Prima Nova

Pendant cinq années, le réalisateur Philippe Petit a filmé aux quatre coins du monde David Martelleur alias "Danger Dave", un skateur professionnel bruxellois. Filmé dans son intimité et ses performances, ce portrait désabusé et touchant tente de retracer la fin d’une carrière sportive. Épris de liberté et de perditions, le personnage principal nous prend à témoin des concours ratés, de la perte de ses sponsors, de la dégradation de ses performances physiques… La fin d’un sentiment de liberté sur la planche lié à une jeunesse perdue, suivi d’une gloire déchue. Portrait d’un athlète antihéros dans toute sa fragilité, "Danger Dave" pose la question de la longue reconversion d’une carrière révolue d’un rêve de skateboarder. Quel devenir sans passion ? Chute sans fin à la fois mentale et physique dans l’univers des rêves déchus, "Danger Dave" prend aux tripes.

Pellicule mythique aux révolutionnaires vertus colorantes, le Kodachrome naquit en 1935 et entraîna dans son sillage une meute de passionnés charmés par la grâce de ses couleurs uniques, hors du temps ; ou simplement par la présence unique, en son temps, de couleurs. Après son heure de gloire, ses chants et autres films, la pellicule entend résonner au loin le chant du cygne. Kodak annonce la chute définitive du couperet pour le 31 décembre 2010. Dès 2011, Dwayne’s, le dernier studio de développement, logé au fin fond des États-Unis, ne développera plus de films Kodachrome. En d’autres mots : la meute, toujours active, a jusqu’à l’ultime jour de 2010 pour rapporter ses précieux trésors et dignement honorer la fin d’une époque. Parmi eux, le collectif K-14, composé de quatre jeunes, prend la route vers cet ultime point de convergence pour un roadmovie introspectif peuplé de rencontres Kodachromiques, d’instants d’urgence et de moments intimes. L’une des dernières pellicules tournées à l’aide de cet unique film inversible s’offre à vous pour l’ultime chronique d’une mort annoncée.

Quand la mémoire s’échappe des esprits agités et des bobines incomprises, l’image demeure comme seul artefact disponible pour raviver la parole et enfin délier les souvenirs. Confrontée à la mémoire obstruée de la jeunesse universitaire congolaise face aux événements brutaux de l’aube des années 1970, Cécile Michel fait appel aux talents de peintre d’un jeune historien local pour révéler les contours de ce passé douloureux. Chaque coup de pinceau éveille l’intérêt. D’abord pour le peintre et la cinéaste, ensuite pour l’essence de leur démarche, enfin pour le sujet. La dynamique est lancée ; désormais, cette toile crée un espace de discussion riche, ouvert et multiple où l’on aborde, en vrac, les révoltes passées ou celles de la veille ; la vie sous Mobutu ou l’actuelle… Et la réalisatrice de densifier ces propos par l’apport de témoignages précis des rescapés de l’époque et d’autres traces de l’oubli organisé. Basé sur une idée colorée, "Les fantômes de Lovanium" c’est avant tout la naissance d’un forum populaire unique, par la mise en images de l’histoire.

Ayant quelques jours à tuer après un casting à Lausanne, Marie retourne dans sa région natale, la Vallée de la Loue en France. Elle y aide son père agriculteur à retrouver ses ânes, qui se sont une fois de plus échappés. Commence alors une quête burlesque-onirique où, au gré des rencontres, du contact avec la nature et d’un rêve de course-poursuite entre un Président de la République et la Police des frontières, Marie renoue avec cette terre et ces gens dont elle s’était éloignée. C’est autour de cette trame que se noue un voyage initiatique signé Lazare Gousseau, acteur et metteur-en-scène de théâtre dont c’est le premier film en tant que réalisateur… Un film de fiction, ce qui est assez rare à Prima Nova pour être souligné, d’autant que cette séance sera suivie par la projection d’une autre fiction, "Abracadabra".

Comme son nom l’indique, il y a bien un tour de magie dans ce film et vous devez le comprendre… Au moins à la fin. Avant vous êtes perdus pendant de longs moments dans des supputations chancelantes. Il y a bien un personnage plus paumé que nous et que nous suivons dans les locaux plutôt vides de la Poudrière. C’est dans ce bâtiment que nous allons nous perdre en conjecture. Un personnage donc, journaliste étrange, vivant peut être, ou revivant, et qui, attiré par une force étrange, pénètre dans un univers austère et énigmatique. Sans doute une recherche personnelle de l’auteure, qui a passé son enfance parmi les compagnons d’Emmaüs et qui est une familière de l’endroit. Un retour sur soi, sur son passé et son enfance, une mise en scène symbolique d’un temps révolu, qui cherche à se débarrasser de son propre poids. Ou bien un temps mort où le personnage se piège pour mieux échapper à ses fantômes et résoudre sa propre mort par le truchement d’un Abbé Pierre invisible, ange de l’Apocalypse qui réduira ses boucles névrotiques en extase alchimique.