Les récentes affaires Wikileaks et l’espionnage de la NSA ne nous apprennent en réalité rien de nouveau. Les pratiques illégales de surveillance ne datent pas d’aujourd’hui. Seuls les méthodes et les outils changent.
États-Unis, 1972 : l’affaire du Watergate éclate. Elle provoquera la démission du président Richard Nixon deux ans plus tard. Ce scandale ainsi que la chute aux enfers de Nixon marquèrent au fer rouge la société américaine de l’époque. L’affaire du Watergate dévoila l’ampleur des systèmes d’écoute et de surveillance mis en place par le président. Un de ces systèmes secrets d’enregistrement avait été placé à l’intérieur de plusieurs pièces de la Maison Blanche. Ce sont des centaines de bandes magnétiques, qui représentent plusieurs milliers d’heures d’enregistrements, qui furent saisies par les enquêteurs du FBI. Ces fameuses "Watergate tapes" qui, depuis, ont été en partie rendues publiques, ont été le sujet de nombreux livres, études, documentaires et séries télé. Tout aurait donc déjà été dit, redit, analysé. Et bien non ! Voilà que très récemment ce sont des enregistrements d’un tout autre type qui viennent d’être exhumés : 500 bobines de films Super8 saisies par le FBI en même temps que d’autres documents. On apprend ainsi que trois des plus importants conseillers de Nixon étaient des cinéastes amateurs assidus. De 1969 à 1973, armés de leurs caméras Super8, H.R. Haldeman, John Ehrlichman et Dwight Chapin purent filmer librement ce qui se passait dans les coulisses de la Maison Blanche ou lors des déplacements de Richard Nixon à l’étranger. Des "films de famille" qui nous dévoilent des facettes insoupçonnées de l’administration et du cabinet présidentiel de l’époque. On ne manquera pas d’être étonnés par un côté très "golden boys", ainsi que des attitudes presque insouciantes, alors qu’on est en pleine Guerre Froide et que la guerre du Vietnam bat son plein. Réalisé à partir de ces films Super8, "Our Nixon" est un film de montage qui mélange également des extraits de "newsreels", les films d’actualité de l’époque. La bande son est constituée d’extraits des fameuses "Watergate tapes", d’interviews et autres types d’enregistrements sonores. "Our Nixon" ne nous fera découvrir rien de nouveau sur l’affaire du Watergate, si ce n’est l’ambiance délétère qui plombait la Maison Blanche. Le film ne propose non plus une relecture critique de la politique américaine de l’époque. L’intérêt du film se situe autre part. Il est presque de nature ethnographique. "Our Nixon" soulève un voile sur des moments privés de la vie d’un président. Des moments filmés de "l’intérieur", en toute simplicité et sincérité. Les media "people" n’existent pas encore à l’époque.
La réalisatrice Penny Lane signe ici un film de montage singulier, par moment cocasse, que certains auront défini comme une sorte de "Being John Malkovich" documentaire. Une plaisante plongée dans l’univers du pouvoir !