Il y a tout juste 40 ans, le 11 avril 1976, le cinéaste et poète danois Jørgen Leth (celui que Lars von Trier mit à l’honneur et malmena en 2003 avec ses “Five Obstructions”) réalisait ce qui restera probablement dans les annales du cinéma comme un des meilleurs documentaires sur le sport. Passionné de course cycliste - qu’il considère comme l’expression rituelle de la victoire ou de la défaite humaine -, il réunit plusieurs équipes de caméramans et preneurs de son pour suivre toutes les étapes du Paris-Roubaix, course mythique et redoutée que l’on surnomme “l’enfer du Nord” pour ses éprouvants chemins de campagne, ses 27 secteurs recouverts de pavés (52,6 km) et sa météo capricieuse, et où les plus grands champions cyclistes de l’histoire ont forgé leur légende. Ce dimanche-là, quelques stars du vélo se disputent le titre : Eddy Merckx, Roger De Vlaeminck, Freddy Maertens, Francesco Moser, Marc Demeyer... Jørgen Leth choisit parmi eux ses héros et ses méchants, les dépeignant avec un mélange unique d’objectivité et de mythification. Mais au-delà du caractère spectaculaire, rude et poétique de la course, il filme tous ses à-côtés, depuis les préparatifs des mécaniciens à l’aurore jusqu’aux coureurs couverts de boue qui se douchent après la course à Roubaix, en passant par le public qui attend leur arrivée...