Telle une malédiction, la déclaration de guerre est bien souvent d’une effroyable efficacité. Mais lorsqu’on affirme que "La guerre est finie !", il en va tout autrement. La crise et les atrocités s’interrompent rarement une fois déclarée la fin officielle des hostilités. Cette annonce ne parvient plus, depuis le XXème siècle des guerres totales, à faire croire à un retour à "la normale". Georges Bush Jr s’y est encore bien essayé le 1er mai 2003 en assurant confiant, vainqueur et sûr de son bon droit, que le gros des opérations de guerre "préventive" en Irak était derrière nous…
Alors surgit la question de "la normale" vers laquelle on est censé retourner. Au mieux, assommés par les morts, disparitions et destructions, on titube comme lors d’une gueule de bois dans l’espoir de reconstruire. Et ce parfois jusqu’au prochain conflit, où d’autres intérêts vont s’opposer, d’autres groupes vont chercher à dominer. Pour certains, la marche en avant de l’Histoire fait sens ; pour d’autres, la perte d’êtres chers n’en donne plus.
Si elle s’énonce officiellement finie, la guerre mute, se propage et s’adapte à son temps. À la déshumanisation industrielle des guerres de tranchées succède aujourd’hui l’implacable menace permanente d’invincibles et invisibles drones alors qu’à terre, rampe l’ombre du terroriste qui peut frapper à tout moment. Quitte à accepter de restreindre les libertés de chacun, ou autres dommages collatéraux, tous les moyens sont bons pour lutter contre cet épouvantail mortifère, prétexte parfois commode à bien des réformes. Pourtant, on nous l’a assuré plus d’une fois, la guerre, sur notre sol ou non, est bel et bien finie ! Surtout, la guerre est toujours un mal pour un "bien" : enfin vivre dans un monde meilleur. En Irak, comme en Libye d’ailleurs…
En écho à ces déclarations péremptoires, ce programme propose un arsenal de films et d’événements traversant différentes époques ou genres, qui explorent chacun à leur manière les séquelles territoriales, psychologiques et sociétales de ces après-guerres (auto)proclamés. Déclarées en notre nom, ces guerres ou ces "absences" de guerre peuvent au moins se disséquer, s’analyser, être moquées (arme jouissive s’il en est), être remises en question, se voir incarnées par des Zombies, revêtir d’étranges draps, accoucher de styles musicaux éphémères, donner envie de se pencher sur des archives, ou devenir sujet de chef d’œuvres !
Bref, c’est pas de l’info en continu, c’est du cinéma !