

En présence de Djamel Kerkar

30.11 > 21:00
6€ / 4€


Habiba Djahnine, 2006, FR-DZ, video, vo fr & ar st fr, 68

« En 1994 Nabila m’écrit une lettre, elle me raconte l’escalade de la violence, la répression, les assassinats, les espoirs si maigres et son désarroi face à l’action quasi impossible en ces années de plomb. J’étais alors partie vivre pour quelque temps dans une ville du Sahara Algérien. Dix ans après l’assassinat de Nabila je retourne sur les lieux pour faire ce film et raconter ce qui s’est passé, voir ce qu’est devenue Tizi-Ouzou, que sont devenus les gens, leur demander pourquoi l’assassinat et le massacre de civils, sont devenus l’unique réponse au conflit qui oppose les Algériens ? » (H.Djahnine). "Lettre à ma sœur" raconte l’histoire de l’assassinat de Nabila Djahnine, présidente d’une association de défense du droit des femmes, sœur de la réalisatrice, le 15 février 1995 à Tizi-Ouzou, pendant les années noires algériennes. C’est aussi l’occasion pour Habiba Djahnine de s’interroger sur les armes possibles pour contrer les psychoses collectives et le déni des droits fondamentaux des femmes et des hommes.

En présence d’Habiba Djahnine

02.12 > 16:00
6€ / 4€


Le documentaire contemporain tend à se polariser en un cinéma d’engagement social où tout est message et un cinéma d’art aux belles images contemplatives, devenu muet devant un monde indéchiffrable. La séance Censure, forme et politique se propose de nous déplacer dans l’espace et le temps pour constater la possibilité d’un cinéma formaliste qui prend une position critique, en alliant donc fond et forme. Celle-ci n’est pas le simple habillage d’un contenu prédéterminé, le fond n’est pas le gage de sérieux qui légitime l’épanchement du moi : il s’agit de réinventer par le même geste et avec la même nécessité un contexte social et un regard sur le monde. (Dario Marchiori)

La seconde séance (Scenes for a Revolution) introduit le travail de Marc Karlin, dont l’activisme politique a pris la forme d’une approche radicale de l’esthétique documentaire et d’une tentative constante de construire une culture cinématographique alternative qui puisse s’opposer au système médiatique. (...) Karlin considère le cinéma comme un miroir du processus révolutionnaire : l’esthétique doit être aussi radicale que la politique. (Federico Rossin)

Séances programmées en collaboration avec Federico Rossin et Dario Marchiori dans le cadre de la recherche "Les formes du documentaire - Portée politique et expérience esthétique" de Khristine Gillard - avec le soutien de Art/Recherche et de l’ERG.



Des films de l’Est européen à l’expérimentation formelle poussée mais censurés pour des raisons strictement politiques. Des œuvres que l’outrage - politique et esthétique - habite et traverse de part en part.

+ La Mine [Kopalnia]

Natalia Brzozowska, 1947, PL, video, 10

Malgré un montage proche du cinéma russe, cette esthétique expressionniste à l’allemande et ce portrait tragique de l’industrialisation n’ont pas plu au Parti Communiste qui pariait sur le réalisme socialiste.

+ Ne peure pas [Nie płacz]

Grzegorz Królikiewicz, 1972, video, muet, pl , 9

Un groupe d’amis font leurs adieux avant de partir à l’armée. Exaltation, rébellion, nostalgie. Les derniers moments de liberté.

+ L’histoire de l’homme qui a assuré 552% de son quota [Opowiesc o czlowieku, który wykonal 552% normy]

Wojciech Wiszniewski, 1973, PL, video, vo st ang, 25

L’histoire d’un mineur, leader controversé du travail socialiste (40-50s), déterminé à défendre sa légende.

+ Femmes au travail [Kobiety pracujące]

Piotr Szulkin, 1978, PL, video, muet, 6

Tourné au rythme de 16 images par seconde, ce film induit une impression de distorsion de la réalité. Jugé comme une offense aux travailleurs socialistes.

+ Exercices d’atelier [Ćwiczenia warsztatowe]

Marcel Łoziński, 1986, PL, vo st ang, 12

Que pensez-vous de la jeunesse polonaise ? Un micro-trottoir avec une question apparemment innocente. A propos de l’opinion publique et de la manipulation par les médias.

La séance sera suivie d’une discussion avec Dario Marchiori (Histoire des formes filmiques - Lyon 2. Directeur de la plateforme Diffractions cinématographiques)

Avec le soutien de l’Institut Polonais.

01.12 > 19:00
6€ / 4€


Marc Karlin, 1991, GB, DCP, vo ang & es st ang, 110

Marc Karlin (1943-1999) fait partie de cette génération de cinéastes qui, après avoir vécu l’expérience militante des années 1960-70, a développé une nouvelle pratique cinématographique dans les années 1980. Son activisme politique a pris la forme d’une approche radicale de l’esthétique documentaire et d’une tentative constante de construire une culture cinématographique alternative qui puisse s’opposer au système médiatique. Karlin considère le cinéma comme un miroir du processus révolutionnaire : l’esthétique doit être aussi radicale que la politique. Dans "Scenes for a Revolution", Karlin revisite la matière de quatre films qu’il a réalisés sur la révolution au Nicaragua, des films qui ne sont pas efficaces en tant qu’outils politiques ou de propagande ; ni des manifestes idéologiques. Ce sont des formes de pensée subtiles à propos d’une lutte réelle et de personnes réelles. (Federico Rossin)

Séances programmées en collaboration avec Federico Rossin et Dario Marchiori dans le cadre de la recherche "Les formes du documentaire - Portée politique et expérience esthétique" de Khristine Gillard - avec le soutien de Art/Recherche et de l’ERG.

01.12 > 21:00
6€ / 4€


Performance

Daisy Chain

Julien Maire, 2017, 35

Une conférence - performance sur la nature et l’essence des pratiques spectaculaires. Aujourd’hui, la technologie dépasse les rêves les plus fous des magiciens des XIXe et XXe siècles. Au lieu de la dextérité des doigts et de l’ingéniosité de la mécanique, le virtuel et le sans fil deviennent la manière d’atteindre l’effet de l’émerveillement. Au cours de cette conférence informelle, Julien Maire explore une histoire parallèle des médias, approfondis la désillusion et forme avec humour le profil de l’illusionniste électronique.

02.12 > 21:00


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