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Taqwacore

Omar Majeed, 2009, CA, video, vo st fr, 87

Jeune blanc converti à l’Islam à 15 ans, Michael Muhammad Knight écrit "The Taqwacores" en 2003, un roman sur des groupes punk islamiques. Il y raconte la vie d’une colocation de punks à Buffalo, aux Etats-Unis. Tous sont musulmans pratiquants, mais le week-end ils rangent leur tapis de prière et organisent des soirées punk-rock. La parution du livre permettra à de jeunes punks musulmans américains de s’y reconnaître et de mieux définir leur identité. "Taqwacore" donne alors naissance à un mouvement musical.
Quelques années plus tard, pour partager ensemble leur musique et leurs croyances, Michael Muhammad et ses amis punks organisent une tournée dans l’ouest américain. On assiste alors a des concerts punks où des jeunes filles voilées reprennent les refrains en cœur, et où tout le monde "pogotte". En brisant certains interdits, par la pratique même de leur musique (femme qui chante, instrument à cordes électrique), les jeunes punks réalisent un affront direct aux idées même du culte musulman. "I want to fuck you during ramadan" ! Une audace qui surprend, justifiée par un affranchissement du culte : donner leur propre interprétation de ce qu’est l’Islam.
Parfois encensés, parfois censurés, ces jeunes tentent d’éveiller leurs pairs de tous âges et de toutes provenances à la possibilité d’une autre dévotion. Représenter une minorité, d’une minorité, d’une minorité : être jeune, punk et musulman. Ils se montrent prêts à tout pour s’imposer en public, ce qui donne lieu à des moments jubilatoires tel que le concert impromptu des Kominas, lors d’un rassemblement annuel de musulmans américains à Chicago, ou encore un concert final sur le toit d’un hôtel à Lahore au Pakistan.
Honnête, leur témoignage constitue bel et bien le document d’une naissance, avec ce que cela implique de recherche et d’éventuelles révélations. Cela suffit en soi pour distinguer "Taqwacore" de la mêlée des documentaires à sujet rock’n’roll, si souvent consacrés à la mythification d’un passé pas très lointain. Et pour légitimer sa réflexion provocante sur les questions de pratique religieuse, qu’il imbrique tout naturellement dans un ensemble bien vivant.
Si le personnage même de Michael Muhammad Knight est parfois dérangeant - dans sa culpabilité de jeune blanc né d’un père raciste, touché par Malcom X et converti à l’Islam -, sa volonté de créer un mouvement frais et honnête permet de cimenter cette envie de liberté de culte et de recherche du bonheur, tout en étant punk !

www.taqwacore.com

13.03 > 20:00 + 18.03 > 20:00 + 26.03 > 20:00 + 09.04 > 22:00
3,5€ / 2,5€


Armés de titres provocants comme "Suicide Bomb The Gap", "Sharia Law In The USA" ou encore "Rumi Was A Homo" (un protest song critiquant l’homophobie), les Kominas dénoncent le fondamentalisme religieux aussi bien que la psychose générale engendrée par les attentats du 11 septembre 2001.
- Les Inrocks, Julien Coquet

(Ces jeunes) aiment leur religion mais n’en font pas l’apologie. Ils ne sont pas comme les groupes de rock chrétien, dont le propos est essentiellement religieux. Je dirais plutôt que ce sont des musulmans qui font du punk, avec des chansons qui parlent d’eux, de leur confusion, du racisme dont ils sont victimes et de leur frustration à être tiraillés entre leur éducation religieuse et la culture américaine qui les entoure.
Ils prônent une troisième voie, libérée de tout discours dogmatique. Ce qu’ils disent en gros c’est : vous pouvez être musulmans sans faire partie de la secte. Vous n’êtes pas obligés d’écouter les mollahs, si ce qu’ils disent ne parle pas à votre cœur. Pratiquez votre religion comme vous le sentez. Vivez-la pleinement, avec vos contradictions. (...) Cette nouvelle génération essaie d’ouvrir les valves.

- Omar Majeed, réalisateur

À l’instar de l’idéal du mouvement punk, le documentaire Taqwacore constitue un pied de nez aux idées préconçues, aux traditions et à l’ordre établi des choses. Cependant, Michael Muhammad Knight souligne dans le film que toute forme d’expression artistique aurait pu faire l’affaire, du moment qu’il y a une remise en question et la reconnaissance de la complexité des êtres humains. (...) Il est donc primordial d’engendrer une prise de conscience de la pluralité des identités humaines. Le film "Taqwacore" se penche sur ces questions d’une manière allègrement novatrice. Ces jeunes ne sont pas seulement musulmans, mais également musiciens, membres de la scène taqwacore, nord-américains, etc.
- Lepanoptique.com, Marie-Hélène Brousseau



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