"Boca do Lixo" signifie littéralement "la bouche des ordures", la "vidange" si vous préférez... Boca do Lixo, c’ est d’abord le surnom d’un quartier ouvrier au cœur de São Paulo, connu pour les activités criminelles et la prostitution qui y prennent place. C’est aussi là que s’établirent de jeunes réalisateurs, qui étaient dans le viseur de la Junte. Le quartier était à la fois leur QG et l’endroit où se trouvaient leurs studios. Ils y réalisaient des films afin d’exprimer les sentiments profonds de la société brésilienne, toujours avec des budgets microscopiques et des influences des cinéma de genre européens ou américains : horreur, western, film noir mais aussi porno. Le Brésil est un pays où le machisme est très présent et, en dépit du catholicisme conservateur ambiant, l’accent sera très souvent mis sur le côté sexy (et sexiste) des productions, poussé toujours plus loin. Peu de voix s’opposent ainsi à la diffusion de films sexistes et de pornochanchadas, les comédies porno locales...
"Boca do Lixo" devient rapidement le nom donné au courant cinématographique des anticonformistes, s’écartant du mélodrame classique des grands studios ou encore du mouvement "Cinema Novo", artistique et élitiste. Dans le meilleur des cas, cela donnait des films d’avant-garde mêlant subversion et exploitation, mais aussi ce qui fut appelé "Cinema Marginal", un corpus de films nihilistes en noir et blanc, parfois abstraits et dénonçant la pauvreté, inspirés du néoréalisme italien.
Nous vous présentons quatre films surprenants issus de ce mouvement, aussi populaire au Brésil qu’inconnu à l’étranger, en collaboration avec les festivals du film de Rotterdam, Open Doek et l’asbl Marcel.