Les quadragénaires se souviennent probablement de ces petites machines à polycopier qui étaient fréquemment utilisées dans les écoles : le papier vierge s’engouffrait en même temps que l’original à reproduire, dans un tambour actionné par une manivelle, pour ressortir sous forme de feuille imprimée par perforation en couleur verte, bleue ou rouge, et imprégnée d’une incomparable odeur d’alcool. On appelait ça la "ronéotypie", du nom de la marque qui fabriquait ces ancêtres de la photocopieuse. Plus largement, le procédé à l’œuvre ici est inspiré du papier carbone et s’appelle le stencil, un anglicisme qui signifie "pochoir". Et si le stencil à l’alcool a disparu depuis belle lurette de nos écoles et administrations, il a continué à être utilisé avec des encres bien plus belles et chaleureuses, notamment par des artisans adeptes du "do it yourself" qui ont maintenu en vie cette technique d’impression dont le résultat est parfois confondu avec la sérigraphie, même si son usage est bien plus aisé pour les reproductions en série. C’est principalement la société japonaise Riso qui fabrique des stencileuses (d’où le terme de "risographie"), dont les modèles actuels n’ont plus rien à voir avec les anciens Mimeograph manuels et sont désormais aussi performants que des photocopieuses : l’original est scanné au moyen de minuscules points de chaleur sur des vides de gravure de la plaque thermique où s’écoule l’encre. Le temps d’un week-end, la salle du Nova se transforme en salon de la micro-édition et en atelier de stencil, avec la venue de deux collectifs éditant et imprimant avec cette très belle technique !