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Family Affairs

"A Family Affair" est un film qui ne laisse pas le spectateur indemne. À travers l’investigation intime et fascinante d’un secret de famille, il porte un regard percutant sur l’emprise parentale, sur les marques indélébiles qui se transmettent au sein de la cellule familiale, de génération en génération. Le Nova profite de la sortie de ce documentaire, qui a de quoi laisser envieux bien des scénaristes de fiction, pour revisiter quelques films traitant eux aussi, chacun d’une manière singulière, de ce monde en vase clos qu’est la famille où se nouent toutes sortes de liens complexes, de transmissions assumées ou inconscientes, où se mettent en jeu des héritages parfois douloureux, et des secrets qui pèsent lourd dans ces univers fondateurs et déterminants pour ceux qui y naissent. La question s’avère passionnante au cinéma : car comment filmer le non-dit, le caché, le silence, et ce qui tisse le voile du secret ?



Guy Maddin, 1992, CA, 35mm, ang st fr, 100

Sur les flancs abrupts de massifs dignes des Carpates, vivent les habitants de Tolzbad. Quelle est cette prudence excessive qui les pousse à calfeutrer leurs fenêtres ? Pourquoi attendent-ils chaque année avec tant d’appréhension le vol migratoire des oies sauvages ? Dans cette bourgade perchée sur les hauteurs alpines, la peur de l’avalanche oblige chacun à retenir son souffle, allant jusqu’à couper les cordes vocales des animaux, entretenant ce silence menaçant figuré par une bande son craquelant, semblant comme issue d’un vieux 78 tours, faisant se rapprocher "Careful" de l’expressionnisme allemand. Dans une époque indéfinie, deux frères apprentis-majordomes, frustrés par les mœurs de leur école guindée et puritaine, sont atteints du complexe d’Œdipe. Nonobstant la présence d’une fiancée (et même d’un troisième frère enfermé dans le grenier), ils refoulent des pulsions incestueuses : tandis que l’un est attiré par sa mère, l’autre attend l’arrivée d’un homme voulant prendre la place de son père. C’est dans ce contexte familial schizophrénique que Guy Maddin bricole son troisième film, en perpétuel équilibre entre rêve et réalité, entre comédie et absurde, triturant la pellicule avec génie et faisant une utilisation fascinante de la couleur.

21.04 > 20:00 + 21.05 > 19:00 + 04.06 > 21:00
6€ / 4€


Paul-Julien Robert, 2012, AT, DCP, st fr, 93

C’est en 1970 qu’Otto Muehl, co-fondateur et figure de proue du mouvement des actionnistes viennois, fonde la commune de Friedrichshof. Au-delà des aspects artistiques, celle-ci deviendra internationalement connue pour sa philosophie radicale. Elle existera pendant pratiquement vingt ans, atteignant par moments 600 habitants provenant de toute l’Europe et promouvant un mode de vie extrême : collectivité des biens et du travail, sexualité libre, refus du couple, éducation collective des enfants… Vers la fin des années 80, Muehl sera traîné en justice. Ce sera la fin de Friedrichshof, qui avait viré en repère de pratiques plutôt douteuses… Depuis le début, tous les instants de la commune furent filmés ou documentés. "Meine keine Familie" est issu de l’incroyable voyage qu’a fait Paul-Julien Robert dans ces archives. Né à Friedrichshof, le réalisateur y a passé ses douze premières années. Son film, composé de nombreuses archives mais aussi de divers témoignages, et d’interviews de la mère du réalisateur, est une longue quête, surprenante et interloquante, pour savoir qui est son père, mais aussi comprendre ce qui pu motiver tant de gens à vivre jusqu’au bout une si extrème utopie.

07.05 > 21:00 + 28.05 > 19:00 + 03.06 > 20:00
6€ / 4€


Atom Egoyan, 1987, CA, 35mm, ang st fr, 86

Dans son deuxième long métrage, Atom Egoyan nous conte, non sans humour noir, un drame familial insolite. Entre un père vivant par sa télé et ses gadgets vidéo, une mère partie, une amante soumise, une grand-mère "parquée" dans un hospice, il y a un fils. Ce dernier pour fuir la triste et perverse ambiance familiale (ainsi que les avances de sa belle-mère), trouve refuge auprès de cette grand-mère maternelle, complètement délaissée par son beau-fils. À son chevet, il rencontre Aline avec qui il décide de faire évader sa grand-mère. Dans cette famille éclatée, le quotidien défile au gré des programmes télévisuels. Les interactions entre les membres de la famille se résument à de longues sessions devant le téléviseur ou le caméscope, et d’anémiques conversations. Egoyan nous présente ces personnages comme des acteurs de soap opéra, et toute sa mise en scène tend vers ce medium : décors, cadres, mouvements de camera et montage, mais également les dialogues et le jeu d’acteur. Tout concourt à créer, petit à petit, une atmosphère dérangeante. Le film dépeint avec une bonne dose d’ironie et d’excès les perversions et aliénations engendrées par la télévision, et l’introduction de la vidéo (VHS à l’époque) dans les foyers.

14.05 > 19:00 + 21.05 > 21:00
6€ / 4€


Crystal Moselle, 2015, US, DCP, vo ang st fr & nl, 90

Le documentaire nous plonge dans une fable urbaine, à la fois dramatique et pleine de lucidité. La fratrie Angulo n’a pas eu d’autres choix que de trouver par le cinéma une porte de sortie vers un monde extérieur. Les parents de cette famille nombreuse considèrent que les relations sociales, par le biais de l’école ou simplement du monde extérieur au foyer n’apportent que du négatif dans l’évolution des personnalités. Une jeune hippie du Midwest et un guide touristique péruvien ont donc élevés leur sept enfants sans jamais leur permettre de sortir de leur appartement new-yorkais. Pour préserver toutes leurs capacités mentales et leur joie, une des activités des six frères a ainsi été de regarder, rejouer et réécrire les textes d’œuvres de David Lynch, Quentin Tarantino, Orson Welles, Wes Craven et d’autres… "The Wolfpack" s’immisce dans le quotidien de ces frères dont l’intelligence créative a permis de trouver dans le cinéma une porte de sortie a un quotidien terne et sans stimulations, et une fenêtre sur un autre monde.

28.05 > 21:00 + 01.06 > 22:00 + 11.06 > 19:00
6€ / 4€


Mariana Otero, 2003, FR, video, fr , 95

A l’âge de 4 ans, Mariana Otero est partie avec sa sœur vivre chez leur grand-mère, leur propre mère partant en voyage à Paris. Deux ans plus tard, cette dernière n’était toujours pas revenue quand on leur annonça qu’en réalité leur mère était morte d’une appendicite. Vingt-cinq ans plus tard, leur père se décide à rouvrir des tiroirs fermés, à sortir des photographies et des toiles de leur mère artiste peintre. Une autre vérité se fait alors lentement jour. Portrait d’une femme absente, "Histoire d’un secret" s’engage, comme un polar, dans une série de tours et détours. Entre mise en scène de cette quête, et jaillissement d’éclats de vérité au fil de quelques rebondissements, le film de Mariana Otero met en scène le secret lui-même jusqu’à son dévoilement final, avançant pas à pas, de questions en fausses pistes. C’est sa lourdeur qui étreint, pèse, et étouffe. Jusqu’à ce qu’il soit levé. Le drame intime rejoint alors l’Histoire à travers le destin de cette femme en quête de liberté et d’émancipation dans une France de la fin des années 60.

Séance en présence de la réalisatrice

09.06 > 20:00
6€ / 4€


Cineketje

Panda petit panda

パンダコパンダ

Isao Takahata, 1972, JP, 35mm, fr , 73

Seule chez elle suite au départ de sa grand-mère, Mimiko, jeune orpheline nippone, est heureuse. Légère, elle bondit et rassure les âmes inquiètes : oui, elle sait faire la vaisselle, les courses et si des cambrioleurs s’invitent dans sa bambouseraie, elle leur servira le thé. C’est pourtant un bambin panda perdu – Panny – qui la surprend dans sa maison aux frontières du monde sauvage. Joie réciproque et spontanée de la rencontre : Mimiko accepte de devenir sa maman. Papa panda arrive et prolonge l’enthousiasme : et si il la prenait pour fille ? Ce trio familial incongru est le point de départ d’une exploration facétieuse des rôles familiaux et de mille jeux où l’on célèbre l’esprit vif et la débrouillardise de la bambine à couettes. "Panda petit panda" est le premier film indépendant des géants de l’animation que sont Isao Takahata et Hayao Miyazaki, réalisé juste avant la fondation du Studio Ghibli. Composé de deux parties, il préfigure un pan de leur filmographie à l’image du papa panda qui annonce Totoro. Une ode à l’autonomie, à l’audace et à la curiosité des enfants dont l’énergie libre et anarchique résonne longtemps.

Tout public

23.04 > 15:30 + 14.05 > 15:30 + 04.06 > 15:30
6€ / 4€


Nocturne

The Baby

Ted Post, 1973, US, 35mm > video, vo ang , 84

Rencontrez les Wadsworth, votre famille déviante américaine typique, où la sévère Mme Wadsworth, après avoir été abandonnée par son mari, maintient un contrôle serré sur ses deux filles psychotiques et Baby, son gentil poupon qui porte des couches culottes, marche à quatre pattes et dort dans un lit-cage… malgré son âge de 21 ans. Malgré ses caractéristiques inhabituelles, la famille réussit à vivre une vie discrète jusqu’à ce que Ann (Anjanette Comer), une travailleuse sociale obsessionnelle qui possède son propre secret familial, mène son enquête et s’intéresse de manière particulièrement zélée à Baby. Thriller mené par des femmes, "The Baby" encapsule les éléments essentiels d’un film culte. Un joyau caché des années 70, réalisé par l’auteur de films comme "Pendez-les haut et court ", "Le Secret de la planète des singes" ou "Magnum Force" (de la série des "Dirty Harry"), bien approprié pour les séances nocturnes de ce programme familial.

05.05 > 22:00
6€ / 4€


Nocturne

Spider Baby

The Maddest Story Ever Told

Jack Hill, 1964, US, 35mm > video, ang , 81

L’histoire des trois enfants orphelins de la famille Merrye, atteints d’un syndrome de dégénérescence rare qui les fait régresser dans des cruautés perverses et les pousse au cannibalisme. Reclus à la campagne dans une maison isolée, ils vivent en compagnie d’un chauffeur qui leur sert de tuteur. Jusqu’au jour où leur oncle et leur tante venus de la grande ville leur rendent visite, attirés par la fortune familiale… Un choc frontal et sanglant est inéluctable. Politiquement incorrect, tenant de bout en bout sur un subtil équilibre entre comédie hilarante et film d’horreur diabolique, truffé de dialogues acides et de clins d’œil à d’autres films d’horreur de l’époque, "Spider Baby" est un modèle de ce que la série B américaine a pu faire de plus barré et audacieux. Un grand film freak largement en avance sur son époque. Avec le légendaire Lon Chaney dans l’un de ses derniers et meilleurs rôles, ce film à petit budget démontre qu’avec un bon grain de folie on peut créer des chefs d’œuvres qui restent longtemps inégalés.

06.05 > 22:00 + 26.05 > 22:00 + 10.06 > 22:00
6€ / 4€


Nocturne

Society

Brian Yuzna, 1989, US, 35mm, vo ang , 99

La Société : il suffit d’y être introduit. Jeune fils de famille bourgeoise de Beverly Hills, Billy n’arrive pas à jouir pleinement du soleil californien et de l’affection aussi louche que tactile de ses parents et de sa sœur. Malgré les avis du psychologue scolaire traitant sa paranoïa, il commence à entrevoir le pire sur sa famille et "la Société", comptant des notables influents de la ville ne se nourrissant pas que de petits fours : élitisme génétique, orgies, dépravation… jusqu’à une découverte finale d’un corps social aux allures de monstre Lovecraftien. Métaphore monstrueuse et décomplexée, comme la série B gore sait le faire, le film de Brian Yuzna retourne littéralement les rapports sociaux comme un gant, à commencer par la famille. Une grotesque et imagée satyre de la bourgeoisie incestueuse, montrant que le cinéma d’horreur de l’époque, en plus de se placer hors d’une esthétique "normée", reste un bon moyen de montrer ce que les gens ont à l’intérieur...

03.06 > 22:00 + 09.06 > 22:30
6€ / 4€


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