Ses parents auraient préféré le voir devenir prêtre, mais le controversé réalisateur autrichien Ulrich Seidl (°1952) a cherché son salut dans le cinéma. Débutant comme documentariste, il développe un point de vue plutôt sombre sur l’humanité, comme en témoignent ses films "Der Ball", "Tierische Liebe" ("Animal Love") ou encore "Models". Il dévoile de préférence les côtés détraqués, tant bizarres que tragiques, de ses compatriotes, et s’attache à montrer la marge obscure de la société autrichienne. Dans ses films, le spectateur est placé en témoin devant des tableaux qui le mettent mal à l’aise et le rendent ainsi voyeur. De plus, Seidl manipule la réalité à sa sauce en mélangeant du matériau documentaire avec des mises en scène fictives. Mais ce qui marque en premier, c’est la volonté extrême des personnages de rendre le public complice de leurs gestes les plus intimes. Dès son premier long métrage de fiction, "Hundstage" ("Dog Days"), il joue avec les codes du documentaire, avec de longues séquences statiques notamment. Seidl travaille surtout avec des acteurs non professionnels qu’il rencontre dans la rue. Pendant le tournage, il laisse souvent libre cours aux improvisations. Son film "Import/Export" et la trilogie ambitieuse "Paradise" lui ont valu une certaine reconnaissance internationale. "Im keller" ("In the Basement"), son dernier opus que nous montrons en première au Nova, est une fois de plus un documentaire hargneux empreint d’humour noir dans lequel il dépeint l’Autriche comme un monde étrange habité par un peuple aux secrets bien cachés.