"Le bruit comme acte politique." Voilà le sujet que Guy-Marc Hinant et Dominique Lohlé avaient en tête en partant suivre les tribulations d’un polonais en Chine. Le polonais en question étant Zbigniew Karkowski, célèbre musicien noise, la Chine qu’ils explorent est underground. Les deux réalisateurs collectionnent les rencontres de musiciens depuis une dizaine d’années au sein de leur Observatoire des Musiques Électroniques (OME), lié au label Sub Rosa. C’est donc naturellement qu’ils sont attirés par ce contexte particulier : un pays au régime autoritaire dans lequel bouillonne une scène noise, imaginée par les deux belges comme un monde de subversion et de protestation. Pourtant, rapidement, ils doivent bien se faire une raison : les jeunes musiciens chinois qu’ils interrogent ne se retrouvent pas dans leurs questions. Le film prend là toute sa dimension. Les deux réalisateurs, assez désorientés, s’interrogent sur leur approche, alors que Karkowski s’impose en donneur de leçon : l’avant-garde doit être rebelle et si ce n’est pas de rébellion qu’il s’agit, tout ça n’est qu’une imitation sans âme de ce qui se fait ailleurs, par un troupeau de jeunes au cerveau bien lavé. Le film amène alors beaucoup de questions, sur la Chine, ces artistes, l’acte de création, leur liberté d’expression et leur (a)politisation. Mais aussi indirectement sur les visions que l’on se construit de loin et les choses qu’on ne voit peut-être pas chez soi. Avec toutes ces questions ouvertes, on se doute que l’aboutissement du film n’a pas dû être une mince affaire... Et ça promet une rencontre d’autant plus intéressante, après cette projection en marge de la programmation sur le punk.