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Complément : Biafra

La guerre civile du Nigéria née de la tentative de sécession du Biafra, fut au centre de l’attention du monde médiatique à la fin des années soixante. A l’instar de la guerre du Viêt Nam, ce conflit a été photographié et filmé comme aucun auparavant, ni par la suite. Clichés et films extrêmement dérangeants ont ainsi suscité l’indignation dans le monde entier. Le Biafra mélangeait réminiscence de "génocides" passés et découverte de la famine africaine. L’action humanitaire moderne y fit son apparition sur la scène internationale. Figure de proue de ce mouvement, Bernard Kouchner en jeune premier, à peine sorti de la faculté de médecine mais déjà féru de politique, alors que des dizaines de couvertures de magazines et de reportages télé inondaient le monde d’images d’enfants aux ventres gonflés. Depuis, dans l’espace francophone, on a pris l’habitude d’évoquer en priorité les problèmes de pauvreté touchant les pays d’Afrique, eux aussi francophones, tout en délaissant l’analyse sur le rôle des puissances mondiales dans le (non) devenir de leurs anciennes colonies. Voici donc l’occasion de s’arrêter sur une séquence historique dont les plaies ne sont pas totalement refermées, donnant à nouveau lieu à des revendications identitaires fortes et à une répression violente.

combi : 7.10 > 5/3,5 € // 8.10 > 6/5 €



Biyi Bandele, 2013, DCP, vo st fr, 113

"Half of a Yellow Sun" suit le destin, depuis le début des années 60 de deux sœurs jumelles aux caractères très différents, Olanna et Kainene. Si le film ne nous plonge pas immédiatement au cœur de la guerre du Biafra, c’est pour mieux cerner l’émergence et la brutalité du conflit au travers de différentes perceptions et sensibilités.

2014, le visa de censure n’arrivait pas et la sortie du film au Nigéria était sans cesse repoussée. Il n’en fallait pas plus pour susciter la curiosité des Nigérians et peut-être encore davantage celle de ceux de la diaspora. Difficile de comprendre en quoi pouvait poser problème un film sur le Biafra aujourd’hui, et pourtant...

Le film était déjà attendu pour plusieurs raisons. Une alliance assez inédite entre Nollywood et Hollywood, un casting international (dont Chiwetel Ejiofor, tout droit sorti de "Twelve Years a Slave"), et donc un budget conséquent, rare pour un film africain. Surtout, il est l’adaptation du second roman de Chimamanda Ngozi Adichie, dont le troisième, "Americanah", venait de sortir. Succès de librairie, succès critique, une nouvelle voie du féminisme et des post-colonial studies, cette oeuvre littéraire est aussi signée par une écrivaine rendue célèbre pour son Ted talk "We Should All Be Feminists" samplé plus tard par Beyoncé !

Là où le livre "Half of a Yellow Sun", dans la tradition de Chinua Achebe, arrive à aborder des situations complexes de manière simple, grâce à des stratagèmes littéraires habiles, sensibles et efficaces, où le recours à l’imagination du lecteur qui connaît les images marquantes vues dans les journaux de l’époque fonctionne à merveille ; le film se bat entre difficultés de production et incapacité à aborder l’horreur et la violence de front, malgré quelques tentatives honorables de mise en scène (la reconstitution du Lagos 60’s), une photo intéressante et l’utilisation d’images d’archives. La nécessité de rentrer dans les canons de deux traditions cinématographiques n’arrangeant rien.

Reste qu’au milieu de tout cela, "Half of a Yellow Sun" n’a pas eu sa chance en salles. Et c’est justement parce qu’il est un édifiant et très récent témoignage de l’incapacité à aborder sereinement le sujet, et donc qu’il est matière à discussion, que ce film a sa place dans ce volet spécial Biafra au Nova. Une occasion peut-être unique de le découvrir sur grand écran en Belgique.

En présence de Daria Tunca qui introduira le film, chercheuse CEREP (Centre d’Enseignement et de Recherche en Littératures Postcoloniales) de Liège, spécialiste de l’œuvre de Chimamanda Ngozi Adichie.

07.10 > 20:00
5€ / 3,5€


Séance d’écoute

WAKE UP YOU !

THE RISE AND FALL OF NIGERIAN ROCK, 1972-1977

Uchenna Ikonne, actif dénicheur des perles de la musique nigériane 60’s et 70’s (on lui doit, entre autres choses, la redécouverte de William Onyeabor) vient de publier deux livres et compilations sur la courte vie du rock nigérian entre 1972 et 1977. On ne pouvait pas passer à côté ! Il montre comment les groupes ont été, à leurs débuts, des figures emblématiques du conflit biafrais, à tel point que chaque compagnie militaire voulait un groupe attitré voyageant avec eux, leur attirant la sympathie des habitants des villes et villages traversés. Il démêle l’histoire complexe et foisonnante des transfuges, des déchirements et des heureuses combinaisons entre musiciens qui allaient, au sortir de la guerre, constituer le champ du rock nigérian. Histoire des labels bien sûr, mais aussi de la survivance d’un certain esprit qui s’incarne dans ces groupes d’un pays aux cicatrices encore douloureuses.
Écoute de morceaux, extraits vidéos (avec entre autres Fela Kuti, Ginger Baker mais aussi de Paul McCartney venant enregistrer à Lagos), diaporama... Nous vous proposons une séance riche en musique endiablée à partir des livres d’Uchenna Ikonne, qui fera son apparition sur l’écran en fin de séance grâce à la magie d’internet et du monde moderne.

On jouera les prolongations au bar avec des sons Highlife, Afro-beat et rock, bien sûr, en compagnie de Chris Ofili.

07.10 > 22:00
3,5€ / 2,5€


Nous invitons Valérie Gorin, historienne, chercheuse au Centre d’enseignement et de recherche en action humanitaire de Genève, à présenter ses travaux.

Cette session a pour objectif de revenir sur les enjeux fondamentaux qui naissent de la relation entre belligérants, médias et humanitaires pendant la guerre du Biafra. Alors que la famine qui en découle atteint son pic en été 1968, les journalistes occidentaux adhèrent à la rhétorique victimaire alors amorcée par le chef biafrais, le Colonel Ojukwu, qui met en place une véritable « machine médiatique » basée sur une propagande génocidaire.

La session est construite sur deux types de documents. Le photojournalisme de guerre d’abord, qui vit son apogée dans les années 1960, exhibe les enfants affamés en effigie absolue de la souffrance, permettant de dépolitiser les enjeux complexes du conflit sécessioniste – à l’image des photographies de Gilles Caron ou des magazines d’actualités (Life, Le Nouvel Observateur). Des extraits audiovisuels de la Télévision Suisse Romande ensuite, issus de l’émission d’actualités politiques Carrefour. Les journalistes, amenés en avion par l’agence de relations publiques Markpress, basée à Genève, développent des récits centrés essentiellement sur l’horreur. Les entretiens réalisés dans Carrefour montrent également que les organisations humanitaires, notamment le CICR, Terre des Hommes et les prêtres catholiques irlandais, interviennent désormais comme experts médiatiques, dans des discours qui suscitent compassion, indignation et interventionnisme.

08.10 > 20:00  
3,5€ / 2,5€


Séance d’écoute

Ojukwu’s words

Des enjeux géo-stratégiques complexes, des problématiques post-coloniales, des tensions ethniques, la naissance de "l’action humanitaire" moderne, mais aussi l’adhésion intellectuelle et sentimentale du peuple Biafrais à un chef Charismatique, ambigu et fuyant : Chukwuemeka Odumegwu Ojukwu.
Nous vous proposons d’entendre la voix chaude et séduisante du Général Ojukwu. Un discours d’un quart d’heure, comme on pouvait l’entendre à l’époque sur Radio Biafra.

+ The Encounter

Tolu Ajayi, 2015, DCP, vo st fr, 22

Court métrage récent venu tout droit de Nollywood, "The Encounter" est tiré de la nouvelle de Henry Onyema, et nous permet d’assister à une reconstitution de la confrontation entre Ojukwu et un prisonnier, ancien allié. L’occasion de découvrir la face glaçante de ce chef de guerre...

08.10 > 22:00
2,5€


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pos: aval