Boules à facettes flottantes et illuminations arc-en-ciel, une salle de bal souterraine aperçoit le sage d’une cérémonie à venir se poser derrière le comptoir pour accueillir un nouvel instant de vie frétillant. Chaises placées, réserve d’alcool et musique balbutiante : place au dansant rituel. D’abord apparaissent les femmes. Apprêtées, elles confrontent une dernière fois leurs élégantes postures à l’impitoyable miroir avant le choc frontal de l’apparition masculine. Crinières en place, dents scintillantes et décolletés enivrants, ces dames se posent pour mirer la descente des hommes cibles du soir. Eux, maladroits, nobles ou cavaliers, s’en vont poser au bar, tâter le pouls de l’instant et admirer les proies consentantes. L’orchestre joue, les protagonistes sont installés, la salle est prête : que le bal soit ! Sauf que là où nous attendions l’avènement d’un bal, Ettore Scola nous en conte mille. Traçant son chemin au travers d’un demi-siècle d’histoire européenne, le bal s’impose, se métamorphose mais toujours se révèle comme le reflet d’une société en mouvement. Qu’il ondule sur de riantes vagues, qu’il résiste aux instants fascistes ou qu’il se relève pour recréer et révolutionner les temps futurs, le bal vit, préside au destin d’individus et dévoile les douces folies des hommes et du temps. C’est tout ça "Le bal" d’Ettore Scola : une ode sans retenue à la danse, à la folle résistance de la femme et de l’homme au silence, un envol voltigeant aux codes charmants. Suivez le sage et, après le film, dansez !