Considérés par leurs pairs comme des escrocs ou comme des génies visionnaires, les cousins israéliens Menahem Golan et Yoram Globus auront su marquer au fer rouge le mauvais goût typique des années ’80 et influencer d’une manière insoupçonnée le mastodonte Hollywood. Tels des Roger Corman sous stéroïdes, ils auront lancé la carrière de grands noms du cinéma de genre comme JCVD, Michael Dudikoff ou encore Sharon Stone, et relancer de vieux dinosaures sur la pente descendante, comme Chuck Norris ou Charles Bronson. L’idée était simple : produire un maximum de films et saturer le marché des vidéoclubs alors en pleine explosion. Scénario nanard (souvent inachevé au début de la production), tournage chaotique, testostérone et cabotinage subtil seront pour eux une marque de fabrique. Pompant allégrement dans les genres à la mode, le groupe se pervertira autant dans les films de ninjas que dans les comédies musicales ou les plagiats d’Indiana Jones. Mais aussi, et surtout, dans les films d’action reaganiens, la Cannon s’apparentant souvent à une branche cinématographique de la Maison Blanche, donnant dans la propagande néolibérale et exploitant allègrement les tensions sociales de l’époque. Grâce à une politique de production douteuse et ultra agressive, le groupe aura su, durant de brèves années, se hisser au même rang que les majors hollywoodiennes. Avant de se brûler les ailes avec “Over the Top” et “Masters of the Universe”... Malgré sa faillite, la marque de la Cannon est encore bien présente à Hollywood, où il n’est plus inhabituel de donner des proportions de blockbuster à des navets sans scénario, conçus avant tout par la division marketing des studios. 21 films Cannon sont à (re)découvrir pendant Offscreen, soit une infime partie de leur production colossale, une sélection du pire comme du meilleur, mais surtout du plus divertissant !
À noter que les films "Lifeforce" et "The Texas Chainsaw Massacre 2" de Tobe Hooper, présentés dans sa section, sont également des productions Cannon !