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Miguel Gomes & co

Né en 1972 à Lisbonne, Miguel Gomes y fréquenta l’École supérieure de théâtre et de cinéma avant de s’essayer à la critique de cinéma dans la presse portugaise entre 1996 et 2000. Il réalisa son premier court métrage en 1999 et 5 autres dans les années suivantes. Il tourna en 2004 son premier long métrage, "La Gueule que tu mérites", puis "Ce cher mois d’août" en 2008 et "Tabu" en 2011.
"Avec leurs petits moyens de production, les films portugais ont en commun une liberté qui existe précisément car il n’y a pas la pression de l’argent", explique-t-il. Se disant fier d’appartenir au cinéma portugais d’Oliveira, de Monteiro ou de Costa, proclamant "Le fleuve" de Renoir comme son film préféré, il dit avoir été touché tout jeune par le désir de faire du cinéma en voyant "Les Aventuriers de l’arche perdue" et rêver de tourner un remake du "Magicien d’Oz".
Si aucun des films de Gomes ne se ressemble, tous sont empreints à la fois de mélancolie et d’euphorie, comme le "saudade". Tous recèlent d’humour, de générosité et d’inventivité, que ce soit dans le travail d’image, de son et dans la construction narrative. Tous cultivent un même goût pour le voyage, un même intérêt pour des thématiques sans fond (le temps qui passe, la fin des choses…), pour les petites histoires (qu’elles entretiennent ou non un rapport avec la grande Histoire) et pour la mémoire personnelle et collective.
Actuellement accaparé par la promotion de "Tabu" et par les cours qu’il donne au Fresnoy (France), il n’a que peu de temps à consacrer à ses projets. Il a donc délégué à son "Comité central" le soin de préparer son prochain film : "éplucher tous les journaux et en retenir les histoires les plus absurdes qui surviennent en ce moment au Portugal dans un contexte de crise et d’agitation sociale. Des histoires d’animaux, d’humains, de riches, de pauvres… L’idée est de s’en inspirer pour créer de petites fictions indépendantes. On va mener ce travail pendant un an, et tourner les histoires presque en direct chaque mois, avant de fabriquer le liant et l’ossature du film, qui mettra en scène Shéhérazade relatant ces histoires. Cela devrait composer ainsi un portrait très précis du Portugal à un moment très précis". Cela s’appellera "Les mille et une nuits"…

"Il faut bien écrire un scénario pour essayer de financer un film. Ce n’est pas très romantique, mais c’est toujours comme ça que ça se passe. Ensuite, pour différentes raisons, je finis immanquablement par ne pas tourner ce qui était écrit. Jusqu’ici, cela s’est bien passé, les films ont eu du succès, donc on ne m’a pas demandé de rendre l’argent. Je vais continuer à travailler de cette manière, c’est mon destin de faire des films dans un rapport très libre au scénario préalable, que je ne me sens pas tenu d’illustrer parce que ce n’est pas mon idée du cinéma. Ce que l’on met sur le papier n’est qu’un cocon, dont on ne sait encore à quoi ressemblera le papillon qui en sortira. Et c’est assez moche, un cocon, non ? Comme un scénario…"
— Miguel Gomes



Film

La gueule que tu mérites

A Cara que Mereces

Miguel Gomes, 2004, PT, 35mm, vo st fr, 108

À partir du dicton : "Jusqu’à 30 ans tu as la gueule que Dieu t’a donné, après tu as la gueule que tu mérites" ; ce film nous raconte sous forme de comédie musicale minimaliste, l’histoire d’un professeur de musique qui passe le cap de la trentaine. Le jour de son anniversaire est un désastre total. Déguisé en cow-boy, Francisco n’assume ni son âge, ni l’autorité et le recul qu’il est censé avoir face aux enfants dont il s’occupe à cette fête scolaire de la période de Carnaval. Des sentiments de gamin refusant de grandir, qui le rendent jaloux des enfants, éreintent sa compagne (pourtant déguisée en fée) et lui font finalement se sentir lui-même minable, jusqu’à l’épuisement puis la maladie. Commence alors la seconde partie du film, où notre prof est soigné dans une maison où vivent sept hommes, ce qui fait de lui une Blanche Neige moderne, allongée dans une chambre interdite. Ils s’inventent des règles, les suivent, les transgressent, mais devront faire en sorte que leur "patient" guérisse et mûrisse...
L’humour, le refuge dans les histoires, dans le passé, l’aspect "film en famille" ou du moins "film entre potes" imprègnent "La gueule que tu mérites" et soudent ses participants (qui, pour la plupart, retravailleront sur les films suivants de Gomes). On aperçoit même Carlotto Cota, le Ventura Flynnien de "Tabu", qui joue ici Texas, l’un des sept "nains".
Placé sous le signe de la mémoire, de la régression et de l’enfance, le premier long métrage de Gomes est déjà un jeu sur les codes et un mélange ludique de genres qui évolue hors de toute progression narrative conventionnelle. Serait-ce la première occasion de le voir sur grand écran en Belgique ? Pas sûr, mais en présence de Miguel Gomes et d’une partie de l’équipe, définitivement !

"Gomes parvient à donner un corps inédit et troublant à cette phase de crise en en faisant un terrain d’inventions, d’histoires, d’apparitions et de disparitions, de trésors et de secrets. (…) Cette plongée dépressive ne peut être une fin en soi, et le beau mouvement du film, c’est aussi d’entreprendre sa résorption en déréglant progressivement les mécanismes obscurs de son horlogerie. Le puits profond dans lequel on est tombé, telle une Alice au pays des merveilles, a un fond ; on nous y perd pour mieux nous y retrouver. Ce talent n’est pas du ressort du premier venu".
— Amélie Dubois, Les Inrockuptibles

- La séance du 11 janvier sera suivie d’une rencontre avec Miguel Gomes et Mariana Ricardo. Un ticket combi vous permet d’assister à toute la soirée (film + concert de Mariana Ricardo).

11.01 > 19:30 + 26.01 > 19:00 + 16.02 > 21:30
5€ / 3,5€ Combi > 10€ / 7,5€


Film

Ce cher mois d’août

Aquele Querido Mês de Agosto / Our Beloved Month of August

Miguel Gomes, 2008, PT, 35mm, vo st fr, 147

Suite au tournage avorté d’une fiction dans la région montagneuse d’Arganil, Gomes et son équipe ont ramené de leur périple une matière très riche qui leur a permis de réaliser un film fort éloigné du projet initial. Le synopsis pourrait ressembler à quelque chose comme : "les relations sentimentales entre un père, sa fille et son cousin, musiciens d’un groupe de musique de bal". Mais bien au-delà du singulier trio incestueux qui devait constituer l’intrigue initiale, Gomes a choisi d’ajouter les traces de sa longue quête d’acteurs, débusquant par là d’autres histoires et légendes miniatures qui emportent le spectateur dans la culture populaire du Portugal.
Ici, l’été décuple la population et les activités. Des touristes s’égarent, de nombreux locaux reviennent de leur exil urbain, tirent des feux d’artifice, contrôlent les incendies, font du karaoké, se jettent du pont, chassent le sanglier, boivent de la bière, font des enfants... D’une chanson à l’autre, de village en village, de paysage en paysage, c’est avec toute la patience et l’amour pour les bruits de la vie que nous arrivent les personnages et leurs récits. On y croisera renard, poules, garde forestier, chasseurs de sangliers, groupes d’animation de bals, musiciens, danseuses du ventre, animateurs de radios locales, mais aussi producteurs excédés, rôtisseur de porc, artificier, joueurs de clou, dessinateur de voitures de pompiers, habitués du Bar des Rosbifs à Coja, taxi en panne… et même des Belges en vacances.
Un mélodrame aux parfums de farce et de fêtes foraines, qui vous laissera en tête une musique d’été pour toute l’année.

"Une œuvre incandescente et bucolique, moderne et romantique, où le génie improvisateur de John Coltrane semble avoir donné rendez-vous à la fantaisie de la bande dessinée "Le Génie des alpages", de F’murr. En gros comme en détail, rien d’aussi stimulant ne s’est fait connaître au cinéma depuis Jacques Rozier".
— "Le Monde"

- La projection du 23 février sera suivie d’un bal. Un ticket combi vous permet d’assister à toute la soirée.

20.01 > 19:30 + 08.02 > 19:30 + 23.02 > 21:30
5€ / 3,5€


+ Entretanto [Meanwhile]

Miguel Gomes, 1999, PT, 35mm, vo st ang, 25

Parents et professeurs sont partis. En attendant, une fille et deux garçons ont formé un trio d’amour. Un équilibre instable, un trio trop proche du triangle…

+ Inventário de Natal [Christmas Inventory]

Miguel Gomes, 2000, PT, 35mm, vo st ang, 23

Le 25 décembre au milieu des années ’80. La famille se réunit dans la maison des grands-parents. Un faux documentaire et faux film d’animation sur des enfants qui vont à la guerre, jouent de la musique, etc.

+ 31

Miguel Gomes, 2001, PT, 35mm, vo st fr, 27

"C’est la manière de tenir la raquette pour jouer un coup droit. Déplacez juste votre bras en arrière, l’épaule gauche face à la balle, faites un pas en avant avec votre pied gauche, frappez la balle"…

+ Kalkitos

Miguel Gomes, 2002, PT, 35mm, vo st fr, 19

Un homme de 20 ans demande à des enfants s’il peut jouer au football avec eux. Jugé trop vieux par ceux-ci, il s’en va trouver un autre groupe… (Kalkitos est une marque de décalcomanies vendues au Portugal pendant les années ’80).

+ Pre Evolution Soccer’s One-Minute Dance After A Golden Goal in the Master League

Miguel Gomes, 2004, PT, video, sans dial, 1

Une variante espiègle du jeu de football sur Playstation. Un but. Une danse de joie. Aucune musique.

+ Cântico das criaturas [Canticle of All Creatures]

Miguel Gomes, 2006, PT, 35mm, vo st ang, 24

Un troubadour marche dans les rues de la ville natale de Saint-François d’Assise, interprétant la "Chanson des créatures", écrite par celui-ci durant l’hiver 1224. Réanimé par Sainte-Claire, Saint-François semble absent et ne se rappelle rien. Les animaux de la forêt se mettent à chanter en son honneur. Mais cet amour devient possessif, nourrissant un désir d’exclusivité que l’on appelle jalousie…

10.02 > 19:00 + 15.02 > 19:30
5€ / 3,5€


Concert

Mariana Ricardo

Mariana Ricardo est l’une des proches collaboratrices de Miguel Gomes. Compositrice de la musique de "La gueule que tu mérites", arrangeuse de chansons populaires, co-scénariste de "Ce cher mois d’août" et de "Tabu"… Elle est aussi actrice dans certains de ses films, et dans ceux de João Nicolau. Membre du "comité central" formé sur le tournage de "Tabu", elle est aussi une musicienne active au Portugal où elle collabore avec bon nombre d’artistes passionnants. Son projet "München" regroupe Bruno Duarte (chef déco sur "Tabu") et Nuno Pessoa, qui l’accompagneront ici, mais aussi Norberto et Manuel Lobo parmi tant d’autres dans ce groupe joyeusement tentaculaire et flottant. C’est dans une formule trio ukulele-basse-batterie qu’ils joueront en ce soir d’hiver, interprétant compositions originales et reprises en anglais et en portugais. Mariana profitera de cette formation intimiste pour raconter des histoires, créer des ambiances, illustrées par sa voix teintée d’humour doux et de saudade. Et qui sait, l’atmosphère se prêtera peut-être à des ré-interprétations de chansons de "Ce cher mois d’août"...
Nous profiterons aussi de la présence des trois comparses pour qu’ils nous fassent part de l’incroyable expérience collective que constituent les tournages de Miguel Gomes, avec qui ils introduiront les films.

- Un ticket combi vous permet d’assister à toute la soirée ("La gueule que tu mérites", rencontre avec Miguel Gomes, concert).

www.myspace.com/marianaricardo

11.01 > 23:00
7,5€ / 6€ Combi > 10€ / 7,5€


Concert

Norberto Lobo

Jeune guitariste lisboète remarqué, Norberto Lobo utilise sa guitare pour voyager.
Sa musique rend visite au nord de l’Amérique en s’arrêtant chez Jack Rose ou John Fahey, mais aussi à l’Amérique du Sud en mâtinant sa musique de samba et bossa nova qu’il connaît bien. Il n’en oublie pas pour autant la tradition guitaristique portugaise si particulière et vagabonde. Comme beaucoup de musiciens de sa génération, il a aussi longuement plongé dans l’histoire récente du jazz et de la musique improvisée et a pour habitude de collaborer avec des comparses venus d’un peu partout, notamment avec son ami João Lobo, batteur actif dans la scène musicale bruxelloise. Ensemble, ils forment Norman, groupe comprenant aussi Manuel Mesquita, qui joue le personnage clé de Mario dans "Tabu".
Norberto est aussi acteur dans "Canção de amor e saúde" de João Nicolau (qui lui, est monteur de certains courts métrages de Miguel Gomes, et du "Va et vient" de Monteiro) .
Il vient de sortir un troisième album solo, "Mel azul", dans la veine des deux précédents et tout aussi réussi. Ajoutons que la rumeur veut que Gary Lucas soit l’un de ses admirateurs et qu’il lui arrive d’interpréter Sun Ra seul avec sa guitare. Il montera sur la scène du Nova, pour faire tourner les satellites...

www.norbertolobo.bandcamp.com

18.01 > 22:00
7,5€ / 6€


Bal

Bailecito

Pour aller danser, avons-nous l’embarras du choix ? Le plan "salsa", sauce crémeuse ou qui dégouline ? Le plan "tango de salon", son élégance sérieuse, ses codes et sa retenue ? Ou encore le plan folk et ses efforts de remise au goût du jour de coutumes oubliées ? La boîte peut-être, aquarium sombre où les bancs de poissons en transe s’agitent au rythme de mouvements de boutons ?
Le bal des villes, au fil du temps, a pris de nombreuses formes. Mais finalement, est-il encore populaire ? Que reste-t-il du bal comme espace social ? Celui que nous vous proposons en prolongement de l’ambiance du film "Ce cher mois d’août" se veut d’abord une rencontre. Dialogues de corps venus de partout, de nulle part. Sur la piste, une liberté de bouger, sans concession. Un moment d’éphémère. L’orchestre Bailecito et ses danseurs nous baladerons du mambo au tango, de la milonga au merengue, en passant par la cumbia, la valse et le calypso.
Et qu’on se le dise : ce n’est qu’une première, puisque nous avons l’intention de développer le thème du bal et de son rôle social dans de prochaines programmations !

- Un ticket combi vous permet d’assister à toute la soirée ("Ce cher mois d’août" + bal).

23.02 > 24:00
7,5€ / 6€ Combi > 10€ / 7,5€


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prog: 1724
pos: aval