"Unheimliches", mot allemand presque impossible à traduire littéralement. On dit qu’ il appartient au langage freudien, Freud étant en plus d’origine autrichienne. "Unheimliches" désigne un mélange d’étrangeté et d’inquiétude. D’inquiétante étrangeté... Un sentiment qui de toute évidence se dégage du cinéma autrichien de ces dernières années. Un cinéma qui est bien loin de "Sissi" et du romantisme nostalgique d’une feu Autriche impériale. Un cinéma qui peut-être inconsciemment, ou consciemment, se débat avec les démons d’un certain passé, pas si lointain que ça... De fait, après-guerre, l’Autriche a été animée par des mouvements avant-gardistes qui ont marqué le paysage culturel bien au-delà de ses frontières. On parle d’une avant-garde qui n’a jamais brandi explicitement des grands manifestes politiques, mais qui, par sa façon d’agir, était aussi "politique". L’Autriche a ainsi été le théâtre d’une des scènes performatives les plus radicales qui soient, le Wiener Aktionismus, dans les années 60. Avec une utilisation et des mises en scène du corps humain qui n’ont pas manqué de faire crier au scandale. Plus récemment, dans les années 90, c’est le cinéma qui s’est retrouvé à l’avant-poste pour mener une critique acerbe et clinique de la société autrichienne (mais peut-être aussi occidentale ? européenne ?). Au-delà des tons provocateurs d’une certaine avant-garde, depuis quelques années, l’Autriche se révèle aussi comme un laboratoire, extrêmement fertile, pour des expérimentations artistiques formellement plus affinées. Ainsi, on y découvre une des scènes expérimentales les plus vivaces d’Europe, que ce soit au niveau du cinéma ou de la musique. À la pointe dans l’utilisation des nouvelles technologies, mais qui n’oublie pas pour autant de préserver les acquis d’un héritage du passé, tout en le questionnant, voire en le remixant.
Pour cette rentrée 2015, le Nova vous propose ainsi un parcours dans le cinéma expérimental et d’avant-garde autrichien, depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui. Nous naviguerons dans des formes d’expérimentation non seulement cinématographiques mais aussi sonores. Avec quelques pauses dans le cinéma d’art et essai un "poil" (!) plus classique. Prost !