Jess Franco (1930, Madrid), le roi du zoom et de l’érotique-sordide, l’homme aux deux cents films, peut sans doute prétendre au titre de réalisateur le plus productif et le plus controversé de tous les temps. Son premier amour était pourtant la musique, surtout le Jazz. Cela explique non seulement les bandes son étonnantes et soignées de la plupart de ses films, mais aussi une certaine approche du langage cinématographique. Voir son premier Jess Franco peut être une expérience démystifiante. C’est avec le temps et avec persévérance qu’on découvre les charmes de sa filmographie. Il construit ses films avec résolution, allant à l’encontre des normes établies, sur un tempo particulier qui garanti une atmosphère hallucinante, laissant parfois perplexe, mais où tout se tient dans un équilibre étrange. Il suffit de se laisser guider par les mouvements fiévreux du zoom, qui souligne "l’essentiel"... On est tenté de qualifier son cinéma de mauvais, ou au moins de mauvais goût, mais après quelques films on prend conscience que Franco est un anarchiste du cinéma qui défini son propre monde sans lois. Ses films sont des Jam sessions, pleines de solos, où les possibilités du médium sont poussées au plus loin. Qu’il arrive la plupart du temps à construire son univers à coup de tétons endurcis et de paires de fesses est plutôt amusant.
Son aversion pour l’hypocrisie et son amour de l’érotique l’ont amené, dans les années soixante, à explorer un cinéma repoussant les limites, dans lequel il a pu donner libre cours à son voyeurisme. Cela s’est traduit, dans un premier temps, par une fascination pour les spectacles de striptease "kinky", puis, dès les années septante, quand la culture cinématographique est devenue un peu plus permissive, par une attention particulière donnée aux parties intimes de ses actrices. Sa muse Lina Romay peut ainsi se targuer d’avoir, sans doute, la vulve la mieux documentée de monde... Sa productivité folle est fascinante, tout comme son indomptable soif de liberté artistique, qui signifie malheureusement qu’il doit souvent travailler avec des budgets minimalistes. Malgré cela, le maître du Z poursuit dans sa vision fascinante et continue de réaliser des films avec un enthousiasme effréné et un grand amour du travail.
Toutes les séances seront introduites par Jess Franco et Lina Romay.