Au lendemain du tsunami du 11 mars 2011, un seul souhait anime les survivants : si seulement il n’y avait pas eu la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi sur le chemin de la vague… Aussi douloureux que ça puisse être, la société japonaise sait se relever des catastrophes naturelles auxquelles elle est coutumière. Tout, au Japon, est calculé pour faire face aux séismes et autres tsunamis d’envergure et quand, malgré tout, la frappe touche, la pénible voie du retour est connue. Mais que faire quand l’angoisse est invisible et profondément méconnue ?
Au lendemain de l’accident nucléaire de Fukushima, une ferme volonté anime l’équipe du Festival international du film documentaire de Yamagata, le plus grand du genre en Asie : soutenir résolument la réalisation de films documentaires sur l’après catastrophe, aussi modestes soient-ils, réalisés par les locaux. A peine 6 mois après, le programme "Cinema with Us" accouche d’une programmation de pas moins de 28 films projetés lors de l’édition 2011 du festival de Yamagata reflétant au plus près la réalité de l’exode nucléaire et des luttes menées par les habitants de provinces désormais maudites. Ville voisine de Fukushima, Yamagata brille à l’époque par l’absence d’étrangers pendant son festival.
Contrepoints à l’indigence médiatique, ici et outre-Asie, et aux discours officiels rassurants, des réalisateurs perpétuent cette dynamique et proposent des films qui, toujours, rendent compte du quotidien dans ces terres irradiées depuis l’appel au retour dans certains villages évacués, l’impossible capture de l’atome perturbateur jusqu’à la réorganisation de la lutte citoyenne plongée dans le coma depuis les années 80. Après une première édition en 2014, nous accueillions cette seconde programmation issue de ce programme essentiel pour dépasser les discours convenus, voire même, les catastrophistes farfelus planqués dans les abysses du net.