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Week-end #2

On peut douter des projets d’air pur vantés par la ville, par contre nettement moins de sa volonté de renforcer son attractivité. La multiplication souhaitée de grandes enseignes et ses projets d’événementiel à outrance souligne la volonté de s’imposer comme une destination city-trip historico-shopping incontournable devant les Rome, Tokyo ou Maasmechelen Village,.. En quête éternelle d’investisseurs, les villes modernes se concurrencent et renforcent leur attrait touristico-financier, quitte à suivre des modèles qui ravagent la vie locale au profit d’une classe privilégiée et de partenariats public-privé (PPP) dont la construction de bureaux, de centres de conférences, de malls, de stades et autres artefacts niant histoire locale et humanité. Ville-tentaculaire anthropophage à Istanbul, ville-tourisme noyant Venise, ou nouvelle ville-bureaux éradiquant le vieux Roubaix, les trois documentaires présentés ce week-end éclairent diverses facettes d’un Citymarketing dévastateur dont Bruxelles, capitale des congrès, se fait sa priorité.



Film

Ecumenopolis : City Without Limits

Ekümenopolis : Ucu olmayan sehir

Imre Azem, 2011, TR, HD, vo st fr & ang, 93

"Lieu même et symbole de la civilisation", "enchevêtrement de ruelles trouées par de gros boulevards", "grouillement cosmopolite"... telle est l’Istanbul brossée par les guides touristiques. "Ecumenopolis" nous invite à un voyage saisissant dans les coulisses de la métropole turque, au travers d’une enquête fouillée qui nous dévoile une Istanbul gémissante sous une croissance urbaine effrénée. Réalisé deux ans avant la révolte de la place Taksim et de l’occupation du parc Gezi en voie de destruction pour y bâtir un centre commercial et piétonniser Taksim (tiens donc), ce documentaire formellement remarquable et très documenté, permet de mieux comprendre le contexte et la substance de ces manifestations. Les politiciens et les institutions sont devenus le bras armé de grands projets d’équipement de la mégalopole au nom du néo-libéralisme triomphant. Parmi eux, se trouve la construction d’un troisième pont sur le Bosphore, une décision révélatrice d’un système où le profit et la mise en scène du progrès sont privilégiés au détriment de l’intérêt général. Un film salutaire dont les constats affligeants, tant aux niveaux urbanistique, environnemental que social, sont transposables aux grandes villes européennes.

Introduction par Eveline Knievel Oyku Gorgulu, architecte et témoin de #OccupyGezi.

18.07 > 20:00
3,5€ / 2,5€


Concert

Why the Eye

BE

Why the Eye, épelé en phonétique sonne [wai] [di] [ai]. Les mêmes secoués donnent [di] [ai] [wai]. Maintenant répétez alternativement : Why the Eye & DIY. Ce combo de percussionnistes est une secousse musicale pour les yeux et les oreilles. En commis de cuisine, ils mitonnent une musique auriculaire à l’aide d’instruments amplifiés, assemblages hétéroclites de pièces récupérées ci et là. Caractéristiques de la lutherie sauvage, ils sont appelés microdrukit, castabignettes, radiocaphone, bendging. L’œil gauche du lynx reconnaît le lamellophone, sorte de piano à pouce post-atomique, une évidente parenté ergonomique avec le sanzaz ou le likembe. L’œil droit du coyote identifie d’instinct l’instru à roue, synonyme de vielle à roue de retour du futur. Masqués, tels des faunes, Nico, Damien, Thomas et DJP appellent les esprits des percussions. Et il ne faut pas plus de deux morceaux servis chauds pour ressentir ses jambes se dégourdir, les flancs se débourrer, et le dansant s’emparer des corps !

whytheeye.wordpress.com/

18.07 > 22:00
5€ / 3,5€


Conférence-débat

Platform Pentagone

Telle une plante vivace, l’écran déplié au firmament et au "pas de porte" du Cinéma Nova est une proposition impulsée chaque année, qui manqua de se réaliser cet été. Nécessitant la déviation du trafic, cette projection est, de ce fait, confrontée à la gestion de l’espace public gérée par la cellule événement de la Ville de Bruxelles. C’était sans compter l’aménagement du piétonnier sur les boulevards centraux et le déménagement du trafic vers les parkings centraux par une "boucle de desserte", le fameux miniring. Démarrant le 29 juin, la phase test compromet ainsi le déroulement de l’édition 2015 : même occuper partiellement l’actuelle zone de déchargement limitrophe au Nova pour y parquer des vélos est désormais impossible, les bus s’y arrêteront…

Ainsi, avant même de démarrer, ce piétonnier assorti d’un mini-ring prend les allures d’une saga où le conseil communale recourt à l’oxymore et la tautologie dans ses communications à ses administrés, réduisant à dessein et à néant les conditions d’un débat démocratique. Les riverains et usagers du Pentagone, susceptibles d’émettre une réserve, sinon une critique sont illico taxés de rabat-joie, de conservateur ou de cassandres. Alors que les enjeux de ce plan sont économiques, politiques et sociologiques (n’ayons pas peur des mots) dans un centre-ville où jusqu’ici la zone 30 km/h était le dénominateur commun, les lieux de discussions contradictoires et nuancés font défaut.

Touché au premier chef, le Nova réunit quelques citoyens, membres de la Platform Pentagone, pour mettre au clair ce que nos édiles nous réservent et comment ils tentent de "faire passer un chameau dans le chat d’une aiguille".

Avec :
• Isabelle Marchal, habitante du Nouveau Marché aux Grains
• Manu Brocante, habitant des Marolles
• Mohamed Benzaouia, Inter Environnement Bruxelles
• Patrick Wouters, ancien commissaire de police des Marolles

19.07 > 18:00
Gratis


Film

The Venice Syndrome

Das Venedig Prinzip

Andreas Pichler, 2012, AT-IT, HD, vo it st fr & ang, 82

Petit coin de paradis prestigieux, il fut un temps où l’évocation de la cité vénitienne embellissait les cœurs éperdus des curieux en quête d’exotisme européen. Depuis, les verreries ont abandonné les pilotis, les vénitiens fuient vers la banlieue et ce sont les yachts et leurs cargaisons de touristes plus ou moins fortunés qui noient la ville. En avance sur son temps, Venise a très tôt su exploiter la richesse de son passé pour s’ériger en capitale d’un tourisme romantique dopé par un patrimoine unique et désormais figé. En véritable musée à ciel ouvert, la ville ne produit plus sinon des services d’aide aux visiteurs tels que le déménagement d’hôtel en hôtel et les sérénades du bout de gondole.
Classique et pourvu de plans saisissants, "The Venice Syndrome" dresse un portrait marquant d’une ville sacrifiée au nom du sacro-saint tourisme, et de ses derniers habitants isolés, obstinés mais souvent contraints à l’exil. Selon certaines estimations, il ne devrait plus rester de vénitiens à Venise à l’horizon 2030. Demeurera le roucoulement des pigeons, seuls résistants sur la place Saint-Marc alors que la vente de verres Made In China bat son plein.

19.07 > 20:00
3,5€ / 2,5€


Mehmet Arikan & Nadia Bouferkas, 2012, FR, video, vo, 53

Un café tenu par un vieil homme seul, unique bâtiment se dressant à des centaines de mètres à la ronde. Devant la porte du café, un chaos de monticules de terre retournée et de béton éventré au marteau-piqueur, à perte de vue. Un bateau de briques échoué au milieu d’un désert, vision surréaliste de fin du monde.
Ce n’est pas une fiction, nous sommes dans le nord de Roubaix, jadis fer de lance de l’industrie textile, où pullulaient des cafés, bars et cinémas ouverts toute la journée et toute la nuit. Puis sont venus les délocalisations, la crise et le chômage, et après une période où la "zone de l’Union" n’était qu’un no man’s land, les investisseurs sont venus s’emparer du quartier en friche. Salah, lui, n’a jamais fermé son café, quitte à fixer sur les grilles de chantier une pancarte "Chez Salah ouvert même pendant les travaux".
Ce documentaire tourné par deux roubaisiens offre son lot de constats d’absurdités urbanistiques et de visions quasi-apocalyptiques d’un vieil homme submergé, encerclé, et finalement enterré littéralement par une "modernité" qui continue sa course sans lui.

19.07 > 22:00
2,5€


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