1976 : un ingénieur du son timide (interprété à merveille par Toby Jones) quitte son Angleterre natale pour travailler sur un film d’horreur à petit budget du genre giallo, dans un studio de post-production italien. Il y mixe des hurlements horrifiants et des effets sonores grotesques. Mais la violence à l’écran et l’ambiance lugubre font virer les enregistrements au cauchemar.
Depuis "Blow Out" de Brian De Palma, l’ingénieur du son - d’ordinaire discret - n’avait pas joué de rôle aussi central que dans ce film. Cet hommage ingénieux au giallo italien est un chef-d’œuvre claustrophobe qui fait la révérence au meilleur de Dario Argento et Mario Bava. Ce second long métrage de Strickland ("Katalin Varga") tire également son inspiration de David Lynch, des premiers films de Polanski ou de "Barton Fink", des frères Coen.
Le réalisateur, lui-même musicien, avait d’abord l’intention de faire un film sur les compositeurs et artistes d’avant-garde qui réalisaient les bandes originales des gialli ; le titre est d’ailleurs un clin d’œil à la chanteuse avant-gardiste Cathy Berberian. Au lieu d’en faire étalage, Strickland a préféré suggérer habilement le sang et le sexe propres à ce genre italien typique des années 70. Le caractère claustrophobe et le nombre restreint de pièces et d’espaces sollicitent davantage nos oreilles que nos yeux. L’accent visuel est majoritairement mis sur l’ancien matériel d’enregistrement et la multitude de fruits et de légumes réduits en purée et découpés en morceaux. Le reste de la musique est composé par les groupes Broadcast et Nurse with Wound.
En présence du réalisateur Peter Strickland et de l’artiste vocal belge Jean-Michel Van Schouwburg (interpretant ici "le Goblin").