Un jeune garçon, assis sur un rocher semble hésiter à plonger. Il n’a pas vraiment peur. Enfin, un peu quand même. Il s’en amuse. On plonge alors avec lui dans ce film qui nous invite au voyage. Un voyage que l’on mène jusqu’au bout, en compagnie de Schubert, de musiques traditionnelle, expérimentale, contemporaine, ou simplement des sons d’une campagne magnifiée.
Film chaleureux, qui expérimente, qui documente autant qu’il s’égare, "Lacrau" est une proposition jeune. De ces contemplations joyeuses où l’on oppose des choses simples, comme la ville et la campagne, sans tenter de faire croire que l’on parle d’autre chose. On peut bien y voir des références à Chris Marker ou à Paradjanov sans tomber dans le tour de passe-passe pour cinéphile ou festivalier avisé. De cette jeunesse émane un regard emprunt de grâce, de finesse qui s’ennuierait des leçons et crânement, comme un écolier buissonnier qui a quand même de bonnes notes, ferait le choix de la chair. Une approche organique qui se traduit par l’usage de la pellicule, des rapports sensibles à la lumière, au son, au mouvement. "Lacrau" est un film portugais de son époque, (ce que confirme sa récompense à Doclisboa en 2013) qui avec légèreté, poésie et pertinence, nous évoque le nord du pays et sa ruralité vivante.
Nul doute qu’un film aussi lumineux et exigeant puisse avoir un écho particulier en ce mois de décembre bruxellois.