30.07 11.08.2010

PleinOPENair

C’est un véritable refrain, nul n’y échappe : c’est la crise, sous toutes ses facettes - financière, économique, sociale, environnementale et politique. Tout le monde est mis à contribution, y compris le PleinOPENair qui se limitera cette année à deux weekends. Ce n’est pas pour autant que nous avons décidé de courber l’échine et de rentrer dans un climat de déprime. Poursuivant son itinérance bruxelloise depuis 1998, de terrains vagues en espaces publics, de parcs en impasses, le PleinOPENair est bien décidé à s’attaquer au marasme ambiant et aux esprits anxiogènes qui minent notre époque. Un sursaut dans la torpeur estivale face à un agenda médiatico-politique qui ne cesse de mettre en avant la cancérisation des Bruxellois par le "sentiment d’insécurité" - particulièrement ces derniers mois, où Bruxelles a été dépeinte un temps comme une ville dangereuse. Un sentiment censé gouverner nos choix dans tous les domaines de notre vie et qui, trop vague pour être honnête, aide à faire avaler bien des couleuvres.

Le capitalisme et la énième crise qu’il traverse ne font qu’accroître les inégalités et la violence sociales, mais ce n’est pas pour autant que le regain de "sentiment d’insécurité" (qu’on prête un peu facilement à "l’opinion publique") porte prioritairement sur la petite délinquance. On le rappelle trop rarement : l’un des premiers facteurs du "sentiment d’insécurité" en ville, est la vitesse automobile. Si la peur d’un cambriolage ou d’une agression en rue n’est pas un sentiment à nier, la palette de "l’insécurité" est bien plus variée qu’on veut le dire. Il est des peurs qu’aucun dispositif de surveillance et qu’aucun agent des forces de l’ordre ne réglera... Celle de perdre son emploi, ses revenus de chômage, l’inquiétude de devoir quitter son logement, la crainte d’être stigmatisé en fonction de son origine, de sa condition sociale, de son sexe, de son appartenance à un quartier... L’angoisse de subir la discrimination à l’embauche, le délit de faciès ou l’expulsion du pays où l’on habite...

L’impasse que font les médias et les politiques sur la diversité des causes du "sentiment d’insécurité" permet l’adoption de mesures liberticides destinées à rassurer les "braves gens" et de contrôler et poursuivre les indésirables que sont les pauvres, les étrangers et autres déviants pour ne pas avoir à reconnaître les défaillances de l’Etat à répondre aux inégalités sociales galopantes. Autre avantage, elle peut redoper l’économie en faisant de la sécurité un nouveau marché où investir : technologies de surveillance, privatisation des prisons, création de nouveaux emplois de la sécurité, redéploiement d’une nouvelle architecture orwellienne...

En attendant, Bruxelles se transforme : certains quartiers vivants et populaires se voient qualifiés de "ghettos" et appliquer la tolérance zéro, les caméras de surveillance envahissent les espaces publics, de nouveaux portiques à l’entrée des stations de métro et des cartes à puce listant les trajets des passagers des transports en commun se généralisent, pendant que les classes moyennes quittent la ville, et que d’autres se réfugient dans des enclos pour riches… Le statut de Bruxelles Capitale de l’Europe nous est alors martelé comme la seule porte de sortie d’une ville de plus en plus duale.

Ainsi, cette programmation du PleinOPENair met en perspective quelques enjeux qui traversent Bruxelles autour de la question sécuritaire. Un programme qui pourrait donner une frousse bleue s’il n’était pas conçu pour prendre à revers les discours alarmistes et les images faites pour nous terroriser. Pas de panique : le PleinOPENair reste avant tout une manière agréable de se rencontrer, de sillonner la ville en découvrant films et concerts sous un ciel étoilé dans des cadres insolites.

Varia