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Fantasmagoric Guy Maddin

Il est assurément un des réalisateurs parmi les plus visionnaires et originaux de notre époque. Direct héritier des pionniers du cinéma des premiers temps, depuis la moitié des années ’80, Guy Maddin égrène des films qui ne ressemblent à rien de déjà vu, ni pour leur scénario ni pour leur esthétique. Son cinéma est fondamentalement un “cinéma de l’imaginaire“, un cinéma qui réveille en nous des réminiscences de contes étranges et fantasmagoriques, tels que nous les vivions enfants ou adolescents. Pour plonger dans le cinéma de Guy Maddin une condition s’impose : faire un lâcher-prise des canevas de lecture habituels. Car son cinéma défie toute tentative d’interprétation rigoureusement logique.
Guy Maddin est originaire de Winnipeg, dans la province du Manitoba, dans l’ouest du Canada ; des lieux qui déjà de par leur nom nous promettent un exotisme hors du commun. Non seulement Winnipeg, mais aussi de nombreuses anecdotes puisées dans le vécu et l’environnement familial inspirent, dès les premiers films, l’œuvre de Guy Maddin. Le tout remixé avec des éléments visuels et sonores empruntés à la période du cinéma muet teinté, mais aussi aux séries B ou Z, ou encore aux mélodrames des années 40 et 50. Des films souvent peuplés de vierges, de vampires, de fantômes, ou encore de personnages issus de traditions folkloriques lointaines.
Le Nova a dans le passé programmé plusieurs de ses films : "Archangel", "Careful", "The Saddest Music in the World", "My Winnipeg", … Avec ce dernier opus notre ami ne déroge pas à la règle et va plus que jamais à contre-courant d’un cinéma bienséant.



The Forbidden Room

La chambre interdite

Guy Maddin & Evan Johnson, 2015, DCP, vo st fr, 120

"Hello I’m Marv. Aujourd’hui nous allons discuter de bains". C’est par une séquence quelque peu loufoque, sur comment prendre un bain, que commence "The Forbidden Room". Quelques instants plus tard on se retrouve en immersion dans le sous-marin SS Plunger. L’équipage de bord est en crise : son capitaine est séquestré quelque part dans le sous-marin, alors qu’un chargement d’explosif pourrait sauter et que l’air est en train de manquer (mais heureusement il y a de l’oxygène qui s’échappe du stock de biscuits à l’avoine !). Soudain apparaît un bûcheron téléporté, comme par magie, d’un autre film. Il raconte ses tentatives pour libérer la belle mais amnésique Margot, otage de vilains sauvages. S’enchaînent ainsi une douzaine de saynètes, fragments de films des premiers temps, de films imaginaires et peut-être jamais réalisés. Les scènes se succèdent et se transforment avec des effets de morphing délirants. Certains dialogues sont parlés, d’autres apparaissent en tant que sous-titres, et des cartons ponctuent la narration.
Cherchez l’histoire et vous trouverez "des" histoires. "The Forbidden Room" est tout sauf un film avec un récit linéaire. C’est un film probablement unique dans son genre, une expérience cinématographique avant tout sensorielle. On est transportés dans une cascade d’histoires, plongés dans un voyage tourbillonnaire, un peu comme si vous aviez été prié de prendre un acide avant de vous y embarquer ! Les effets sont innombrables et par moment absolument époustouflants. Les couleurs saturent et désaturent, du monochrome on bascule dans le premier Technicolor, la pellicule se tord, se casse, brûle, les textures argentiques subitement se fondent dans des pixels… Oui car détrompez-vous, avec "The Forbidden Room" on est dans le monde du digital, dans le cinéma d’aujourd’hui qui rend un superbe hommage au cinéma d’hier.
A l’origine de ce film il y a la fascination de Guy Maddin pour des films initiés par des réalisateurs mythiques mais jamais tournés. Il décide alors d’en reconstituer une série. Les tournages, précédés par des sessions de "spiritisme" (!), se dérouleront d’abord à Paris puis Montréal. Le public pouvait y assister. Geraldine Chaplin, Mathieu Amalric, Udo Kier, Isabella Rossellini, Maria De Medeiros, Charlotte Rampling…sont seulement quelques-uns des nombreux acteurs qui ont accepté de faire partie de la folle équipée.
Ainsi est né "The Forbidden Room", projet totalement fou !

08.05 > 15:00 + 13.05 > 22:00 + 14.05 > 19:00 + 15.05 > 18:00 + 22.05 > 17:00 + 28.05 > 22:00 + 05.06 > 17:00
5€ / 3,5€


Yves Montmayeur, 2015, DCP, vo st fr, 65

Ce film de Yves Montmayeur est certainement un “compagnon” essentiel pour rentrer dans l’univers onirique, fantasque et quelques fois bien alambiqué de Guy Maddin. Réalisé à partir d’ extraits en Super8, 16mm, vidéo et des interviews faites à des époques différentes, le film nous plonge dans trente ans d’un parcours artistique aussi extravagant qu’extraordinairement personnel et cohérent. Le documentaire nous réserve quelques belles surprises avec les témoignages de Isabella Rossellini, Kenneth Anger, John Waters, des Frères Quay, ou encore d’Udo Kier, qui apportent des éclairages plus intimes sur la personne de Guy Maddin.
Yves Montmayeur opte pour un montage non-linéaire et non-chronologique, et réussit ainsi le pari de réaliser un documentaire inventif, qui épouse de façon originale la personnalité de Maddin. Ce n’est pas pour rien qu’il a d’ailleurs remporté le prix du meilleur documentaire au dernier Festival de Venise.

08.05 > 18:00 + 21.05 > 22:00 + 29.05 > 20:00
5€ / 3,5€


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pos: aval