Manille, an 2025, marécages de la création à la sauce disco, des chants surgissent d’une jungle d’ordures éclairée de feu d’artifices. Le rideau s’ouvre sur l’histoire du gang Kostka : des enfants de 10 ans, armes à feux en main, cigarette à la bouche. Tribu de freaks, ils guident leur fanfare de violence à travers un labyrinthe de décadence.
Caméra à l’épaule, pieds dans la boue, Khavn de la Cruz ("Ruined Heart") filme furieusement les bidonvilles comme s’ils étaient le décor d’une tragédie grecque ou d’un soap opéra. Dans ce cinéma décomplexé de toute convention, Khavn use d’une abondante variété de techniques pour peindre cette flamboyante et chaotique chorégraphie dans tous les angles possibles. Brut, ardent, dévorant, punk, autant d’adjectifs qui pourraient décrire cette fresque à l’aspect fauché et pourtant riche d’une grammaire cinématographique hyper colorée. "Alipato", la braise, incandescence dans le feu mourant, allume dans nos yeux une étincelle de folie douce.