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Amer & Giallo

Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2009, BE-FR, 35mm, vo st fr & nl, 90

Ana est confrontée au corps et au désir à trois moments clefs de sa vie. Sa quête charnelle voyage entre réalité et fantasmes colorés qui deviennent de plus en plus oppressants. Une main gantée de dentelle noire l’empêche de crier. Le vent soulève sa robe et caresse ses cuisses. Une lame de rasoir effleure son corps : trouvera-t-elle le plaisir au bout de son parcours chaotique et carnassier ?
"Amer" est structuré en trois actes distincts, trois étapes de la vie de son intrigante héroïne : l’enfance (les peurs infantiles, la mort du grand-père, une vieille domestique effrayante, une villa trop grande et froide, des parents déchirés), l’adolescence (l’éveil de la sexualité et du désir qu’une fille peut éveiller chez des mâles méditerranéens) et l’âge adulte (le retour sur les lieux de l’enfance). Une vie tourmentée, entre désirs, réalité et fantasmes...
Le tandem formé d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, deux jeunes cinéastes habitants à Bruxelles, signe ici son premier long métrage. Coproduction belgo-française à petit budget, "Amer" a été réalisé en suivant les préceptes de Dario Argento. Pour "L’oiseau au plumage de cristal", celui-ci avait voulu travailler uniquement avec des personnes dont c’était aussi le premier long métrage... "Faute de quoi tout le monde l’aurait emmerdé en essayant de lui imposer son point de vue" ! Il en a été de même avec l’équipe d’"Amer" (de la technique à la production), pour qui ce fut la première expérience du genre. Et pas n’importe laquelle...
"Amer" est une expérience sensorielle époustouflante, à l’univers sonore raffiné (notamment les choix musicaux, qui nous replongent dans l’ambiance angoissante des authentiques gialli), au travail visuel inventif et minutieux, à la photo somptueuse (en scope, s’il vous plaît !)... Le récit, tout aussi minimaliste que les dialogues, progresse par ellipses et laisse toute sa place à la force évocatrice de l’image. Les gros plans sont à fleur de peau, les regards pénétrants. On sent les caresses et les frissons, la séduction et la peur, l’érotisme et la mort.
A l’écran, sont convoqués le langage et les codes du gothique italien, du pinku-eiga ("cinéma rose" japonais) et bien sûr du giallo. Des figures de style qui font partie de la mémoire collective des spectateurs de cinéma, tant elles incarnent des fantasmes universels : un œil qui regarde à travers une serrure, une jeune femme sensuelle, une lame de rasoir qui caresse la peau, des ombres, des animaux, des gants de cuir noir... Mais "Amer" est plus qu’un exercice de style déroutant, plus qu’une déclaration d’amour à ces "sous-genres" qu’il revisite avec brio. C’est un film à part entière, réalisé par des mains expertes... gantées de noir.

Avec : Cassandra Forêt, Charlotte Eugène-Guibbaud, Marie Bos, Bianca Maria d’Amato, Harry Cleven... | Production : Anonymes Films (Belgique), Tobina Film (France). | Distribution : CNC.

www.amer-film.com

“Amer est un précis de décomposition du crime et du cinéma de crime sexuel, une sorte de Fragments d’un discours cinématographico-sadique. (...) La croyance dans le cinéma est encore loin de s’éteindre. C’est la bonne nouvelle de ce retour aux racines du cinéma d’horreur - qu’on en soit fan ou pas.” — Les Inrockuptibles, 01.03.2010

“Une œuvre fantastique dans son principe, son contenu et son style. (...) C’est une expérience hors norme, un voyage halluciné au pays de l’horreur et des fantasmes. On n’en ressort pas indemne.” — L’Humanité, 03.03.2010

Le 29.04, première en présence des réalisateurs et des acteurs belges du film.

29.04 > 20:00 + 30.04 > 22:00 + 01.05 > 20:00 + 01.05 > 22:00 + 02.05 > 18:00 + 02.05 > 22:00 + 07.05 > 20:00 + 08.05 > 22:00 + 09.05 > 18:00 + 09.05 > 22:00 + 13.05 > 22:00 + 14.05 > 20:00 + 15.05 > 22:00 + 16.05 > 20:00 + 21.05 > 20:00 + 22.05 > 20:00 + 23.05 > 16:00 + 23.05 > 22:00 + 27.05 > 22:00 + 29.05 > 22:00 + 30.05 > 20:00 + 03.06 > 22:00 + 04.06 > 20:00 + 05.06 > 22:00 + 06.06 > 20:00


Depuis une dizaine d’années, Hélène Cattet et Bruno Forzani font le bonheur des fans de giallo et de cinéma bis, écumant les festivals internationaux avec des courts métrages pour la plupart bricolés à la maison. Avant de tourner "Amer", c’est plusieurs "mini gialli" qu’ils ont réalisé en duo, traitant de sujets comme l’autodestruction ou les relations de couples... Cinq variations expérimentales autour d’un genre.

+ Catharsis

Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2001, BE, 35mm, sans dial, 3

Quand la création de doubles devient un acte cathartique, exutoire, libérateur...

+ Chambre jaune

Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2002, BE, 35mm, sans dial, 8

Entre plaisir et peur, une chorégraphie stressante entre une lame, un corps et du cuir. Ou quand une histoire d’amour tourne au jaune...

+ La fin de notre amour

Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2003, BE, 35mm, sans dial, 9

Les traces charnelles d’un amour perdu. Ou comment un couple se déchire... littéralement.

+ L’étrange portrait de la dame en jaune

Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2004, BE, 35mm, sans dial, 5

Les dernières irisations d’une femme en verre... Un film conçu comme une performance-giallo en un plan-séquence.

+ Santos Palace

Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2006, BE, 35mm, vo fr , 15

Café Santos Palace, Bruxelles, neuf heures du matin. La serveuse sert son premier café... Un film tourné dans la veine du western italien.

Projection en présence d’Hélène Cattet & Bruno Forzani... et suivie d’un film surprise.

28.05 > 20:00


En France, il y a la Série Noire. "La Noire" pour les affranchis. En Italie, on dit "giallo" car telle est la couleur des couvertures des romans policiers : jaune ! Et ce depuis 1929, lorsque l’éditeur milanais Mondadori lança la publication de ces récits de mystères et d’investigations, dans la foulée d’écrivains anglo-saxons héritiers d’Edgar Poe et Arthur Conan Doyle.
Dans le cinéma d’exploitation italien, le giallo est une émanation du genre policier, à la mise en scène stylisée, voire opératique. Il maestro Mario Bava verse le premier sang dans "La Ragazza che sapeva troppo" ("La fille qui en savait trop", 1963) puis dans "Sei donne per l’assassino" ("Six femmes pour l’assassin", 1964). Jeunes femmes sous tension, assassins aux gants de cuir noir, éclairages diaprés, meurtres hyperboliques : les dés sont jetés. Dès lors, le giallo va divulguer son venin durant une quinzaine d’années. Des cinéastes comme Dario Argento, Sergio Martino ou Lucio Fulci rivalisent d’audaces visuelles et soumettent le public à une série d’électrochocs cruels ou sensuels. Les titres de leurs films, dans les traductions italiennes du moins, sonnent comme des sortilèges : "L’Uccello dalle piume di cristallo" ("L’oiseau au plumage de cristal"), "Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave" ("Ton vice est une porte close dont moi seul possède la clé"), "Una lucertola con la pelle di donna" ("Un lézard à la peau de femme"). Le giallo résiste à la conformité et contamine d’autres genres comme le mélo, le fantastique gothique, voire le drame social. Ses armes ? Tranchantes. Ses intrigues ? Tortueuses. Son design ? Souvent pop, époque oblige. Et sa botte secrète ? Freud ! La grande spécificité du giallo est de servir de réceptacle aux plus troublantes pulsions de l’inconscient : voyeurisme, sado-masochisme, fétichisme, exhibitionnisme. Pendant une large décennie, le cinéma italien va donc se livrer à une séance de psychanalyse impudique qui débute par des soupirs et se clôt dans un râle ultime. A l’écran, des reines noires comme Edwige Fenech ou Florinda Bolkan dérèglent la libido de playboys grisonnants et le meurtre libérateur se transmute en rituel amoureux où le rasoir sépare à vif Eros de Thanatos. Au passage, Ennio Morricone en profite même pour composer ses musiques les plus risquées.
Près de 20 ans après sa disparition effective, le giallo compte toujours quelques chefs d’œuvre inoxydables ("Profondo rosso" de Dario Argento), pas mal de performances fascinantes (le godardien "La mort a pondu un oeuf" de Giulio Questi), beaucoup de bouffonneries aussi, où le mobile et le modus operandi des tueurs laissent songeur.
Mais surtout d’indéfectibles adorateurs qui savent encore reconnaître sa griffe visuelle en moins de trois plans. Car le giallo n’est pas un genre, c’est un style unique. Hautement neurotoxique.

— François Cognard, Tobina Film (coproducteur d’"Amer").

A l’occasion de la sortie d’"Amer", le Nova vous propose de vous plonger dans l’univers du giallo à travers trois films...



Sei donne per l’assassino

Blood and Black Lace

Mario Bava, 1964, FR-IT-DE, 35mn, vo ang , 87

Dans un magasin de confection de vêtements d’une modiste respectable, plane une ambiance bien malsaine depuis que l’une des modèles a été retrouvée assassinée. Cahiers intimes convoités, un amant caché... huis-clos : angoisse ! Le cercle se referme et pourtant le mystère plane toujours. Directeur de la photographie sur les films de réalisateurs tels que Roberto Rossellini, G. W. Pabst, Raoul Walsh... Mario Bava est l’un des grands maîtres du film érotique et à suspense. Avec "Sei donne per l’assassino" il est dans une de ses meilleures périodes et ouvre la voie au slasher (film de genre, où les femmes sont soumises à des violences). "Sei donne per l’assassino" est aussi un film clé dans la filmographie de Bava, où celui-ci accentue la place de la "grosse machine à tuer". Cependant, les couleurs de l’image et le soin des cadrages donnent au film sa consistance particulière, guidant sa lecture vers d’autres sphères, culturellement et politiquement engagées.

16.05 > 22:00 + 04.06 > 22:00


L’Uccello dalle piume di cristallo

The Bird with the Crystal Plumage

Dario Argento, 1970, IT-DE, 35mm, vt ang st fr, 100

Sam Dalmas, un écrivain américain vivant à Rome, s’apprête à rentrer dans son pays avec sa petite amie. Un soir, il est le témoin d’une agression sauvage : dans une galerie d’art moderne, une jeune femme est poignardée sous ses yeux par un maniaque qui parvient à s’échapper avant l’arrivée de la police. L’inspecteur Morosini explique à Sam qu’il s’agit d’un tueur en série qui terrorise Rome en s’attaquant à des femmes isolées...
Premier film de Dario Argento et premier épisode de sa trilogie animale (avant "Le chat à neuf queues" et "Quatre mouches de velours gris"), "L’oiseau au plumage de cristal" est aussi l’un des premiers gialli après les films fondateurs de Mario Bava : "La fille qui en savait trop" et "Six femmes pour l’assassin"... dont il s’inspira (tout en imprimant un style très personnel) et qu’il dépassa de loin au box office. Mis en musique par Ennio Morricone, il reste aujourd’hui encore l’un des films les plus emblématiques du genre.

22.05 > 22:00 + 05.06 > 20:00


Macchie Solari

Autopsy

Armando Crispino, 1975, IT, 35mm, vo st fr & nl, 100

Rome est secouée par une vague de suicides sans précédent. Simona Sanna, une jeune médecin légiste interprétée par Mimsy Farmer, analyse avec circonspection les cadavres des récents suicidés. Elle est victime d’hallucinations dans lesquelles les corps se réveillent à la morgue. Sa santé mentale défaille. Un prêtre, venu pour identifier sa soeur, est persuadé que celle-ci est victime d’un meurtre déguisé. Tous deux commencent à enquêter et découvrent beaucoup d’autres meurtres maquillés en suicides... Par ailleurs, Simona est tiraillée entre deux hommes dont l’un lui veut du bien et l’autre du mal. Reste à savoir lequel...
Armando Crispino propose un giallo décalé où abondent les scènes terrifiantes et les effets de caméra. Années 1970 obligent, l’aspect érotico-psychanalytique est très poussé et amène une série de situations originales et malsaines, donnant au film son ton particulier. Pour les curieux, c’est peut-être aussi le film dans lequel la musique d’Ennio Morricone est la moins remarquable...

28.05 > 22:00 + 06.06 > 22:00


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