À 73 ans, Gisaburo Sugii est un véritable vétéran de l’animation japonaise. Dès ses 18 ans, il travaille déjà comme animateur sur "The Tale of the White Serpent", le premier film d’animation asiatique en couleur. Après une dizaine d’années passées en tant qu’assistant sur des classiques de la série télé comme "Astro Boy" ("Astro le petit robot") ou "Lupin III" ("Edgar de la cambriole"), il devient, à la fin des années 1960, animateur en chef sur une nouvelle vague de films d’animation pour adultes. "Belladonna of Sadness", adaptation kaléidoscopique hallucinée de "La Sorcière" de Jules Michelet, est l’une de ses plus importantes œuvres de l’époque. Donnant dans la tragédie et la sexualité sans fard, le film, présenté au Festival de Berlin, est aujourd’hui considéré comme un jalon artistique. Dans les années 1970, Sugii passe à la réalisation. En 1985, il signe "Night on the Galactic Railroad", un chef-d’œuvre considéré dans son pays comme l’un des plus grands classiques de l’animation, mais qui reste étrangement méconnu hors du Japon. Il enchaîne en 1987 avec son projet le plus ambitieux : "The Tale of Genji", l’adaptation d’un roman japonais millénaire, considéré comme le premier roman du monde, récit poétique des relations amoureuses d’un jeune aristocrate au château impérial.