prog: 2178
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Iraq : Mission Accomplished Year 13

Abbas Fahdel, 2015, DCP, vo st fr & ang, 160

Irak, 2003. Tandis que l’Amérique de Georges W. Bush se prépare à la guerre, que les bombes, les soldats, les tractations diplomatiques sont en marche, à Bagdad, la vie suit son cours. Dans la famille d’Abbas Fahdel, on a l’habitude de la guerre. Il y a eu celle contre l’Iran, puis celle contre le Koweït qui a valu de nombreuses années d’embargos, de misères et de famines à l’Irak. Alors on s’organise. Dans le jardin, on creuse un puit ; l’eau pourrait venir à manquer. On colmate les vitres que les bombardements font exploser. On achète des couches au cas où des gaz meurtriers se répandent dans la ville. On prépare les examens de fin d’année tout en se demandant s’ils auront lieu... A la télévision, Saddam Hussein discoure et se pavane. Les manifestations dans le monde entier contre l’invasion américaine défilent. Une famille entière, une ville, un pays, attend le feu, les bombes, la mort.

"Homeland" se divise en deux parties. La première est celle d’un quotidien sous le signe de cette guerre annoncée. Dans la famille du réalisateur qui la filme, on se livre en toute confiance. Longs travellings, larges plans-séquences, plans fixes suspendus aux minutes qui s’égrènent sous le soleil impassible, "Homeland" s’étire dans la durée du présent. Alors les conversations, les instants anodins, les jeux des enfants construisent le temps de l’intimité, de la familiarité. Et puis les bombes pleuvent. C’est le noir. Le film est désormais coupé en deux. Le temps aussi. Une autre vie commence : celle de l’occupation et des ruines, de la violence qui monte de toutes parts, des difficultés sans fin. Le film reprend les chemins empruntés dans la première partie. Les mêmes bâtiments sont désormais troués. Les mêmes routes barrées par les tanks de l’occupant. Les corps sont blessés. Les âmes meurtries. La propagande télévisée et la terreur de la dictature ont fait place aux langues déliées, aux pulsions de revanche, à la soif de biens. Le temps de la vie courante a fait place à une temporalité qui ne passe plus, qui grippe et se répète sans cesse. Le temps des traumatismes.

Œuvre monumentale, couronnée par la critique, inspirée à la fois par le chef-d’œuvre de Roberto Rossellini, "Allemagne : année zéro" et la série "Heimat" d’Edgar Reitz, "Homeland" est un véritable geste cinématographique qui donne corps et visages aux victimes de cette guerre interminable, pour les rendre à leur humanité, c’est-a-dire, irremplaçables.

10.09 > 16:00   + 18.09 > 18:00 + 22.09 > 20:00 + 02.10 > 16:00 + 16.10 > 18:00
5€ / 3,5€


Abbas Fahdel, 2015, DCP, vo st fr & ang, 174

10.09 > 19:30   + 18.09 > 21:00 + 02.10 > 19:00 + 06.10 > 20:00 + 16.10 > 21:00
5€ / 3,5€


HERE AND THERE

Rencontre autour des images réalisées par quelques nouveaux arrivants en Belgique

Depuis plus d’un an, Cinemaximiliaan organise des séances de cinéma pour et avec les réfugiés récemment arrivés en Belgique. Autour du médium cinéma, les rencontres sont riches et porteuses d’échanges et de désirs. L’association proposera au Nova une sélection d’images tournées par quelques personnes nouvellement arrivées d’Irak en Belgique qui sera projetée en présence de leurs auteurs et du réalisateur d’ "Homeland : Irak année zéro", Abbas Fahdel, invité à en débattre avec les autres participants. Rushes non montés, moments de vies captés à l’arraché, ces images brutes, séquences de quelques minutes tournées par différentes personnes, témoignent d’un présent, ouvrent une fenêtre sur le monde, un monde en l’occurrence déchiré par des frontières politiques et géographiques. Cette séance, en forme de "work in progress", se veut un moment de rencontres, de discussions, d’échanges autour de ces images offertes comme en contrepoint au chef-d’œuvre du réalisateur irakien, qui aura présenté son film la veille. Les images ne seront pas sous-titrées et les échanges se feront dans les langues d’origine. Mais ils seront résumés en direct dans la mesure du possible.

Entrée libre et gratuite sur inscription seulement à envoyer à nova@nova-cinema.org , avec comme sujet "Abbas/Cinemaximilaan",

11.09 > 16:00  
Gratis


Of Men and War

Des hommes et de la guerre

Laurent Bécue-Renard, 2014, DCP, vo ang st fr, 142

En 2008, un vétéran de la guerre du Vietnam décide de créer un centre consacré à la réhabilitation et la réinsertion d’anciens combattants, le Pathway Home en Californie. Les vétérans qui y sont accueillis souffrent tous de STPT (PTSD en anglais), “stress de trouble post traumatique”, terme générique sous lequel on regroupe des syndromes éprouvés suite à un traumatisme violent et profond. Comme justement des traumatismes vécus dans le cours d’une guerre. Des fêlures psychologiques que généralement on accepte dans le cas de civils, mais plus difficilement pour des soldats ayant commis des horreurs meurtrières.

Pendant cinq ans, de 2008 à 2013, Laurent Bécue-Renard va partager le parcours d’une douzaine de vétérans des guerres d’Afghanistan et d’Irak accueillis au Pathway Home. Ils y suivent une thérapie de groupe qui peut-être leur permettra de retrouver un semblant de vie normale. Car rongés par le remord, par la honte, par une culpabilité sans fin, ces hommes sont des écorchés vifs. Avec énormément de patience on leur apprend à raconter l’indicible, à se libérer par la parole. C’est d’ailleurs cette dernière qui est le centre névralgique de “Of Men and War”, les récits individuels de ces hommes étant le pivot autour duquel se construit le film.

La caméra de Laurent Bécue-Renard filme au plus près, sans complaisance, ni condescendance, les visages, les gestes, les paroles de ces anciens soldats. Forts un temps, ils sont devenus fragiles. Lentement, et non sans difficulté, les langues se délient, et un récit se construit. Le plus frappant est qu’en écoutant les histoires vécues par ces hommes, en observant leurs visages, on a réellement l’impression de voir des bombes éclater, du sang gicler, des membres être arrachés,…Et pourtant jamais on ne verra des images de guerre. Tout se passe dans le huis-clos du Pathway Home, et seulement de temps à autre le réalisateur se permet une furtive incursion à l’extérieur, dans le quotidien des familles des soldats.

A partir de plus de cinq cents heures de rushes (le tournage ayant duré cinq mois), et un travail de ciselure au montage, Laurent Bécue-Renard tisse un film qui, en creux, est un long plaidoyer contre les ravages de la guerre. Exigeant et certainement dérangeant. A voir à tout prix.

En présence du réalisateur le 16 septembre à 20h

16.09 > 20:00   + 25.09 > 19:00 + 01.10 > 18:00 + 13.10 > 20:00 + 23.10 > 16:00
5€ / 3,5€


Laura Poitras

Post 9/11 Trilogy

Réalisatrice, productrice, journaliste, artiste, …. Laura Poitras revêt de multiples casquettes sous le signe de l’engagement et de l’activisme socio-politique. Et dire qu’auparavant, elle était chef cuistot ! Mais les déclinaisons culinaires ne lui permettant pas de questionner suffisamment l’état du monde, elle se lance dans des études de cinéma expérimental, puis de sciences politiques. Le jour des attentats du 11 septembre 2001, elle se trouvait à New York où elle habitait. Trois ans plus tard elle décide de se rendre en Irak, elle qui n’avait jamais couvert une guerre. Elle y réalise “My country, My country” qui deviendra le premier opus de sa trilogie sur l’après “onze septembre”. En obtenant l’Oscar pour “Citizenfour”, le dernier volet de ce triptyque, Laura Poitras devient l’une des personnalités les plus influentes sur la scène du documentaire américain. Dérangeante car toujours en quête de vérité, elle sera obligée d’émigrer à Berlin pour se soustraire à la surveillance de la CIA. Le Nova vous propose de découvrir son fameux triptyque “post 9/11”, dans l’attente de pouvoir peut-être un jour l’accueillir...



Laura Poitras, 2006, video, vo st ang, 90

Trois ans après les attentats à New-York, un an après l’invasion de l’Irak par la coalition menée par les Etats-Unis, Laura Poitras se lance dans un projet aussi ambitieux que dangereux. Pendant huit mois, seule, sans équipe de tournage, elle documente la vie des irakiens sous l’occupation américaine, alors que les premières élections “démocratiques” de janvier 2005 se préparent. La figure centrale du film est le docteur Riyahd, un irakien sunnite qui, à part prodiguer des soins et des conseils, œuvre avec passion pour l’établissement de la démocratie en Irak, et se porte candidat aux futures élections. Son regard sur l’occupation américaine est très critique, alors qu’autour de lui le chaos est absolu. Avec “My Country, My Country” Laura Poitras s’inscrit dans la droite lignée du “cinéma vérité”. Le sujet qu’elle aborde est des plus épineux. Car au-delà de la chronique d’une page de l’histoire récente de l’Irak, c’est de la légitimité d’une démocratie imposée par la force et par les armes dont il est avant tout question.

11.09 > 20:00 + 09.10 > 17:00
5€ / 3,5€


Laura Poitras, 2010, video, vo st ang, 90

L’idée première pour ce deuxième volet post 9/11, était de suivre le retour à la maison d’un prisonnier de Guantánamo Bay. Laura Poitras démarre ainsi ses recherches au Yemen, pays d’origine de nombreux détenus de la prison américaine. Elle y rencontre la famille de Salim Hamdan, chauffeur d’Oussama bin Laden et premier prisonnier à être jugé par la commission militaire de Guantánamo. Mais aussi Abu Jandal, ex-garde du corps du chef d’Al-Qaïda. C’est finalement lui qui devient le fil conducteur du film. Personnage complexe, aux nombreuses zones d’ombre, Abu Jandal ne se définit pourtant pas comme un révolutionnaire violent ou un partisan des attentats. Cependant, même éloigné du terrorisme, il continue à croire aux objectifs d’Al-Qaïda. Charismatique, il affiche une ambiguïté déroutante, alors que la présence de Salim Hamdan, emprisonné et jugé à Guantánamo au moment du tournage, hante le film. Des lettres écrites à la famille ponctuent "The Oath" ("le serment") qui, construit comme un thriller politique, nous dévoile de façon surprenante des pans cachés de la guerre lancée par les USA au terrorisme. Mais aussi le côté trouble de ce “diable” qu’elle veut combattre.

11.09 > 22:00 + 09.10 > 19:00
5€ / 3,5€


Laura Poitras, 2014, DCP, vo st fr, 114

Réalisé dans le plus grand secret, "Citizenfour" eu l’effet d’une bombe à sa sortie en 2015. Le sujet est exceptionnel et nous concerne tous. Deux ans plus tôt, Laura Poitras reçoit un message crypté d’un certain “Citizen four” (“Citoyen quatre”), qui propose de lui dévoiler des informations sensibles sur la NSA, l’agence de sécurité américaine. Rendez-vous est donné dans une chambre d’hôtel à Hong Kong, où Laura Poitras se rend accompagnée de Glenn Greenwald et Ewen MacAskill du journal The Guardian. Le trio se retrouve face à un certain Edward Snowden qui deviendra l’un des plus célèbres lanceurs d’alertes contemporains. Pendant quatre jours, il leur dévoilera comment la NSA a conçu le plus intrusif et pernicieux système de surveillance mondial, surnommé Tempora. Tous s’interrogent sur le moyen de dévoiler cette manne d’informations au reste du monde. Ce sera chose faite le quatrième jour, avec une annonce qui déclenchera une chasse à l’homme digne d’un livre de John le Carré. Et tout cela en direct devant la caméra de Laura Poitras ! Incroyable plaidoyer sur la nécessité de trouver un équilibre entre transparence et sécurité, “Citizenfour” doit absolument être vu !

09.10 > 21:00
5€ / 3,5€


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prog: 2178
pos: aval