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The Echoes of Jihlava

Pour la deuxième année consécutive, le Nova vous propose un voyage dans la petite ville de Jihlava, dans la région de Vysocina (République tchèque), en plein cœur des Sudètes. Et plus particulièrement au festival international de documentaire de Jihlava, un des grands du genre en Europe, où il règne une ambiance particulière et plutôt familiale, avec une vraie force : celle d’être un festival pour le public, plutôt que pour un parterre de professionnels blasés. Ainsi, quasiment chaque séance est remplie de Tchèques, jeunes ou moins jeunes, curieux de découvrir sujets étonnants et formes cinématographiques aventureuses.
Mélange d’humour et de pertinence, le festival propose quelques spécificités engageantes : le prix Opus Bonum (sélection internationale) décerné par un juré unique, souvent un réalisateur atypique (cette année : Craig Baldwin) qui doit choisir un vrai coup de cœur ; le prix Czech Joy (sélection tchèque), choisi entre autre par le gagnant de l’année précédente et un habitant de la ville ; le prix Fascinations (sélection expérimentale), attribué par une famille entière ; la compétition Between the Seas, présentant des films de l’Europe centrale et de l’Est ; l’accueil en ses murs du East Silver Market, le plus grand marché du documentaire est-européen, etc.
Comme l’an dernier, nous nous sommes rendus à Jihlava pour y découvrir de nouveaux films réalisés dans les pays de l’Est et ailleurs. Pendant cinq soirées, nous vous présenterons en avant-première belge quelques-uns des gagnants et de nos coups de cœur de l’édition 2013, en présence de plusieurs réalisateurs et d’une partie de l’équipe du festival.

31.01 + 01.02 + 02.02 + 03.02
En collaboration avec le festival de Jihlava, la région Vysocina et le Centre tchèque.

www.dokument-festival.com



Petr Hátle, 2013, CZ, video, vo st ang, 72

"The Great Night" nous emmène dans les travers de la nuit praguoise. Des portraits touchants d’ouvriers de la nuit, mêlés aux déboires d’hommes et de femmes plongés dans leur monde nocturne. Amour marchand, noctambulisme, machines à sous, histoire de vie brisée, désirs inassouvis... deviennent les outils d’une consommation humaine de troubles et de malheurs. Allant à la rencontre d’une culture de l’insomnie, Petr Hátle plonge le spectateur dans un sentiment d’insatisfaction humaine incessante. Voués à leurs pertes dans un infini désespoir, les personnages du film deviennent acteurs de leur propre vie. Sortir la tête des eaux profondes évoquerait la violence du papillon de nuit se brûlant les ailes à chaque source lumineuse, dès lors autant rester dans le monde de la nuit. Tourné dans une esthétique troublante de vérité, "The Great Night" renvoie à la solitude nocturne de chacun, dans un clair-obscur mouvementé.

- Suivi d’une rencontre avec Petr Hátle.
Prix Czech Joy (meilleur documentaire tchèque), 2012.

31.01 > 20:00
5€ / 3,5€ 7,5€ / 6€ (soirée / avond)


Gustavo Beck & Željka Suková, 2013, HR-DK-BR, video, vo st ang, 60

Quand un festival danois (CPH:Dox) crée un laboratoire dont le principe est de rassembler des réalisateurs qui ne se connaissent pas, sont à priori antagonistes et issus de différents pays, cela donne des résultats improbables et parfois très réussis… L’an dernier, nous avions ainsi projeté le très beau "She Sings", découvert à Jihlava. Cette année, nous n’avons pas résisté à la tentation de programmer "Winter/Miracle", un film (ou plutôt deux films en un) réalisé par la Croate Željka Suková et le Brésilien Gustavo Beck. Leur film, à la fois organique et constitué d’éléments disparates réunis en un montage étonnant, se vit par sensations. On pourrait le décrire comme un docu-fiction allégorique qui propose, de deux côtés opposés de la planète, une impression méditative et moderne des fêtes chrétiennes, tout en se faisant le témoin de la transformation de l’espace sacré et du message religieux de la fête. Une belle expérience de cinéma.

- Suivi d’une rencontre avec Željka Suková.
Prix Between the Seas (meilleur documentaire d’Europe centrale et de l’est), 2013.

+ Lecedra

Jivko Darakchiev , 2012, FR-BG, HD, vo st fr, 30

Ou le nom d’un tout petit village bulgare, d’où le réalisateur est originaire. Le film s’y laisse flotter, en voiture dans la neige, dans un repas en famille, auprès d’une chorale traditionnelle où on jette des poulets, dans une usine à cochons, ou dans l’observation d’un plongeon nu dans la neige. Jivko Darakchiev joue aussi, comme un étranger, avec les représentations du village, mélangeant imagerie municipale kitsch et musique traditionnelle authentique en les traitant de la même façon. La belle photographie, partagée avec Abel Kavanagh ("Labyrintho Verde"), les dispositifs variés et ludiques de la mise en scène renforcent ce film juste et fragile.

- Suivi d’une rencontre avec Jivko Darakchiev.
Sélection Between the Seas, 2013.

31.01 > 22:00
5€ / 3,5€ 7,5€ / 6€ (soirée / avond)


Et pour recréer un tant soit peu l’ambiance du festival, nous accueillerons DJ Mr Ultrafino, venu de Tchèquie et qui, comme son nom l’indique peut-être, trimbale dans sa musette des vinyles de jazz, soul, funk, essentiellement 60’s et 70’s et qui d’habitude s’en sort très bien pour faire danser les tchèques et les autres… alors pourquoi pas vous ?

31.01 > 24:00
Gratis


Robert Kirchhoff, 2013, SK-CZ, video, vo st ang, 100

En 1976, une étudiante en médecine est retrouvée noyée dans la rivière d’une petite ville slovaque. Sept hommes sont arrêtés et condamnés pour le viol et le meurtre de la jeune fille. Noyée vivante, celle-ci ne présente curieusement aucune trace de violence sur son corps. Et bien que les meurtriers passeront ensuite des années en prison, pas un seul d’entre eux n’a pu depuis lors se rappeler un détail de ce crime et tous clament qu’ils sont les victimes d’une terrible erreur judiciaire. Un certain nombre de témoins ont d’ailleurs confirmé l’innocence des condamnés, mais aucun d’entre eux n’a été entendu par le tribunal.
Au fil de ce thriller aux accents de "Twin Peaks", Robert Kirchhoff décortique le traitement judiciaire de cette affaire fortement médiatisée dans la Slovaquie communiste d’alors et la met en lumière sous un tout autre jour. Brillante étude de cas et magnifique leçon de documentaire d’investigation, "Normalization" est une sorte de version slovaque de "The Thin Blue Line", dépassant le cas de cette tragédie pour remettre en cause le système judiciaire d’un pays et les vérités officielles un peu vite décrétées. Un film démontrant l’importance de ne jamais abandonner.

- Suivi d’une rencontre avec Robert Kirchhoff.
Mention spéciale du jury Between the Seas (meilleur documentaire d’Europe centrale et de l’est), 2013.

01.02 > 19:00
5€ / 3,5€ 6€ / 5€ (soirée / avond)


Johanna Domke & Marouan Omara, 2013, EG-DE, video, vo st ang, 47

Fruit d’une collaboration entre deux jeunes cinéastes, l’une allemande et l’autre égyptien, "Crop" réussit le pari de raconter la révolution égyptienne de 2011 sans montrer aucune des photos qu’il mentionne, que se soit avant ou après la révolution. Et pourtant, "Crop" est entièrement tourné sur le site où ont été fabriquées ces images : le siège du journal d’État Égyptien Al Ahram, le plus grand journal gouvernemental du pays. Les voix-off de 19 photo-journalistes relatent 30 ans d’anecdotes sur la politique de censure imposée par Moubarak, Nasser et Sadate. Leur récit est ponctué de détails stupéfiants sur la façon dont ces anciens leaders contrôlaient leur propre image et celle de l’Égypte. Avec autant de maîtrise formelle que de lucidité sur la signification des cadrages, Johanna Domke et Marouan Omara invitent à réfléchir sur le pouvoir de l’image.

Sélection Opus Bonum, 2013.

+ Central Station Sofia

Alberto Iordanov, 2013, GB-BG, video, vo st ang, 13

Des oiseaux se disputent un morceau de pain. Une annonce passe à la radio. Personne à l’hôtel, une réceptionniste s’ennuie. Les cheminots mécontents sont interdits de regarder la télévision… La plus grande gare ferroviaire des Balkans a été construite à l’apogée de l’ère socialiste, mais aujourd’hui, c’est un endroit que beaucoup de gens essaient d’éviter et qui offre un portrait de l’état actuel d’un pays tout entier.

Sélection Short Joy, 2013.

01.02 > 22:00
3,5€ / 2,5€ 6€ / 5€ (soirée / avond)


Anja Salomonowitz, 2013, AT, video, vo st ang, 80

Ce documentaire très stylisé explore les difficultés rencontrées par les couples bi-nationaux en Autriche : parcours du combattant administratif, menace permanente d’expulsion, contrôles intempestifs… Autant de récits de femmes et d’hommes maintenus quotidiennement dans la peur par un système insensé, et devant se battre pour pouvoir simplement se marier, vivre leur amour ou élever leurs enfants ensemble. À la fois étrange et très efficace, "727 Days Without Karamo" mêle témoignages mis en scène, plans fixes où prédomine la couleur jaune, apartés face caméra, dialogues et scènes de la vie de tous les jours, lectures de lettres, commentaires personnels en voix-off… Avec beaucoup d’émotion et pas trop de pathos, cette collecte de situations intimes et d’histoires de couples, hétéros ou gays, montre la puissance de l’amour et plaide contre la rigidité du système d’immigration autrichien et contre toutes les politiques qui rendent impossible la vie des habitants venus des pays du Tiers-Monde.

Sélection Between the Seas, 2013.
Meilleur long métrage documentaire, Silver Eye Award 2013.

+ We are Mutants

Konrad Wakolbinger, 2013, AT, video, vo de st ang, 15

Offrant une vision peu rassurante de la Poste autrichienne au travers d’interviews d’employés tandis que défilent les images de bâtiments de ce service public en démolition, ce film livre une édifiante plongée froide dans un monde où le travail est réduit à une occupation, une fonction sociale étrange, où le chômeur technique, encore payé par l’employeur est vu comme un tire-au-flanc et en souffre. Un cas qui ne manque pas de faire écho à des situations familières dans nos contrées.

Sélection Short Joy, 2013.

02.02 > 19:00
5€ / 3,5€


Peter Snowdon, 2013, BE-GB, video, vo st ang, 78

Entièrement construit à partir d’images d’amateurs, les manifestants des printemps arabes, "The Uprising" retrace un an de révolutions, du Maghreb au Machrek.
Le film s’ouvre sur la déferlante d’un ouragan qui approche, semblant prêt à tout détruire sur son passage. C’est le commencement, sept jours avant le déclenchement. À travers un décompte portant sur une semaine, le cinéaste Peter Snowdon (qui a vécu en Égypte avant de s’installer à Bruxelles) imagine une révolution "inspirée de faits réels" : un véritable ultimatum vers un point de non retour. Scènes de liesse, de lynchage ; invasion du luxueux palais et de la piscine de Khadafi, libération d’une prison de Tripoli, réappropriation des locaux du quartier général de la Sécurité d’État Égyptienne, scène d’humour entre deux amis pendant une attaque en Syrie… Les peuples filment leur révolution et ces images sont plus incroyables les unes que les autres.
"Les populations ont conjointement développé une conscience aiguë de leur oppression et des moyens de la filmer et de la communiquer, permettant ainsi de véritables changements" (Craig Baldwin, jury de la section Opus Bonum).

- Suivi d’une rencontre avec Peter Snowdon et Bruno Tracq (producteur, monteur et co-scénariste).
Prix Opus Bonum (meilleur documentaire international), 2013.

07.02 > 20:00
5€ / 3,5€ 6€ / 5€ (soirée / avond)


Alexander Abaturov, 2013, RU-FR, video, vo st fr, 52

Atchinsk, 4.000 kilomètres de Moscou. Dans un foyer d’habitation, à l’extrémité de cette ville de Sibérie, les habitants se croisent dans l’escalier, peu enclins à parler de la campagne en cours pour l’élection du prochain président russe. Dehors, la ville vit au rythme du froid, seul le son de la radio se fait l’écho des manifestations anti-gouvernementales de la capitale.
Dans ce film mosaïque qui privilégie les fragments sur les portraits, les images d’une ville endormie se mêlent à celles de militants-salariés du parti de Poutine, Russie Unie. Autour d’un verre de vodka, Iouri, mercenaire politique à la solde de ce parti, explique froidement la mécanique du système. Les opposants sceptiques du régime prédisent eux aussi un résultat clair et sans surprise. Les larmes du vainqueur à la télévision seront la métaphore de l’artificialité de l’ensemble de ce processus électoral. Un documentaire sobre et captivant qui s’intéresse à la mentalité rurale déformée par la propagande gouvernementale, à la corruption et à la mise en scène de la vie démocratique quand elle devient théâtre…

Sélection Between the Seas, 2013.

07.02 > 22:00
3,5€ / 2,5€ 6€ / 5€ (soirée / avond)


Andran Abramjan, 2013, CZ, video, vo st ang, 40

Ce documentaire tchèque commente l’effondrement de la civilisation en quatre actes, par une exploration approfondie des questions transcendant nos sociétés.
Discussion avec des jeunes (et moins jeunes) qui vivent de façon alternative ; manifestation laïque (et un peu islamophobe), puis accrochage avec une journaliste sur la manipulation que font les médias des discours déviants ; Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, et sa copine en visite incognito à Prague... À travers des exemples pris dans la société tchèque, Andran Abramjan tente d’analyser l’excès et l’effondrement de nos sociétés. Chaque acte est entrecoupé de scènes de jeux d’enfants : balançoires, bac à sable... ; et révèle de façon amusante les problèmes complexes des transformations de la civilisation. Ces enfants innocents deviennent les métaphores des mécanismes sociaux complexes de puissance, de contrôle et d’asservissement.

- Suivi d’une rencontre avec Andran Abramjan.
Mention spéciale du jury Czech Joy (meilleur documentaire tchèque), 2013.

+ Sou

Tatsuto Kimura, 2012, JP, video, sans dial, 10

Dans ce film expérimental, l’animation image par image recrée "le temps géologique".
Construisant, déconstruisant les roches en processus accéléré et image fixe. "Sou" traverse les couches terrestres de millions d’années en quelques secondes.

Sélection Fascinations, 2013.

08.02 > 19:00
3,5€ / 2,5€ 6€ / 5€ (soirée / avond)


Massimo D’Anolfi & Martina Parenti, 2013, IT, video, vo st ang, 77

"Dark Matter" raconte un lieu de guerre en temps de paix. Le décor du film est le polygone de Salto di Quirra en Sardaigne, paysage pittoresque entre la mer et une chaîne de montagnes, un cadre naturel magnifique, apparemment vierge. Pourtant, depuis plus de cinquante ans, l’OTAN et le gouvernement italien s’y entraînent et essaient des armements militaires de toutes natures, entraînant désastre environnemental et dégâts irréversibles sur la santé des populations du polygone.
Cette enquête cinématographique de Massimo D’Anolfi et Martina Parenti rend visible ce qui ne peut être vu : à travers une approche visuelle rigoureuse, sans commentaire et interview explicatifs, "Dark Matter" explore ce lieu empoisonné. La mort d’une souris devant nos yeux, les images de l’agonie d’un veau déformé et le final "atomique" mettent en scène une guerre imaginée qui semble ne jamais devoir finir.

Sélection Opus Bonum, 2013.

08.02 > 21:00
5€ / 3,5€ 6€ / 5€ (soirée / avond)


squelettes/rubrique-3.html
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prog: 1960
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