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Katsu Kanai

Katsu Kanai est un cinéaste atypique et attachant qui mérite la découverte. Né en 1936, son parcours est parallèle à celui de bon nombre de réalisateurs japonais indépendants, mais il s’est toujours démarqué des courants qu’il a traversé par une véritable indépendance et une approche toujours décalée, ce qui rend son œuvre assez obscure et peu connue. Il a une longue carrière derrière lui, mais sa filmographie personnelle se résume à environ 6 heures de films !
Il débute comme cameraman pour les studios, puis continue sa carrière en free-lance. En 1968, il fonde sa propre compagnie pour produire, réaliser et diffuser sa "trilogie de la Voie lactée souriante" ("The Desert Archipelago" en 1969, "Good-bye" en 1971 et "The Kingdom" en 1973), trois films-manifestes de l’expérimentation cinématographique qui lui est propre. Il s’amuse à utiliser et bousculer les jeunes codes de la "nouvelle vague japonaise" et des courants artistiques tel que le théâtre de rue et la performance, déjà ancrés dans une mouvance sociale et stylistique de contestation. Il explore les sujets politiques "chauds" mais ajoute des couches de symbolisme et des détours qui brouillent les pistes et laissent le spectateur décontenancé. Kanai n’hésite pas à mêler sa propre vie à ses fictions et revendique de travailler avec son inconscient, ce qui garanti des développements narratifs surprenants et des images marquantes ! Sans oublier son goût du grotesque et son sens de l’humour décalé. Ses films sont riches, parfois confus et certainement indescriptibles ! Toujours est-il qu’ils laissent au spectateur une impression forte et que, 40 ans plus tard, ils étonnent encore.
Après sa trilogie, Kanai poursuit sa carrière comme producteur pour la télévision et réalise, à son propre compte, quelques courts métrages. Plus récemment, l’avènement de la vidéo et du montage sur ordinateur lui permet de fabriquer ses œuvres encore plus librement. Il se met en scène chez lui et réalise quelques petits films drôles et mystérieux dont nous présentons un exemple, "Super-Documentary : The Avant-Garde Senjutsu".

Nous avons le plaisir d’accueillir Katsu Kanai pour une soirée durant laquelle nous alternerons projections et moments de discussion.

En collaboration avec le Lausanne Underground Film Festival.

12.10 > 20:00

5€ / 3,5€ (soirée / avond)


The Desert Archipelago

無人列島 (Mujin rettō)

Katsu Kanai, 1969, JP, 35mm > video, vo st ang, 55

"L’Archipel désert" trace le parcours d’un homme qui traverse une allégorie de la société japonaise d’après-guerre et affronte ses traumatismes. Il faut lire dans ces mésaventures extravagantes les sentiments personnels de Kanai, qui dresse un portrait pessimiste de son époque.
Le personnage principal est un jeune homme tourmenté qui vit dans un monastère où il est opprimé par des nonnes sadiques. Quand il réussit à échapper à leur emprise, son combat commence véritablement. Il est seul face au monde et doit affronter une hostilité qui vient autant de l’extérieur que de l’intérieur. Son identité profonde resurgit systématiquement sous forme de progénitures qui le persécutent. Pour couronner le tout, il est poursuivit par une nonne vengeresse à mitraillette... Il rencontre quelques figures fabuleuses mais la société qu’il traverse est presque dénuée d’humains. Un désert émotionnel cauchemardesque sur lequel il n’a pas de prise, il ne rencontre que de l’indifférence ou de la violence, sa révolte est vouée à l’échec.
On ne tentera pas plus de décrire ce film qui, malgré une diffusion assez confidentielle, a suscité en son temps beaucoup d’intérêt au Japon et à l’étranger.



Katsu Kanai, 1971, JP, 16mm > video, vo st ang, 52

Avec "Good-bye", Kanai poursuit son expérimentation, tout en allant vers plus de sobriété formelle. Le film commence par un portrait drôle et cruel d’un jeune homme aphasique qui tente tant bien que mal de se procurer à manger. Il se retrouve propulsé en Corée suite à la rencontre d’une femme mystérieuse qui le fait explorer son passé. Le film bascule alors vers le cinéma-vérité, Kanai et son acteur parcourant les rues coréennes comme dans un documentaire, dévisagés par les badauds. Kanai en profite pour devenir un personnage de son propre film et se voit à son tour suivit par un photographe aux allures d’espion, qui semble s’intéresser particulièrement à lui. Le sujet se réoriente sur le passé du réalisateur qui aborde, à travers son histoire personnelle, les relations tendues entre le Japon et la Corée ainsi que leur histoire commune. La fiction se désintègre, Kanai se livre de plus en plus, jusqu’à un final déconcertant.



Super-Documentary : The Avant-Garde Senjutsu

スーパードキュメンタリー:前衛仙術 (Zenei senjutsu)

Katsu Kanai, 2003, JP, video, vo st ang, 33

Sentant la vieillesse venir et sachant qu’il lui est impossible de rivaliser avec les jeunes dans certains domaines, l’alter-ego de Kanai, Katsumaru, est décidé à ne pas se morfondre mais plutôt à développer des pouvoirs spéciaux adaptés au 21e siècle, tel un mystique d’avant-garde. Il nous explique sa théorie, s’entraîne jour et nuit et accomplit des miracles devant la caméra. Il nous présente aussi sa femme, apparue grâce à sa magie. Puisant ses forces dans la nature, il exerce ses pouvoirs sur son environnement. Oh, funky funky...



Concert

Junzo Suzuki

Musicien/chanteur/personnage de la scène psychédélique noise de Tokyo, avec un univers mélancolique-psychédélique typique de cette scène japonaise.
Une explosion de guitare fuzz et ballades d’un blues japonais pleines d’échos.

12.10 > 23:30
Gratis


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prog: 1848
pos: aval